1.1 EVOLUTION DES LIBÉRALITÉS DÉCLARÉES
1.1.1 EVOLUTION DU NOMBRE ET DU MONTANT TOTAL DES LIBÉRALITÉS DÉCLARÉES
FIGURE III-1
Données brutes: Bureau fédéral du Plan & Service Public Fédéral Finances ; Calculs: Denis Mercier.
TABLEAU III-1
Commençons cette analyse du marché belge du don en nous intéressant à l’évolution du nombre de libéralités déclarées par les contribuables belges et à l’évolution du montant total de ces libéralités entre l’exercice d’imposition de 1986 et celui de 2010. Les années affichées sur l’abscisse de la Figure III-1 font référence à la période imposable – qui survient une année avant l’exercice d’imposition lui correspondant.
Le montant total des libéralités déclarées a fortement augmenté entre 1986 et 1992, pour ensuite connaître une période de relative stagnation jusque 2002, un regain de croissance entre 2002 et 2005 et une décroissance importante de 2005 à 2009.
On observe, entre 1985 et 2009, 2 maxima locaux du montant total des libéralités déclarées par les contribuables belges : un premier en 1999 et un second en 2005.
Le pic de 1999 peut potentiellement être expliqué par la médiatisation des difficultés auxquelles a fait face la population Kosovare suite à la guerre ayant éclaté au sein de son pays ; la sensibilisation de la population belge à cette cause peut avoir provoqué une augmentation du montant total des libéralités déclarées par les contribuables.
Le pic de 2005 est probablement dû au regain de générosité enregistré en Belgique en réaction au tsunami ayant eu lieu le 24 décembre 2004 dans l’océan indien. Ces deux maxima du montant total des libéralités déclarées coïncident avec des maxima du nombre de libéralités déclarées ; les deux catastrophes susmentionnées ont donc provoqué une augmentation du nombre de dons déclarés par les contribuables belges.
Notons la chute importante du montant des dons entre 2008 et 2009 ; celle-ci s’explique certainement par la crise financière ayant débuté en 2007 aux Etats-Unis. Le nombre de libéralités déclarées augmente entre 2008 et 2009 mais le montant total de celles-ci diminue ; les belges ont donc déclaré plus de libéralités durant cette période mais les montants de ces libéralités étaient proportionnellement inférieurs aux montants enregistrés durant la période précédente.
On perçoit aisément que la courbe du montant total des libéralités et la courbe de libéralités en unités évoluent de manière semblable entre 1985 et 2008. Le calcul du coefficient de corrélation de Pearson – relaté dans le Tableau III-1 – nous permet d’ailleurs d’affirmer – avec un risque de se tromper inférieur à 1% – qu’il existe un lien linéaire significatif entre le montant total des libéralités déclarées et le nombre de libéralités déclarées en unités entre 1985 et 2009. Le coefficient de corrélation entre les deux variables précitées s’élève à 0,89214.
On peut donc avancer que l’augmentation globale du montant total des libéralités déclarées en Belgique entre 1985 et 2007 résulte plutôt d’une augmentation du nombre de libéralités déclarées que d’une augmentation du montant moyen de ces dernières. En effet, lorsque le nombre de libéralités déclarées augmente, le montant total des libéralités déclarées augmente de manière relativement proportionnelle.
Il y aurait donc en Belgique une tendance à l’augmentation du nombre de donateurs – ou à l’augmentation du nombre de dons déclarés par chaque donateur – plutôt qu’une tendance à l’augmentation du montant moyen des dons réalisés.
Cette information peut s’avérer d’un intérêt majeur pour les organisations philanthropiques dont les moyens financiers dépendent – en tout ou en partie – de dons réalisés par des particuliers. Elles devraient, lorsqu’elles tentent de réaliser des prévisions de revenus, plutôt plancher sur une augmentation du nombre de dons qui leur sont faits que sur une augmentation du montant des dons réalisés par leurs donateurs réguliers.
1.1.2 RAPPORT ENTRE LE MONTANT DES LIBÉRALITÉS DÉCLARÉES ET LE MONTANT DES DONS DES MÉNAGES
FIGURE III-2
Données brutes: Bureau fédéral du Plan, Service Public Fédéral Finances, Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: Denis Mercier.
Nous avons commencé notre analyse en nous basant sur les libéralités déclarées par les contribuables belges. Il est important de nuancer les résultats obtenus ci-avant ; les libéralités déclarées ne représentent qu’une partie des dons en argent réalisés par les citoyens belges. De nombreux dons ne font pas l’objet d’une déclaration fiscale.
La Figure III-2 nous permet de comparer le montant total des libéralités déclarées au montant total des dons réalisés par les ménages belges. Le rapport entre le montant des libéralités déclarées et les dons totaux des ménages fluctue entre 38% et 58% entre 1999 et 2009.
La part non déclarée fiscalement du montant total des dons réalisés par les citoyens belges oscille donc entre 42% et 62% pour la période qui s’étend de 1999 à 2009. Une part importante des dons n’est pas déclarée par les contribuables ; les organisations philanthropiques ont donc l’opportunité de motiver les gens à donner en insistant sur les avantages fiscaux dont ils peuvent bénéficier par après.
On peut noter la valeur relativement faible du rapport – 38% – au cours de l’année 2006. Cette faible valeur peut hypothétiquement être expliquée par le Tsunami, suite auquel – nous en avons fait l’hypothèse plus tôt – de nombreux citoyens ont décidé de faire un don. Beaucoup de ces dons n’ont par la suite certainement pas donné lieu à une déduction fiscale ; soit parce qu’ils étaient inférieurs à 30 euros – montant minimum requis durant la période imposable de 2006 pour pouvoir bénéficier d’une déduction fiscale –, soit parce que la déductibilité n’a pas été pas été activée par des donateurs peu habitués à donner, et donc non conscients de l’avantage fiscal pouvant être obtenu.
1.2 EVOLUTION DU NOMBRE DE DONS ET DU NOMBRE DE MÉNAGES DONATEURS
1.2.1 COMPARAISON ENTRE L’ÉVOLUTION DE LA PROPORTION DE MÉNAGES DONATEURS ET L’ÉVOLUTION DU NOMBRE DE LIBÉRALITÉS DÉCLARÉES
FIGURE III-3
Données brutes: SPF Finances & Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: Denis Mercier.
TABLEAU III-2
Comme on peut l’observe sur la Figure III-3 La proportion de ménages donateurs en Belgique est relativement stable ; elle fluctue – pour la période qui s’étend de 1999 à 2010 – entre 15,4% et 20,3%.
L’évolution de cet indice est décroissante de 1999 à 2002 et globalement croissante de 2004 à 2010. Cette tendance décroissante suivie d’une tendance croissante est semblable à la tendance suivie par l’évolution du nombre de libéralités déclarées.
Le pourcentage de ménages donateurs et le nombre de libéralités déclarées sont – comme le montre le tableau Tableau III-2 – corrélés ; le calcul du coefficient de Pearson nous amène à conclure – avec un risque de 5% de se tromper – qu’il existe un lien linéaire significatif entre les deux variables précitées. Le coefficient de corrélation qui les lie a une valeur de 0.6284 – ce qui correspond à un indice relativement élevé.
Notons cependant que les deux courbes de la Figure III-2 n’évoluent pas exactement de la même manière, on n’observe pas une proportionnalité directe entre les deux variables.
On constate, par exemple, une augmentation du nombre de libéralités déclarées de 2000 à 2001, de 2003 à 2004, de 2006 à 2007, et de 2008 à 2009, alors que le pourcentage de ménages donateurs décroît durant ces mêmes périodes. Ceci s’explique par le fait qu’un même contribuable peut déclarer plusieurs libéralités au cours d’une même période imposable ; de ce fait, une augmentation du nombre de libéralités n’est pas forcément seulement expliquée par un accroissement du nombre de donateurs.
On observe, en 2005 – années suivant le Tsunami dans l’océan Indien – une augmentation du nombre de libéralités déclarées proportionnellement plus importante que l’augmentation du pourcentage de ménages donateurs. On peut donc avancer l’hypothèse selon laquelle l’augmentation du nombre de dons au cours de cette année résulte, d’une part, de l’augmentation du nombre de ménages donateurs et, d’autre part, de l’accroissement du nombre de dons effectués par les ménages qui donnaient déjà au cours de l’année précédente.
En moyenne, pour la période étudiée, moins d’un ménage belge sur cinq effectue des dons en argent au profit d’organisations philanthropiques ; le marché est donc loin d’être saturé, il existe encore de nombreuses opportunités de développement pour les organisations qui font de la récolte de fonds. Le marché a connu une croissance relativement stable entre 2004 et 2010, les organisations en présence doivent continuer sur cette lancée et convaincre les ménages qui ne font pas de dons de la nécessité de leur soutien.
1.2.2 PROPORTION DE MÉNAGES DONATEURS PAR RÉGION
FIGURE III-4
Données brutes: Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: Denis Mercier.
La proportion des ménages donateurs varie, comme on le voit sur la Figure III-4, en fonction des régions. C’est en Flandre qu’on retrouve le pourcentage de ménages donateurs le plus important, avec une moyenne de 19,54% par an pour la période qui s’étend de 1999 à 2010. La Wallonie et Bruxelles comptent proportionnellement moins de ménages donateurs ; les moyennes de ces deux régions – respectivement 16,55% et 15,64% – sont en-dessous de la moyenne nationale – 18,15% – pour la période étudiée.
Cependant, la proportion de ménage donateurs fluctue, dans chaque région, d’une année à l’autre. Les écarts-types des indices précités pour Bruxelles, la Flandre et la Wallonie sont respectivement de 1.48%, 2.01% et 1.32% ; il est donc intéressant d’observer l’évolution annuelle du pourcentage de ménages donateurs.
1.2.3 EVOLUTION DE LA PROPORTION DE MÉNAGES DONATEURS PAR RÉGION
FIGURE III-5
Données brutes: Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: Denis Mercier.
Comme on peut le voir sur la Figure III-5, pour chaque année entre 1999 et 2010, la proportion de ménages donateurs est plus importante en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles.
Le pourcentage de ménages donateurs évolue de manière semblable et Flandre et en Wallonie ; la forme des courbes pour ces deux régions est calquée sur la courbe de l’évolution du pourcentage de ménages donateurs en Belgique que nous avons pu observer plus tôt.(2)
La proportion de ménages donateurs à Bruxelles évolue, par contre, de manière quelque peu différente ; de 1999 à 2000 le pourcentage de ménages qui font des dons croît à Bruxelles alors qu’il décroît dans les deux autres régions du pays et de 2007 à 2008 ce même pourcentage décroît fortement à Bruxelles alors qu’il croît en Flandre et en Wallonie.
Notons enfin que la proportion de ménage donateurs en Wallonie n’est pas toujours supérieure à celle observable à Bruxelles ; en 1999, 2000, 2004 et 2007 on retrouve proportionnellement plus de ménages donateurs en région bruxelloise qu’en Wallonie.
1.3 EVOLUTION DU MARCHÉ EN VALEUR
1.3.1 EVOLUTION DU MONTANT MOYEN DES LIBÉRALITÉS DÉCLARÉES
FIGURE III-6
Données brutes: Bureau fédéral du Plan & Service Public Fédéral Finances; Calculs: Denis Mercier.
Nous avons, au début de cette analyse, émis l’hypothèse selon laquelle l’augmentation globale du montant total des libéralités déclarées en Belgique entre 1985 et 2008 résultait d’une augmentation du nombre de libéralités déclarées plutôt que d’une augmentation du montant moyen de ces dernières.(3)
La Figure III-6 nous permet de confirmer cette hypothèse ; la trajectoire décroissante de la courbe de l’évolution du montant moyen des libéralités déclarées cautionne l’explication selon laquelle l’augmentation du montant total des dons déclarés ne s’explique pas par une augmentation du montant moyen par libéralité.
Les libéralités déclarées sont donc de plus en plus nombreuses mais le montant moyen de celles-ci a tendance à baisser. Ceci peut être dû à une modification du comportement des donateurs, qui tendent à multiplier leurs dons mais en versant des sommes plus modestes.
1.3.2 EVOLUTION DU MONTANT DU DON MOYEN ANNUEL DES MÉNAGES DONATEURS
FIGURE III-7
Données brutes: Bureau fédéral du Plan, Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: D. Mercier.
La tendance générale de l’évolution du montant moyen annuel des dons des ménages donateurs belges entre 1999 et 2010 est, comme le montre la Figure III-7, décroissante.
L’indice élevé de 1999 peut potentiellement être expliqué par l’accroissement de la générosité des belges pour venir en aide aux victimes de la guerre du Kosovo ; les ménages donateurs auraient, en plus de leurs dons usuels, fait des dons au profit des victimes de cette guerre, ce qui aurait augmenté leur contribution totale.
Les maxima locaux de 2005 et de 2006 sont certainement la conséquence de l’augmentation des dons des ménages donateurs suite au Tsunami dans l’océan indien. La baisse du montant moyen des dons, observable à partir de 2007, peut hypothétiquement être expliquée par la crise financière qui a entraîné une diminution du pouvoir d’achat des ménages. Enfin, le regain de générosité enregistré en 2010 provient très probablement de l’émoi provoqué par le séisme en Haïti le 12 janvier de cette même année.
1.3.3 DON MOYEN ANNUEL DES MÉNAGES DONATEURS PAR RÉGION
FIGURE III-8
Données brutes: Bureau fédéral du Plan, Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: D. Mercier.
Nous avons établi précédemment que la proportion de ménages donateurs était la plus importante en Flandre (19,54%), puis en Wallonie (16,55%), et enfin à Bruxelles (15,65%)(4) ; on retrouve donc proportionnellement moins de ménages donateurs à Bruxelles que dans les deux autres régions du pays.
Cependant, le don moyen annuel des ménages donateurs bruxellois est, est comme on le voit sur la Figure III-8, nettement supérieur à celui des ménages flamands et wallons ; les ménages donateurs bruxellois donnent en moyenne 491€ par an contre 360€ pour les ménages flamands et 352€ pour les ménages wallons.
Ces montants représentent la moyenne obtenue pour la période qui s’étend de 1999 à 2010 mais ils fluctuent d’une année à l’autre ; les écart-types y étant associés sont particulièrement élevés et différenciés – 173.24 (Bruxelles-Capitale), 44.93 (Flandre), 47.87 (Wallonie) –, il nous semble donc pertinent d’analyser l’évolution de ces montants au fil des années.
1.3.4 EVOLUTION DU DON MOYEN ANNUEL DES MÉNAGES DONATEURS PAR RÉGION
FIGURE III-9
Données brutes: Bureau fédéral du Plan, Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: D. Mercier.
La Figure III-9 montre que les ménages donateurs bruxellois effectuent des dons moyens annuels supérieurs à ceux des ménages donateurs flamands et wallons tout au long de la période étudiée, sauf en 2000 et en 2004. Les ménages donateurs flamands effectuent des dons moyens annuels légèrement supérieurs à ceux des ménages donateurs wallons sauf en 1999, 2002, 2003, 2007, et 2008.
La moyenne et l’écart-type élevés observés à Bruxelles pour la période 1999-2010 dans le graphique précédent (Figure III-8) sont surtout dus – comme on peut le voir sur la Figure III-9 – à des maxima locaux très importants par rapport à ceux des deux autres régions en 1999, en 2005 et en 2010. Ces 3 années correspondent à trois catastrophes majeures – la guerre du Kosovo, le tsunami dans l’océan indien et le séisme en Haïti –, ayant hypothétiquement entrainé – comme nous l’avons vu précédemment dans notre analyse(5) – un accroissement des dons sur le territoire belge.
Les ménages bruxellois auraient donc une propension beaucoup plus élevée que les ménages flamands et wallons à augmenter le montant annuel de leurs dons lors de catastrophes de grande ampleur.
Une explication possible à cette tendance est le fait que la majorité des bruxellois sont des citadins ; ils sont plus exposés aux médias et aux campagnes de communication des organisations en présence sur le territoire belge que les ménages provinciaux et sont, par conséquent, conscientisés et sollicités dans une plus grande mesure que ces derniers lors de la survenance de catastrophes majeures dans le monde.
1.3.5 DON MOYEN DES MÉNAGES (NON-DONATEURS INCLUS) PAR RÉGION
FIGURE III-10
Données brutes: Bureau fédéral du Plan, Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: D. Mercier.
Après nous être intéressés à la proportion de ménages donateurs et au don moyen de ces ménages par région, intéressons-nous – à travers l’étude de la Figure III-10 – à une variable qui combine ces deux indices : le don moyen annuel par ménage ; cette variable tient compte aussi bien des ménages donateurs que des non-donateurs.
Bruxelles-Capitale est la région qui compte la plus faible proportion de ménages donateurs (6) mais le don moyen annuel des ménages de cette région est beaucoup plus élevé que celui des ménages issus des deux autres régions du pays. (7) Par conséquent le don moyen annuel par ménage (non-donateurs inclus) est – comme le montre la Figure III-10 – le plus élevé à Bruxelles avec une moyenne de 77€ pour la période qui court entre 1999 et 2010.
Chaque ménage flamand donne en moyenne 70€ par an à des organisations philanthropiques. Les ménages flamands sont proportionnellement plus nombreux à donner que les ménages bruxellois, mais ils font des dons annuels qui sont en moyenne beaucoup moins importants que ceux de ces derniers.
Enfin, la Wallonie est la région pour laquelle le don moyen annuel par ménage est le plus faible ; les ménages wallons donnent en moyenne 58€ par an aux organisations philanthropiques. C’est en Wallonie qu’on a observé les montants les moins élevés pour le don moyen annuel par ménage donateur ; (8) on a également déterminé que proportion de ménages donateurs dans cette même région était inférieure à la moyenne nationale. (9)
Les écart-types étant relativement élevés – 28,4 pour Bruxelles ; 10,73 pour la Flandre ; 8,04 pour la Wallonie – il est intéressant d’analyser l’évolution annuelle du don moyen annuel par ménage.
1.3.6 EVOLUTION DU DON MOYEN DES MÉNAGES (NON-DONATEURS INCLUS) PAR RÉGION
FIGURE III-11
Données brutes: Bureau fédéral du Plan, Direction générale Statistique et Information économique ;Calculs: D. Mercier.
Les conclusions qui peuvent être tirées de la Figure III-11 sont semblables à celles auxquelles nous sommes arrivé lors de l’analyse de l’évolution du don moyen annuel des ménages donateurs aux organisations philanthropiques ;(10) à savoir, l’hypothèse selon laquelle les ménages bruxellois auraient une propension plus élevée que les ménages flamands et wallons à augmenter le montant annuel de leurs dons lors de catastrophes majeures.
Notons toutefois que l’écart entre le don moyen annuel par ménage et nettement moins marqué entre les ménages bruxellois et ceux des deux autre régions lorsqu’on considère le don par ménage (non-donateurs compris) que lorsqu’on considère le don par ménage donateur.
Ceci est dû au fait que la région bruxelloise affiche une proportion de ménages donateurs inférieure à celle des deux autres régions, ce qui réduit l’impact du don moyen par ménage donateur sur l’indice étudié.
1.4 ANALYSE DU RAPPORT ENTRE LE REVENU ET LE COMPORTEMENT DE DONATION DES MÉNAGES
Nous avons observé qu’il existait des différences significatives au niveau des dons réalisés par les ménages en fonction des régions dans lesquelles ils résident. On sait également qu’il existe des différences de revenus dans les différentes régions du royaume. Penchons-nous donc dès à présent sur le lien potentiel entre le revenu d’un individu ou d’un ménage et les dons qu’il réalise.
Cette analyse sera scindée en deux parties : une analyse évolutive – dans laquelle nous analyserons l’évolution des montants des dons réalisés par les individus et les ménages en regard de l’évolution du revenu moyen des ceux-ci; et une analyse par quartile, dans laquelle nous étudierons le lien éventuel entre les quartiles de revenus des ménages en Belgique, d’une part, et la proportion de ménages donateurs ainsi que le montant des dons réalisés, d’autre part.
1.4.1 ANALYSE ÉVOLUTIVE
1.4.1.1 COMPARAISON ENTRE L’ÉVOLUTION DU MONTANT MOYEN DES LIBÉRALITÉS DÉCLARÉES ET L’ÉVOLUTION DU REVENU DISPONIBLE PAR HABITANT
FIGURE III-12
Données brutes: Bureau fédéral du Plan, Service Public Fédéral Finances; Calculs: Denis Mercier.
TABLEAU III-3
On observe, dans la Figure III-12, l’évolution du montant moyen des libéralités déclarées par habitant (non-donateurs compris) en regard de l’évolution du revenu disponible par habitant.
La tendance générale des deux courbes est, entre 1985 et 2009, semblable ; on constate une croissance globale du revenu disponible par habitant et une croissance globale du montant moyen des libéralités déclarées par habitant.
Le calcul du coefficient de corrélation de Pearson, relaté dans le tableau Tableau III-3, nous permet d’affirmer – avec un risque de se tromper inférieur à 1% – qu’il existe un lien linéaire significatif entre les deux variables étudiées. Le coefficient de corrélation commun aux deux variables s’élève à 0,85396 ; ce qui est un indice élevé.
Notons toutefois que les deux variables observées n’évoluent pas, chaque année, de manière identique; alors que le revenu disponible par tête affiche une croissance relativement stable, la libéralité moyenne par habitant semble plus volatile et en relative stagnation de 1992 à 2009. Cette stagnation est perturbée par deux pics de croissance – en 1999 et 2005 – et un déclin important – en 2009. Les pics de croissance sont, rappelons-le, probablement dus à deux crise humanitaires graves : la guerre du Kosovo (1999) et le tsunami dans l’océan indien (26 décembre 2004).
1.4.1.2 COMPARAISON ENTRE L’ÉVOLUTION DU DON MOYEN ANNUEL ET DU REVENU MOYEN ANNUEL DES MÉNAGES
FIGURE III-13
Données brutes: Bureau fédéral du Plan, Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: D. Mercier.
TABLEAU III-4
Comparons maintenant – à travers l’étude de la Figure III-13 – l’évolution du don moyen annuel par ménage belge (non-donateurs compris), au profit d’organisations philanthropiques, à l’évolution du revenu moyen annuel de ces ménages – hors revenu fictif.
On entend ici par revenu fictif, le revenu qui serait produit sur une année par un bien immobilier détenu par un ménage si ce dernier décidait de mettre son bien sur le marché de la location.
La Figure III-13 dépeint l’absence de lien linéaire significatif entre les deux variables précitées ; l’évolution du don moyen annuel par ménage n’est pas proportionnelle à l’évolution du revenu moyen annuel de ces derniers. Le calcul du coefficient de corrélation de Pearson, relaté dans le Tableau III-4, confirme cette assomption.
Il existe donc un lien linéaire significatif entre l’évolution du montant moyen des libéralités déclarées par habitant et l’évolution du revenu disponible par habitant mais ce lien linéaire n’apparaît pas entre le don moyen annuel par ménage aux organisations philanthropiques et le revenu moyen annuel hors fictif de ces mêmes ménages. La forte différence entre les coefficients de corrélation observés provient du fait qu’on compare des variables très dissemblables.
Tout d’abord, le montant moyen des libéralités déclarées par habitant ne représente – comme nous l’avons vu plus tôt dans notre analyse – qu’une partie de l’ensemble des dons réalisés sur le territoire alors que le don moyen par ménage prend en compte le montant total des dons réalisés.
Ensuite, le revenu disponible par habitant n’est pas directement comparable au revenu moyen par ménage. En effet, le nombre d’individus par ménage évolue constamment ; l’accroissement des divorces et le phénomène des familles recomposées influencent directement le revenu moyen des ménages sans que cela n’ait d’impact sur le revenu disponible par habitant.
Enfin, nous n’avons pas pu comparer l’évolution des deux paires de variables sur une même période. Le revenu disponible par habitant et le montant moyen des libéralités déclarées par habitant évoluent de manière très semblable entre 1985 et 1999. A partir de 1999 le lien entre ces deux variables semble plus volatile ; or, c’est précisément à partir de cette année qu’on a étudié le coefficient de corrélation entre le don moyen annuel par ménage et leur revenu moyen annuel.
1.4.1.3 COMPARAISON PAR RÉGION ENTRE LE DON MOYEN ANNUEL ET LE REVENU MOYEN ANNUEL DES MÉNAGES
FIGURE III-14
Données brutes: Bureau fédéral du Plan, Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: D. Mercier.
Intéressons-nous maintenant au rapport, dans chacune des trois régions du pays, entre le don moyen annuel des ménages – non-donateurs compris – et le revenu moyen annuel de ces derniers – hors revenu fictif – pour la période qui s’étend de 1999 à 2010.
Nous avons déterminé, plus tôt dans cette analyse, que les ménages bruxellois étaient ceux qui réalisaient le don moyen par ménage le plus élevé pour la période étudiée(11). Or, la Figure III-14 montre que ces derniers disposaient d’un revenu moyen annuel plus faible que les ménages flamands et wallons pour la même période. Par conséquent la région de Bruxelles-Capitale est celle qui dispose de l’indice le plus élevé – 0,214% – du rapport entre le don moyen annuel et le revenu moyen annuel par ménage.
La Flandre, région dans laquelle le revenu moyen annuel par ménage est le plus élevé entre 1999 et 2010, se place en deuxième position avec une valeur du rapport précité qui s’élève à 0,180%. Rappelons que le don moyen annuel par ménage donateur en Flandre est plus élevé qu’en Wallonie mais moins élevé qu’à Bruxelles(12) et que la Flandre est la région qui compte la proportion la plus élevée de ménages donateurs en Belgique(13) ; ce sont ces deux variables qui – mises en relation avec le revenu – influencent la valeur du rapport entre le don moyen annuel et le revenu moyen annuel.
La Wallonie se classe en dernière position ; les ménages wallons sont donc ceux qui, entre 1999 et 2010, consacrent la part la moins importante de leur revenu à des dons au profit d’organisations philanthropiques. La faible valeur du rapport n’est pas surprenante en regard des résultats observés plus tôt au cours de cette analyse ; le revenu moyen par ménage est plus élevé en Wallonie qu’à Bruxelles mais le don moyen par ménage donateur est nettement plus élevé dans la capitale qu’en région wallonne.
Analysons, dès à présent, la manière dont ce rapport évolue annuellement dans chacune des trois régions au cours de la période étudiée.
1.4.1.4 EVOLUTION PAR RÉGION DU RAPPORT ENTRE LE DON MOYEN ANNUEL ET LE REVENU MOYEN ANNUEL DES MÉNAGES
FIGURE III-15
Données brutes: Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: Denis Mercier.
On remarque, en analysant – dans la Figure III-15 – la trajectoire de la courbe relative à la région de Bruxelles-Capitale, que le rapport moyen pour la période qui s’étend entre 1999 et 2010 (Figure III-14) doit sa valeur élevée en région bruxelloise principalement aux indices atteints en 1999, en 2005 et en 2010.
Les valeurs élevées du rapport pour ces trois années sont dues, comme nous l’avons vu plus tôt au cours de cette analyse, aux augmentations importantes du don moyen annuel par ménage donateur lors de ces trois années charnières – qui correspondent à trois catastrophes humanitaires majeures ayant provoqué des élans de générosité importants en région bruxelloise(14).
Notons par ailleurs que la primauté de la région bruxelloise en regard des deux autres régions pour la valeur du rapport n’est pas vérifiée chaque année ; la valeur du rapport à Bruxelles est inférieure à la valeur du rapport en Flandre en 2000, 2004, 2008 et 2009 et inférieure à la valeur du rapport en Wallonie en 2003 et 2008.
Soulignons enfin que le rapport analysé n’évolue pas – d’une année à l’autre – de la même manière dans les trois régions ; ceci nous conforte dans l’idée selon laquelle l’évolution des dons des ménages n’est pas directement proportionnelle à l’évolution du revenu de ces derniers.
1.4.2 ANALYSE PAR QUARTILE
Entamons maintenant l’analyse du rapport entre les quartiles de revenus et la proportion de ménages donateurs ainsi que les montants des dons réalisés par ces derniers.
1.4.2.1 POURCENTAGE DE MÉNAGES DONATEURS PAR QUARTILE DE REVENU
FIGURE III-16
Données brutes: Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: Denis Mercier.
Les quartiles permettent d’analyser la distribution des revenus par tranches de 25 % des ménages ; chaque groupe représente donc 25% du nombre total des ménages en Belgique. Le premier groupe (Q1) rassemble les 25% de ménages ayant les revenus les plus faibles et le quatrième groupe (Q4) regroupe les 25% de ménages ayant les revenus les plus élevés.
La valeur associée au premier quartile s’élevait en 2010, comme on le voit sur la Figure III-16, à 18.505 euros; 25% des ménages belges possédaient donc, au cours de cette année, un revenu annuel inférieur à 18.505 euros. La médiane se situait à 29.942 euros ; 50% des ménages avaient donc un revenu inférieur à cette valeur, et l’autre moitié avait un revenu y étant supérieur. Enfin, le dernier quartile enregistrait une valeur de 45.703 euros ; ce qui signifie que 75% des ménages avaient un revenu inférieur à 45.703 euros.
Il ressort – sans grande surprise – de l’analyse de la Figure III-16, que la proportion de ménages donateurs augmente avec le niveau de revenu. En effet, on retrouve la plus faible proportion de ménages donateurs dans le premier quartile de revenus (Q1), et la plus importante proportion au sein du quatrième quartile de revenus (Q4) – les 25% de ménages qui disposent des revenus les plus élevés.
En moyenne, pour la période qui s’étend de 1999 à 2010, 33% des ménages faisant partie du quatrième quartile de revenus ont fait au moins un don sur l’année. Ils sont logiquement suivis, par ordre décroissant de représentation, par les ménages des groupes Q3 – 22% de ménages donateurs –, Q2 – 18% de ménages donateurs –, et Q1 – 13% de ménages donateurs.
Vérifions maintenant, à l’aide du graphique qui suit (Figure III-17), que l’assertion selon laquelle la proportion de ménage donateurs augmente lorsqu’on passe dans un quartile de revenus supérieur est vérifiée pour chacune des années de la période étudiée.
1.4.2.2 EVOLUTION DU POURCENTAGE DE MÉNAGES DONATEURS PAR QUARTILE DE REVENU
FIGURE III-17
Données brutes: Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: Denis Mercier.
La tendance globale, observée dans l’histogramme précédent (Figure III-16), selon laquelle la proportion de ménages donateurs augmente lorsqu’on passe dans un groupe de revenus supérieur se confirme – comme le montre la Figure III-17 – à l’échelle annuelle pour la période étudiée, 1999-2010.
Le pourcentage de ménages donateurs au sein du quatrième quartile est, chaque année, supérieur au pourcentage de ménages donateurs au sein du troisième quartile, lui-même supérieur au pourcentage observé dans le deuxième quartile ; et le premier quartile compte chaque année la proportion de ménage donateurs la moins élevée.
Notons que la proportion de ménages donateurs dans le premier quartile de revenus suit, pour la période qui court de 2000 à 2010, une tendance identique à la proportion de ménages donateurs dans le troisième quartile ; les deux courbes évoluent de manière similaire, elles croissent et décroissent simultanément. On peut émettre l’hypothèse selon laquelle la proportion de ménages donateurs dans chacun de ces deux quartile est impactée de manière semblable par les stimuli qui proviennent de l’environnement extérieur.
La proportion de ménages donateurs dans le deuxième quartile évolue de manière semblable à la proportion de ménages donateurs dans le troisième quartile entre 1999 et 2005 : ensuite, les 2 courbes prennent des trajectoires différentes.
La proportion de ménages donateurs dans le dernier quartile de revenus évolue de manière plus aléatoire ; la trajectoire de la courbe associée à ce quartile diffère fortement de celle des trois autres quartiles. Cette trajectoire différente peut hypothétiquement être expliquée par le fait que les ménages belges les plus riches réagissent différemment par rapport aux autres ménages, dans leur comportement de dons, aux stimuli externes.
Vérifions maintenant si les tendances observées au niveau national se confirment au niveau régional.
1.4.2.3 POURCENTAGE DE MÉNAGES DONATEURS PAR QUARTILE DE REVENU ET PAR RÉGION
FIGURE III-18
Données brutes: Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: Denis Mercier.
Nous sommes en mesure d’affirmer, en nous basant sur la Figure III-18, que l’assertion selon laquelle la proportion de ménage donateurs augmente lorsqu’on passe dans un quartile de revenu supérieur est vérifiée au niveau régional, pour la période qui s’étend de 1999 à 2010.
Notons également qu’une observation faite plus tôt dans cette analyse(15) est confirmée sur le présent histogramme : la proportion de ménages donateurs est la plus élevée en Flandre, puis en Wallonie, puis à Bruxelles.
Cette observation est également vérifiée au sein des trois premiers quartiles de revenus, mais elle ne se confirme pas dans le quatrième quartile ; parmi les 25% des ménages les plus riches à Bruxelles, on retrouve une proportion plus importante de ménages donateurs – 23,4% – que parmi les 25% de ménages les plus riches en Wallonie – 22,4%.
1.4.2.4 DON MOYEN DES MÉNAGES DONATEURS PAR QUARTILE DE REVENU
FIGURE III-19
Données brutes: Bureau fédéral du Plan, Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: D. Mercier.
Nous venons d’établir que le pourcentage de ménages donateurs est une fonction croissante du quartile de revenu dans lequel se trouvent lesdits ménages. La Figure III-19 nous montre qu’il n’en est pas de même pour le montant du don moyen annuel des ménages donateurs entre 1999 et 2010.
On constate en effet que le montant du don moyen annuel par ménage est plus élevé dans le deuxième quartile de revenu que dans le troisième. Les ménages du deuxième quartile ont un revenu inférieur à ceux du troisième quartile mais ils donnent un montant moyen annuel plus élevé que ces derniers ; le montant du don moyen annuel des ménages du deuxième quartile de revenu s’élève à 354€, alors qu’il ne vaut que 328€ dans le troisième quartile.
Notons tout de même que le montant le plus faible du don moyen annuel est observé dans le premier quartile de revenu alors que le montant le plus élevé s’observe dans le dernier quartile.
1.4.2.5 EVOLUTION DU DON MOYEN DES MÉNAGES DONATEURS PAR QUARTILE DE REVENU
FIGURE III-20
Données brutes: Bureau fédéral du Plan, Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: D. Mercier.
En analysant, à travers la Figure III-20, l’évolution du don moyen annuel des ménages donateurs par quartile de revenu, on atteint la même conclusion que celle à laquelle nous sommes arrivés en observant la Figure III-19: il n’y a pas de lien direct entre le quartile de revenu et le montant moyen annuel du don opéré par les ménages donateurs de ce quartile.
On observe même un don moyen annuel des ménages du premier quartile de revenu supérieur au don moyen annuel des ménages de tous les autres quartiles pour les années 1999, 2002 et 2008 ; au cours de ces trois années, les ménages donateurs faisant partie du premier quartile de revenus ont donc fait des dons moyens supérieurs aux ménages jouissant de revenus plus élevés.
Les seules années au cours desquelles on observe un lien direct entre le quartile de revenu et le don moyen annuel des ménages donateurs sont les années 2003, 2006 et 2010 ; au cours de ces années, le don moyen annuel des ménages donateurs est une fonction croissante du quartile de revenu dans lequel ils se trouvent.
1.4.2.6 DON MOYEN DES MÉNAGES DONATEURS PAR QUARTILE DE REVENU ET PAR RÉGION
FIGURE III-21
Données brutes: Bureau fédéral du Plan, Direction générale Statistique et Information économique ; Calculs: D. Mercier.
Les conclusions tirées de l’analyse des deux diagrammes précédents (Figure III-19 & Figure III-20) sont applicables, comme le montre la Figure III-21, aussi bien au niveau national qu’au niveau régional : il n’existe pas de lien linéaire significatif entre le don moyen annuel des ménages donateurs et le quartile de revenu dans lequel ils se trouvent.
Nous avons pu déterminer – plus tôt au cours de cette analyse – que Bruxelles-Capitale est la région dans laquelle le don moyen annuel des ménages donateurs est le plus élevé pour la période étudiée (1999-2010).(16) Cette assertion est confirmée par la Figure III-21 et elle se vérifie dans chacun des quartiles de revenus, à l’exception du second quartile – dans lequel les ménages donateurs bruxellois sont moins généreux que les ménages flamands et wallons.
Notons également que les ménages donateurs bruxellois du quatrième quartile de revenu sont ceux qui contribuent le plus nettement à l’indice élevé du don moyen annuel des ménages donateurs de cette région ; leur don moyen annuel pour la période 1999-2010 est 1,75 fois plus élevé que le don moyen annuel des ménages flamands et 1,82 fois plus élevé que celui des ménages wallons. Ils sont par ailleurs, dans ce quartile, proportionnellement plus nombreux à donner que les ménages wallons mais proportionnellement moins nombreux que les ménages flamands.(17)
1.5 CONCLUSION DE LA 1ÈRE PARTIE
En conclusion de cette première partie de notre étude exploratoire du marché du don en Belgique, nous allons résumer les principaux enseignements que nous avons pu tirer de l’analyse des données dont nous disposions.
1ER ENSEIGNEMENT
Il y a en Belgique, depuis 1985, une tendance à l’augmentation du nombre de libéralités déclarées par les citoyens ; cette augmentation en nombre entraîne une augmentation du montant total des dons fiscalement déclarés – les deux variables sont fortement corrélées.
2ÈME ENSEIGNEMENT
On observe, par contre, une tendance à la diminution du montant moyen des dons déclarés fiscalement par les citoyens du royaume. Les donateurs auraient donc tendance à multiplier leurs dons mais en versant des sommes plus modestes. Le montant moyen du don annuel – déclaré ou non-déclaré – des ménages donateurs belges suit également une tendance décroissante entre 1999 et 2010.
Les évolutions des libéralités déclarées et des dons des ménages sont par ailleurs perturbées par des pics de croissance importants lorsque surviennent des catastrophes majeures fortement médiatisées, comme le Tsunami dans l’océan indien.
3ÈME ENSEIGNEMENT
La proportion de ménages donateurs à l’intérieur des frontières est relativement stable ; elle a oscillé, de 1999 à 2010, entre 15 et 20% ; et cette variable semble influencer – sur cette même période – le nombre de libéralités déclarées. C’est en Flandre qu’on retrouve la proportion moyenne de ménages donateurs la plus importante, la Wallonie se place en deuxième position et la région de Bruxelles-Capitale ferme la marche.
4ÈME ENSEIGNEMENT
Le pourcentage de ménages donateurs est une fonction croissante du niveau de revenu ; plus le quartile de revenu observé est élevé, plus la proportion de ménage donateurs à l’intérieur du quartile est importante. Le don moyen des ménages donateurs n’est, par contre, pas directement proportionnel au revenu. Le don moyen annuel des ménages donateurs d’un quartile de revenu donné n’est pas forcément plus élevé lorsqu’on passe à un quartile supérieur.
5ÈME ENSEIGNEMENT
Par contre, le don moyen des ménages donateurs diffère d’une région à une autre ; il est le plus élevé à Bruxelles, puis en Flandre, et la Wallonie ferme la marche. Les indices observés à Bruxelles sont nettement supérieurs à ceux observés en Flandre et en Wallonie ; particulièrement lors de la survenance de crises humanitaires graves. Ce sont le ménages donateurs bruxellois du dernier quartile de revenu – les 25% de ménages bruxellois les plus aisés – qui poussent l’indice vers le haut ; leur don moyen annuel est, entre 1999 et 2010, 1.75 fois plus élevé que celui des ménages donateurs flamands et 1,82 fois plus élevé que celui des ménages donateurs wallons.
On a émis l’hypothèse selon laquelle les ménages donateurs bruxellois du dernier quartile de revenu – instruits, citadins, fortement exposés aux médias et aux campagnes de communication des organisations caritatives – sont conscientisés et sollicités dans une plus grande mesure que les ménages wallons et flamands lors de la survenance de catastrophes majeures dans le monde.
C’est aussi les ménages Bruxellois qui consacrent la part la plus importante de leur revenu à la donation ; ils sont suivis par les ménages flamands et les ménages wallons.
6ÈME ENSEIGNEMENT
Enfin, le don moyen annuel par ménage (ménages non-donateurs compris) – indice dépendant de la proportion de ménages donateurs, d’une part, et du don moyen des ménages donateurs d’autre part – est le plus élevé à Bruxelles ; la Flandre se classe deuxième, et la Wallonie dernière. L’indice est influencé à Bruxelles par les montants très élevés du don moyen par ménage donateur du dernier quartile de revenu lors de survenance de catastrophes majeures.
2 Cf. Supra Figure III-3, p. 23.
3 Cf. Supra p. 21.
4 Cf. Supra Figure III-4, p. 25.
5 Cf. Supra Figure III-1, p. 20.
6 Cf. supra Figure III-4, p. 25.
7 Cf. supra Figure III-8, p. 29.
8 Cf. supra Figure III-8, p. 29.
9 Cf. supra Figure III-4, p. 25.
10 Cf. supra Figure III-9, p. 30.
11 Cf. Supra Figure III-10, p. 31.
12 Cf. Supra Figure III-8, p. 29.
13 Cf. Supra Figure III-4, p. 25.
14 Cfr supra Figure III-9, p. 30.
15 Cf. supra Figure III-4, p. 25.
16 Cf. Supra Figure III-8, p. 29.
17 Cf. Supra Figure III-18, p. 42.
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