Au premier rang des exploiteurs, on trouve le Capitalisme et, dans sa forme suprême, l’Impérialisme27. Le Capitalisme peut être vu comme un système où cohabitent idéologie et économie, et dont le but est de générer du profit : « Depuis que le régime capitaliste existe, son seul impératif est le profit »28. Ce profit, est généré par des cadences de travail infernales sur le dos des travailleurs : « Intensifier par tous les moyens les cadences est l’ABC des capitalistes »29. Quant à Trotski, il accuse ce système capitaliste de voler le travail du salariat en temps de paix, tandis que la tuerie de masse assure ces mêmes intérêts en période de guerre : « En temps de paix, les capitalistes assuraient leurs intérêts par le vol « pacifique » du salariat. En temps de guerre, ils ont servi ces mêmes intérêts en faisant exterminer des multitudes de vies humaines »30. Pour générer le plus de profit possible, le système capitaliste est basé sur la concurrence, et, pour confirmer les dires de Trotski, il n’est pas très regardant aux moyens employés, quitte à déclencher des guerres pour parvenir à ses fins : « Le capitalisme est basé sur la concurrence. Il s’agit pour chaque capitaliste, pour chaque pays impérialiste, de vendre plus que les autres, de faire plus de profits. Pacifiquement, lorsque c’est possible, militairement sinon. Et l’économie capitaliste ne produit pas pour satisfaire des besoins, ceux-là sont illimités, mais pour vendre, et les moyens d’achat sont limités, eux. A un moment ou à un autre, la concurrence « pacifique » n’est plus possible. Les capitalistes ne tiennent pas plus à la guerre mondiale, totale, atomique ou pas, que quiconque, mais lorsqu’ils la font, c’est qu’ils seraient, autrement, condamnés à disparaître. Et alors, pour eux, la guerre devient le moindre mal »31. Ce système, dénué de morale pour Trotski et les dépositaires de la pensée de celui-ci, créé donc des injustices sur la planète, et attise les souffrances : « L’enfance malheureuse, ce ne sont pas seulement les petits qui dans des taudis surpeuplés 21
souffrent de la misère matérielle et souvent morale. Ce sont aussi les plus grands qui, au lieu d’être promis à un avenir meilleur, apprennent de bonne heure la misère et les souffrances de l’exploitation capitaliste »32. En fin de compte, le régime capitaliste, basé sur la concurrence et le profit, conduit par sa nature à la détresse, à la misère : « Le régime capitaliste nous entraîne infailliblement vers la misère »33. L’Impérialisme est, comme énoncé plus haut, la forme suprême du Capitalisme, dont la principale caractéristique est l’exploitation des plus faibles et des plus démunis : « Mais ce que refusent avant tout les étudiants c’est le système capitaliste qui, parvenu au stade impérialiste, ne peut survivre que par une exploitation éhontée et le massacre permanent des populations les plus déshéritées »34. Il suppose une forme plus politique qu’économique. En plus de générer du profit, l’Impérialisme a pour visée l’accaparement et la conservation du pouvoir politique par l’anéantissement de la démocratie et la consécration du triomphe de la grande bourgeoisie : « Dans le domaine économique, l’impérialisme supposait la chute définitive du rôle de la petite bourgeoisie ; dans le domaine politique, il signifiait l’anéantissement total de la démocratie, par la transformation de sa contexture même et par la subordination de tous ses moyens et de toutes ses institutions aux buts de l’impérialisme »35. Ainsi, tant que l’Impérialisme continue d’exister, les souffrances et les injustices qu’il engendre perdurent. Par conséquent, sa destruction constitue un enjeu majeur qui se pose à toute la société : « Le problème qui se pose à notre société tout entière est celui de la survie ou de la mort de l’Impérialisme »36. Mais le propre du Capitalisme et de l’Impérialisme, « forme suprême » de ce premier, est d’être un système. Or, un système ne saurait être rendu possible sans des assises institutionnelles, lui permettant de s’exprimer légalement, et donc d’avoir une apparente légitimité. Nous comptons plusieurs garants de ce système. Commençons par étudier le cas de la bourgeoisie et de la religion. Dans le texte de Marx en effet, rendu célèbre par ce passage que nous mettons à la disposition de notre lecteur, « La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme 22
elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple »37.
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