A]Identification des risques financiers
Avant d’en chercher les éléments de maîtrise il nous faut d’abord tenter de définir et d’identifier les risques financiers. Un risque financier est un risque de perte d’argent suite à une opération financière ou à une opération économique ayant une incidence financière.
Les principaux risques financiers portent donc sur les opérations sur les actifs financiers d’une société et peuvent être identifiés de la façon suivante :
– le risque de contrepartie est le risque que la partie avec laquelle un contrat a été conclu ne tienne pas ses engagements contractuels. Pour une banque, par exemple, c’est le risque que ses clients ne remboursent pas leurs emprunts ;
– le risque de taux qui est un risque propre aux intérêts-emprunts. C’est le risque que les taux de crédit évoluent défavorablement. Ainsi un emprunteur à taux variable, subit un risque de taux lorsque que les taux sur le marché augmentent car il doit payer plus cher. A l’inverse, un prêteur subira un risque lorsque les taux baissent car il perd des revenus ;
– le risque de change qui est le risque portant sur les variations des monnaies entre elles. Ce risque est, comme le précédent, lié au facteur temps ;
– le risque de liquidité qui nous intéresse particulièrement dans le cadre d’une société commerciale. C’est le risque sur la facilité ou non de revendre un actif sur le marché. Si un marché n’est pas liquide, il sera difficile de trouver un acheteur ou un vendeur au moment opportun. C’est un risque lié à la nature de la marchandise mais aussi à la crédibilité de l’acheteur et du vendeur sur la place. En gros c’est le risque de ne pouvoir vendre à son prix un titre financier. Il peut se traduire, soit par une impossibilité effective de le vendre, soit par une décote dite d’illiquidité.
Une autre acception du risque financier peut être retenue dans le cadre de notre étude. Dans ce cas la notion de risque en finance est très proche de celle d’incertitude. Le risque d’un titre financier peut ainsi avoir plusieurs origines. On distingue notamment les risques économiques (politiques, naturels, d’inflation…) qui menacent les flux liés aux titres et relèvent du monde économique, et les risques financiers (liquidité, change, taux…) qui ne portent pas directement sur ces flux et sont propres à la sphère financière. Quelle que soit sa nature, tout risque se traduit par une fluctuation de la valeur du titre financier. C’est d’ailleurs ce qui distingue la comptabilité pure, qui ne se préoccupe que de taux de rentabilité, et la finance, qui intègre la notion de risque pour déterminer la valeur. Le risque d’un titre financier se mesure à la volatilité de sa valeur (ou de son taux de rentabilité) : plus la volatilité est élevée, plus le risque est fort, et inversement.
Ces risques financiers peuvent avoir des conséquences très lourdes pour les sociétés. Il leur faut donc rechercher les éléments de domestication de ces risques.
B]Elément de domestication de ce type de risques
1°) Rechercher la précision par « la value at risk »
Le risque financier, pourtant une des composantes fondamentales du comportement de l’économie, est très difficile à cerner. La Value at Risk, comme d’autres méthodes d’évaluation, s’applique à le décrire pour mieux l’appréhender.
On pourrait résumer l’évolution de la gestion du risque financier de ces cinq dernières années comme la recherche d’une description concise du risque par un seul chiffre, celui de la Value at Risk, ou VaR. Cette quête a été parrainée par les organismes de réglementation, portée par toute une série de célèbres désastres financiers, nourrie par une industrie du logiciel et du conseil en pleine expansion et largement acceptée par les établissements financiers et les entreprises exposés à ce risque que chacun s’emploie à mesurer. Dans quelle mesure cette quête a-t-elle abouti ? Quelles leçons avons-nous apprises en chemin ?
Avant toute chose tentons de donner une définition de la Value at Risk. Littéralement c’est un quantile d’une distribution de profits et de pertes dans un temps donné. Prenons un exemple pour donner un peu de clarté à cette définition : supposons que nous sommes chargés de mesurer le risque d’un portefeuille d’actifs financiers composé de devises, d’obligations, d’actions, de produits dérivés ou d’un panachage de ces éléments. Nous fixons une période dans laquelle étudier le risque ¬ deux semaines par exemple. Nous pouvons ensuite nous demander quelle serait la perte maximale que nous pourrions subir sur ce portefeuille dans cet intervalle de temps. La réponse est une perte totale : par définition, nous pouvons être certains à 100 % que les pertes du portefeuille ne dépasseraient pas ce montant. Cependant, la perte totale donne une image trop pessimiste du risque car la pire issue possible ne se produira probablement pas. Nous rechercherons alors un montant tel que nous pouvons être sûrs à 95 % que les pertes lui seront inférieures : c’est la Value at Risk. Plus exactement, c’est la VaR pour un horizon de deux semaines avec un indice de confiance de 95 %.
Lorsque nous indiquons une VaR, nous savons qu’elle ne représente pas la perte maximale. De fait, si nous mesurons régulièrement la VaR à un niveau de confiance de 95 %, les pertes effectives devraient dépasser notre estimation seulement 5 % du temps. Si cela reste inconfortable, nous pouvons utiliser une VaR de 99 % et donc ne sous-estimer que 1 %. L’intérêt est qu’en renonçant à un niveau de confiance de 100 %, on obtient un tableau plus réaliste des pertes potentielles d’un portefeuille.
Deux événements ont concouru à l’adoption généralisée de la VaR sur le secteur financier.
Le premier date de 1995. Réunis en comité à la Banque des règlements internationaux à Bâle, les représentants des banques centrales de 10 grandes économies de l’Ouest ont proposé de nouvelles règles (amendant l’accord de Bâle de 1988), imposant aux établissements financiers un niveau de fonds propres proportionnel aux risques résultant de leurs engagements. Officiellement adoptée en 1996, cette proposition a incité les banques à développer des systèmes internes sophistiqués pour calculer leur VaR. En effet, elles pouvaient ainsi espérer une diminution des fonds propres qu’elles devraient détenir par rapport aux banques qui se fondaient sur les normes édictées par les autorités de tutelle pour déterminer leurs besoins. Ainsi, dès le départ, la recherche d’un allègement des obligations réglementaires a été un important facteur de croissance de la VaR.
Le deuxième événement s’est produit sur Internet. En 1994, la banque américaine JP Morgan a mis gratuitement son système RiskMetrics à la disposition de tous sur Internet. RiskMetrics fournissait les données financières et la méthodologie nécessaires au calcul de la VaR d’un portefeuille. Les autres établissements financiers et les entreprises pouvaient utiliser le calculateur de VaR de RiskMetrics ou télécharger les données sur leurs propres systèmes de gestion des risques. Très vite sont apparus de nouveaux fournisseurs de programmes de gestion des risques exploitant RiskMetrics, transformant cette méthodologie en référence incontournable.
2°) Elaboration de nouveaux outils financiers sécurisés : les apports du G20 de Londres
Afin de lutter contre le risque financier les chefs de gouvernement ont tenté de dégager certains outils en vue de sécuriser le système financier international.
Lors du G20 de Londres, le 2 avril 2009, les chefs de gouvernement s’étaient montrés unis pour mettre fin aux excès du capitalisme financier. Ils promettaient d’agir sur ceux qu’ils jugeaient coupables d’avoir provoqué la crise à savoir, notamment, les fonds spéculatifs, les paradis fiscaux, les agences de notation, les rémunérations des dirigeants et les bonus des traders. Le problème, en la matière, c’est la faiblesse des mesures adoptées en raison du peu de consensus international dans le domaine économique et financier. Dès lors se pose la question de l’effectivité des mesures adoptées et de leur pertinence.
Au lendemain du G20 de Londres un conseil de stabilité financière a été crée. Ce conseil est doté d’une mission de supervision élargie à toute la finance internationale. Il a, entre autre, préconisé la limitation des bonus versés par les banques insuffisamment capitalisées. Le conseil travaille à l’élaboration des règles financières internationales et veille à leur application dans tous les pays. Il doit pouvoir, par un travail de prévention, anticiper les crises futures et tenter d’apporter des réponses à l’échelle mondiale.
Le G20 a mis en avant la nécessité de renforcer les fonds propres des banques. Ici l’idée est que la réglementation doit prévenir les endettements excessifs et exiger que des fonds de réserve soient constitués en temps utile. Cette exigence ressort déjà des accords de Bâle I et Bâle II ou les banquiers centraux ont convenu de la nécessité d’augmenter les fonds propres afin de pallier à d’éventuels problèmes de solvabilité.
Un des outils principaux de régulation du risque financier est la lutte engagée contre les paradis fiscaux. Afin de réduire les risques liés à l’opacité dans la sphère financière, le G20 a déclaré la guerre aux paradis fiscaux et réglementaires. Cela est rendu possible par l’élaboration de listes noires des centres offshore qui continueraient de ne pas donner d’informations fiscales sur la clientèle des non-résidents.
Enfin les principaux dirigeants du monde ont décidé de réguler les salaires des dirigeants et les bonus accordés aux traders. Lors du G20, les Etats se sont mis d’accord pour encadrer les bonus des « princes de la finance ». Cependant force est de constater que ce sujet constitue le principal point d’achoppement entre les différents pays. La conséquence est que le débat s’enlise et l’actualité est régulièrement ponctuée par des révélations de bonus faramineux dans les banques ayant touché des aides publiques. Il suffit pour s’en convaincre de se souvenir de l’utilisation des aides publiques faites par les dirigeants d’AIG . En la matière deux conceptions s’opposent : celle des américains qui sont hostiles à tout plafonnement des revenus mais d’accord pour que les bonus ne soient versés que dans les cas ou l’entreprise fait des bénéfices et la conception européenne qui veut imposer des règles strictes pour limiter les primes. Les tenants de cette conception souhaite limiter la part variable de la rémunération par rapport au salaire fixe et lier cette dernière à la rentabilité des opérations sur une longue durée avec un plafonnement possible des rémunérations au-delà d’un certain seuil.
Nous constatons donc que tous ces outils ont pour but de réguler la finance mondiale et visent donc directement à permettre aux entreprises d’assainir leurs pratiques afin d’assurer une meilleure gestion de leurs risques financiers et ainsi être plus solvables sur le marché des valeurs. La gestion du risque financier par l’entreprise est intimement liée aux politiques de régulations économiques et financières menées par les Etats et par les instances internationales telles que la Banque mondiale ou le FMI c’est pourquoi il paraît urgent, à la veille du sommet de Pittsburgh, de tenter de réguler le système financier international.