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1. L’art du public

9. Isaac Cordal, Electoral Meeting, Berlin, 2011

Qu’est ce que l’art public ? Au sens usuel, c’est l’art de commande, placé dans un lieu public. C’est un art qui se veut universel, au service de la communauté, destiné à commémorer un événement ou une personne, à remédier à un problème perçu, comme le manque de communication entre les habitants, ou encore à créer une expérience commune.

Au sens large, c’est l’art qu’on rencontre dans les lieux publics : accessible à tous sans frais d’entrée, sans conditions. C’est donc du côté de la perception du public que j’aimerais me placer, et par là tenter d’observer les traits et les enjeux propres à l’art du public. Cependant, il serait difficile de prendre en compte toutes les formes d’interventions dans l’espace public ; entrer dans les problématiques de l’art de commande implique un tout autre niveau d’analyse : au-delà des considérations esthétiques, le pouvoir ne tente-t-il pas de se représenter et de se perpétuer par l’art ?

C’est donc principalement l’art urbain non officiel que je vais considérer : un art dont les motivations et les objectifs ne sont pas entièrement déterminés par des logiques étatiques ou commerciales ; un art plutôt clandestin, furtif et éphémère, par contraste avec un art autorisé, concerté, longuement débattu ; un art de la rue, plutôt qu’un art de la place publique. Le champ d’investigation est vaste et les pratiques variées, du graffiti à des réalisations d’artistes confirmés comme Wodiczko ou Christo & Jeanne-Claude, et de formes fragiles et éphémères, dont il ne reste que des photographies, à des réalisations plus durables. Plutôt que de tenter de dresser un inventaire exhaustif de l’art dans la rue, j’essaierai de dégager des traits esthétiques qui me permettront de penser cet art dans sa relation à la ville et dans sa dimension politique.

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