Un an après la faillite de la banque américaine d’investissement Lehman Brothers tous les observateurs s’accordent à voir, dans la crise qui a touché les marchés financiers, l’une des plus importantes depuis celle qui a fait suite au crack boursier de 1929. Afin de mieux comprendre les systèmes de régulation qui ont été mis en place pour limiter les effets de cette crise il nous faut essayer d’en comprendre les origines.
La crise financière initié en 2007 est une crise de liquidité interbancaire et une crise de crédit . Elle trouve son origine dans le dégonflement de bulles économiques et par les pertes importantes des établissements financiers provoquées par la crise des « subprimes ». Elle s’est accentuée en 2008 avec la faillite de nombreux établissements de crédit, provoquant un début de crise systémique et la mise en difficulté de plusieurs Etats dépendant de ces établissements financiers. Elle a entraîné une chute des cours des marchés boursiers et la crise de 2008-2009 qui provoque un ralentissement généralisé de l’activité économique, voire des récessions dans bon nombre de pays.
Cette crise financière est celle du capitalisme ou plutôt du néo-libéralisme économique et politique qui a été initié aux Etats-Unis par le président républicain Ronald Reagan. Selon ce système il faut faire peser le moins de contraintes possibles sur le marché. C’est la politique du laisser-faire/laisser-aller. L’Etat ne doit intervenir sous aucun prétexte sur les marchés financiers. L’excès des tenants de cette doctrine a entraîné les conséquences que l’on connaît : déréglementation généralisée des marchés, perte de confiance des investisseurs, déplafonnement des rémunérations des dirigeants et des bonus des traders, innovations financières très complexes et mal maîtrisées à l’image des « subprimes » , développement exponentiel de la fraude fiscale qui va de paire avec l’épanouissement des paradis fiscaux.
Cette crise est la crise des dirigeants politiques et des chefs d’entreprises qui ont favorisé directement les conditions de cette crise par des mesures économiques et sociales. Le Guardian cite notamment Bill Clinton, Georges. W. Bush ou encore Gordon Brown, ainsi que, dans le domaine financier, les PDG anciens et actuels de la compagnie d’assurance AIG, des banques Goldman Sachs, Lehman Brothers, Merrill Lynch, Bank of Scotland, Northern Rock et des personnalités influentes telles que le financier Georges Soros, le milliardaire Warren Buffet et la président d’un fonds d’investissement américain John Paulson.
La principale raison de cette crise financière réside dans le fait que les années antérieures à la crise ont vu se multiplier les innovations financières qui ont débouché sur un marché de 680 milliards de dollars peu ou pas régulé appelé aussi « shadow market ». Ces innovations financières visaient à réduire les risques et ont pris notamment la forme de produits dérivés dont, paradoxe, deux types sont aujourd’hui au cœur de la crise financière : « les produits liés à des crédits immobiliers et les produits destinés à assurer contre leur risque de défaut les « crédits défault swaps »
Par ailleurs, la montée des profits et la baisse du poids des salaires ont provoqué un désajustement entre l’offre et la demande. Aux Etats-Unis notamment les « prêts subprimes » ont permis à une partie de la population une consommation que ses revenus ne permettaient plus de supporter. Les inégalités de revenus liées au déplafonnement des salaires des dirigeants sont devenues très fortes , la création de richesse étant captée par une infime part de la population ce qui n’est pas efficace économiquement. A cela s’ajoute le comportement honteux de certains dirigeants qui n’ont pas hésité à profiter du système pour toujours gagner plus et de certains financiers tel Bernard Madoff qui ont utilisé frauduleusement le système à des fins d’enrichissement personnel.
Toutes ces raisons ont conditionné la crise planétaire que nous connaissons et ont entraîné les dérégulations économiques et financières. C’est pourquoi il a paru nécessaire de réintégrer certaines valeurs éthiques afin de moraliser le système et de rendre moins opaques les pratiques financières.