L’Opéra Rock de Mozart, Ben-Hur mis en scène au Stade France, l’affaire Seznec au théâtre de Paris, la Nuit blanche à Paris, l’Exposition Universelle de Shanghai, le Carnaval de Rio, la parade des Géants de Royal Deluxe à Londres, le Festival des musiques sacrées de Fès, innombrables et divers sont les évènements culturels existant en France comme dans le monde.
Le Robert définit l’événement comme : « ce qui arrive et qui a quelque importance pour l’homme », ou encore pour un autre dictionnaire : « faire événement, causer un sentiment de surprise ». Le Littré reconnait, au travers de sa définition, cette dernière condition de « surprise », laquelle fait allusion à notre axe de travail à savoir le caractère « détonnant » du projet : « c’est tout un événement, c’est une grande affaire, une chose inattendue ».
La définition la plus simple d’un évènement culturel repose sur « la rencontre d’un public avec la création artistique dans un lieu et un temps donnés ». Néanmoins, pour saisir l’événementiel dans sa complexité artistique, économique et institutionnelle, la définition de l’évènement culturel tel que l’évoque une étude d’octobre 2009 du Département des études, de la prospective et des statistiques du Ministère de la Culture et de la Communication et du cabinet Ithaque, s’appuie sur 5 critères articulant les formes de l’événement et ses finalités : le critère artistique, le critère du public, le critère de lieu, le critère de temps et le critère de rareté.
– Un critère artistique : la présence de la création.
Ce critère permet de définir la création comme constitutive de l’événementiel culturel – et d’exclure l’événementiel non culturel du champ. La création s’avère plus ou moins présente selon les événements, dans des formes traditionnelles (un festival centré sur un genre artistique) ou explorant des formes nouvelles (un événement organisé autour d’une thématique, le métissage des genres artistiques, une commande de création destinée à un événement particulier).
– Le critère du public : la recherche d’un public élargi.
Plusieurs types de publics peuvent être distingués, plus ou moins visés ensemble ou exclusivement selon les événements :
– grand public, public culturel amateur ou averti et public professionnel ;
– au-delà du public physiquement présent dans la diversité de ses segments, il faut prendre en compte le public touché par la médiatisation inhérente à l’événement. Public visé et médiatisation sont ainsi liés car l’élargissement du public n’est pas possible sans une médiatisation de l’événement.
– Le critère de lieu : l’investissement d’un espace.
L’événementiel investit des espaces non dédiés à la culture : la ville, la rue, les friches industrielles, ou des espaces culturels mais à contretemps ou sous des formes décalées, inhabituelles. L’événementiel se construit ainsi sur une unité de lieu et une concentration dans l’espace, même si le territoire investi peut être plus ou moins large. L’essentiel est que l’événementiel s’inscrive toujours dans un territoire.
– Le critère de temps : l’unité de temps.
L’événementiel suppose la concentration dans le temps et construit sa propre unité de temps. Le moment, ce temps court, s’oppose à la durée de la saison.
– Le critère de rareté : créer l’événement implique qu’il soit exceptionnel.
Ce critère peut aller jusqu’au caractère unique et non renouvelable de l’événement créé. Paradoxalement, malgré leur caractère éphémère, la plupart des événements cherchent cependant à s’inscrire dans la durée par leur réitération.
Le positionnement par rapport à ces trois derniers critères fonde une typologie de l’événementiel :
– Les très grands événements
Emblématiques de l’événementiel, ils réunissent tous les critères : création ; massification et élargissement du public recherchés ; concentration dans le temps et dans l’espace ; unicité de l’événement qui n’exclut pas la récurrence : l’événement n’aura lieu qu’une seule fois sous cette forme (changements imposés d’une année sur l’autre). Nous pouvons citer comme exemples : la Nuit blanche (Paris), la Fête des lumières (Lyon), les Capitales européennes de la culture (Avignon, Lille).
– Les événements culturels thématiques, les rendez-vous
En général dédiés à un genre artistique, ils mêlent les publics mais ne visent pas forcément à leur élargissement au-delà d’un public d’amateurs. Souvent, ils deviennent de véritables institutions culturelles et s’organisent alors dans la durée (partenariats financiers, équipe permanente). Historiquement, les festivals constituent cette forme première d’événementiel.
Au sein de cette catégorie, nous retrouvons par exemples : le Festival international du courtmétrage (Clermont-Ferrand), le Festival mondial des théâtres de marionnettes (Charleville – Mézières).
– Les événements fondés sur une mise en scène des lieux (équipements ou territoires)
L’événement est créé par la rencontre, dans un même lieu ou sur un même territoire et dans un même temps, de genres artistiques différents : la création y est alors fondée sur le métissage des modes d’expression, on assiste à une mise en scène du lieu ou du territoire et enfin il y a une recherche explicite d’un élargissement du public. Le Festival Bouche à oreille (Puisaye-Forterre), le Festival d’Île-de-France, le Festival du mot (La Charité-sur-Loire), le Marathon des mots (Toulouse) en sont des exemples illustrateurs.
Cette typologie de l’évènementiel culturel nous est utile afin de pouvoir se distinguer parmi tous les types d’évènements existants dans le paysage culturel et par conséquent par la suite faire preuve d’une inventivité ou originalité pertinentes et réfléchies. Néanmoins et afin de cibler cette étude de manière plus précise, dans cet écrit nous nous focaliserons sur les « Festivals ».
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