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1.1 Présentation générale des deux sites

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Cette présentation se fait à travers le cadre géographique et historique.

L’ancien port d’embarquement des esclaves de Loango est surplombé par l’ancienne lagune
Tchibete (en voie de disparition) et situé dans la sous-préfecture de Hinda dans le département du
Kouilou. Il est limité au Sud-est par la Pointe indienne, au Sud et au Sud-ouest par l’océan Atlantique,
au Nord-ouest par le village Matombi et au Nord-est par le village Diosso, ancien Bwali capitale du
Royaume de Loango, ancien quartier administratif du même royaume. Le Royaume de Loango faisait
partie des neuf provinces que comptait le Royaume Kongo dont la capitale était « M’Banza Kongo Dia
Nthotila » (Cité du roi). Très tôt, trois provinces (Ngoyo, Kakongo, et Loango) du royaume Kongo se
sont érigés en royaumes indépendants et subirent de nombreuses pressions et revendications de leur
puissant voisin longtemps après qu’elles s’en furent détachées. Un important groupe fit son apparition
sur la côte de Loango au XIe siècle, comportant des forgerons, une puissante confrérie : celle des
Bouvandji, qui, s’appuyant sur un corps de guerriers entreprenants, s’imposa aux populations locales.
Leur autorité s’est étalée sur neuf rois qui ne formaient pas une dynastie cohérente, car leur autocratie
fut un pouvoir de force et de lutte permanente. Compte tenu de leur comportement tyrannique, les
Bouvandji furent chassés du pouvoir par une insurrection populaire(2). Plus tard, avec le début du
commerce triangulaire, le port de Loango fut le carrefour de tous les esclaves qui venaient d’une partie
du golfe de Guinée. Il a vu embarquer plus de deux (2) millions d’esclaves venus des zones qui
constituent aujourd’hui le Tchad, l’Angola, le sud du Gabon et la République Démocratique du Congo et
l’actuel territoire de la République du Congo(3). Toutes les tribus des zones concernées ont été
impliquées dans le commerce des esclaves. Les conséquences de la déportation furent entre autres,
le déracinement culturel. L’ancien port d’embarquement des esclaves de Loango est l’un des plus
importants sites du golfe de Guinée par lequel des millions d’esclaves ont été embarqués dans des
bateaux et transportés directement pour les Amériques sans escales intermédiaires. Les Européens
ont entretenu des comptoirs, dépôts, dortoirs où les esclaves appartenant aux ethnies diverses et
venus par caravanes étaient casernés ou stockés en attendant l’arrivée des navires. Loango fut donc le
site d’embarquement des esclaves et de débarquement des marchandises de peu de valeur qualifiées
de pacotille (tissus, sels, liqueurs, fusils etc.) en échange des esclaves.

Carte du port de Loango – 1900

Source : http://congo-dechaine.info

Carte du port de Loango – 1900

Distance entre Pointe-Noire (A) et Loango (B) : 19 km

Source : Google Maps

Distance entre Pointe-Noire (A) et Loango (B) 19 km

Le domaine royal de M’bé quant à lui est situé à 200 kilomètres environ au nord de Brazzaville, dans
le département du Pool. Il est composé d’un ensemble de sites liés à la culture et à l’histoire du peuple
Téké dont la Cité de Mbé : capitale du royaume et résidence du Makoko (roi). Elle a connu des
déplacements incessants tout au long de l’histoire. La tradition culturelle Téké précoloniale exigeait le
déplacement de la capitale « Mbé » chaque fois qu’un roi venait à mourir. Ce domaine royal reste ainsi
ponctué d’anciens sites ayant abrité la capitale du royaume qui, par la suite, sont devenus des forêts
sacrées. Il est sans aucun doute un exemple imminent de l’interaction du peuple Téké avec son
environnement et constitue le maillon central d’une entité ethnolinguistique. En effet, ce domaine
illustre la démarche de sacralisation de nombreuses forêts qui s’y trouvent, et qui témoignent de
l’emplacement des différentes cités royales successivement abandonnées à la mort d’un Makoko (Roi),
dans le but de perpétuer la mémoire du royaume. On y retrouve les évidences du système
d’administration du territoire Téké par les douze dignitaires qui en ont la responsabilité. En outre,
chacun de ces dignitaires gère toujours un territoire jouant en même temps le rôle de sanctuaire du
royaume, symbolisé par un Nkobi. Six de ces sanctuaires sont encore localisés à proximité du
noyau central du Domaine royal, et veillent sur les composantes essentielles du royaume, comme la
forêt sacrée d’Ebala (sorte de « panthéon » Téké) et les chutes du Nkouembali. Les dignitaires de ces
six sanctuaires interviennent dans la désignation des successeurs des rois(4). Le Domaine royal de Mbé
est associé à des croyances et des traditions vivantes qui ont permis à cette entité de résister aux
continuelles mutations du monde moderne. On y pratique encore les rites liés à la désignation, à
l’investiture et aux funérailles des Makoko, les épopées qui racontent la gloire, la grandeur et la
généalogie des différentes familles Téké, y compris celle des Makoko. Le terme Téké qui permet de
désigner les anzicos aujourd’hui est apparu entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle. C’est
effectivement à cette époque que le continent africain et l’Afrique centrale en particulier ont connu un
trafic intense avec l’arrivée abondante des occidentaux au point que les anzicos échangeaient les leurs
contre les produits précieux (sel, fusil, verrerie…) venus d’Occident. L’esclavage et la traite des noirs
ont connu à ce moment leurs plus fortes montées. En outre, le Domaine royal de Mbé est associé à un
évènement majeur dans l’histoire du Congo : c’est là que fut signé le 10 septembre 1880, le Traité
entre l’explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza et le Makoko Iloo 1er(5). C’est ce Traité qui a
lancé l’idée de la Conférence de Berlin de 1885 au cours de laquelle fut décidé le partage de l’Afrique
en colonies. C’est également ce traité qui a conduit à la fondation de Brazzaville, devenue par la suite
la capitale de l’Afrique équatoriale française (AEF), de la France libre pendant la deuxième guerre
mondiale et aujourd’hui la capitale du Congo.

Distance entre Brazzaville (A) et M’bé (B) : 200 km

Source : Google Maps

Distance entre Brazzaville (A) et M’bé (B) 200 km

Sites sacrés à valeurs historique et culturelle du domaine royal de M’bé

Sources: CRAterre/ DPDC Congo

Sites sacrés à valeurs historique et culturelle du domaine royal de M’bé

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