L’introduction de l’effet Tobin tire ses sources de l’effet Mundell-Tobin. En fait selon ce modèle, les taux d’intérêt nominaux vont augmenter à rythme inférieur à celui de l’inflation parce qu’en réponse à l’inflation les individus détiendront une proportion moindre de monnaie et une part plus importante d’autres actifs dans leur portefeuille. Ceci va conduire à une baisse des taux d’intérêt. En d’autres mots, une croissance du taux exogène de la monnaie augmente le taux d’intérêt nominal et la vitesse de la monnaie, mais diminue le taux d’intérêt réel. Robert Mundell a été le premier à présenter l’inflation anticipée comme un effet économique. Cette théorie a été approfondie par l’économiste James Tobin.
Tobin a approfondi le modèle de Mundell en suivant Solow (1956) et Swan(1956) dans leur raisonnement qui stipule que la monnaie est une réserve de valeur dans l’économie. Selon lui, les individus substituent la consommation courante à la consommation future en détenant soit de la monnaie liquide ou en acquérant des actifs. Dans cette situation, les individus maintiennent leurs précautions d’équilibre malgré le fait que le capital offre un taux de rendement plus élevé.
Dans ce mécanisme de portefeuille, si le taux d’inflation augmente, le taux de rendement de l’avoir monétaire baisse. Selon Tobin, les agents économiques vont plus tard substituer leur avoir monétaire à faible taux de rendement au capital. Ce mécanisme de portefeuille résulte d’un état stable plus élevé du stock de capital. Ainsi selon Tobin, un taux d’inflation élevé permet permanemment de croitre le niveau de la production. Cependant, l’effet sur la croissance de la production est momentané et a lieu durant une transition d’un état stationnaire à un nouvel état. C’est pourquoi, selon Tobin l’impact de l’inflation peut être considéré comme ayant un « effet de chien paresseux » (« lazy dog effect ») là où il induit une forte accumulation du capital et une croissance élevée, seulement jusqu’à ce que le rendement du capital baisse.
En somme, l’effet Tobin suggère que l’inflation pousse les individus à substituer leur avoir monétaire à des actifs lucratifs d’intérêt, qui conduise à une plus grande intensité de capital et relance la croissance économique. Par ailleurs, Tobin(1972) a aussi soutenu qu’à cause des rigidités à la baisse des prix (incluant les salaires), l’ajustement en des prix relatifs durant la croissance économique pourrait être mieux réalisé par le mouvement de hausse des prix particuliers.
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