La notion de développement territorial s’est développée à partir des réflexions sur l’économie industrielle relatées plus haut. Cependant ce type de développement revêt une dimension plus large et prend en compte un panel de secteurs d’activité.
Le territoire permet une construction sociale en plus d’une construction politico-administrative (cas des municipalités). Il constitue le cadre, à l’échelle adéquate, permettant une meilleure perception et le bourgeonnement de dynamiques capables de donner une impulsion aux articulations entre rural et urbain et des propositions d’action collective qui ont un impact plus important sur les caractéristiques et la durabilité des processus de développement (P. Bonnal & Leite, 2007). C’est pourquoi le territoire correspond de plus en plus à l’échelle de raisonnement des stratégies de développement.
Ainsi, selon Pecqueur (Pecqueur, 2005), le territoire n’est pas seulement un espace donné, postulé et prédécoupé sur lequel se déroulent des dynamiques spécifiques sous l’égide des autorités locales, il est aussi et peut-être surtout le résultat d’un processus de construction et de délimitation par les acteurs. Ce processus se construit à travers la constitution de groupes d’intérêt inter-liés, souvent autour de problèmes productifs, qui construisent un dedans et un dehors. Puis ces groupes se renforcent à travers l’histoire par la construction sociale d’un capital cognitif collectif (ou capital social). Les caractéristiques physiques du territoire peuvent être un facteur déterminant dans la construction de ce capital.
Les dynamiques de construction du territoire par le capital social et inversement, celles de construction (renforcement) du capital social par le territoire sont importantes à considérer. La logique d’appartenance (même organisation, l’organisation du territoire par exemple) maintenue par la fréquence des relations et la logique de similitude (même représentation, de type communautaire) entrent en interaction pour renforcer le capital social du territoire (Loudiyi et al., 2004 ; Angeon et al., 2006). Aussi la particularité de l’économie territoriale est qu’elle s’efforce de développer les activités économiques par la mobilisation de ressources territoriales jusque-là restées en réserve, sous la forme de potentiels latents, voire virtuels. Cette activation s’effectue si les conditions de production ou de création de technologies le permettent (Pecqueur, 2006)
Ainsi Lamara désigne les coordinations des acteurs et la mobilisation des ressources territoriales comme les piliers du développement territorial (Lamara ,2009).
Il faut souligner l’importance du processus d’accompagnement de la gouvernance pour un développement territorial. Celui-ci doit se préoccuper de renforcer à la fois le capital humain (qui recouvre les connaissances, compétences et motivations des individus), le capital social (liens entre individus) et le capital institutionnel (constitué des institutions qui encadrent les relations entre individus).
Le territoire peut se concevoir en termes de dynamiques territoriales. Cette conception insiste sur le caractère temporel du territoire qui est le résultat des actions et des représentations passées, mais aussi des projets et projections que la société assume (Piraux 2009). Une analyse des dynamiques territoriales doit être réalisée et déboucher sur la mise au point d’une matrice de lecture qui facilite le diagnostic et l’action. Cet outil doit les aider à construire et à évaluer la pertinence d’un plan de développement du territoire, en prenant en compte sa diversité.
Page suivante : 1.2 UN CONTEXTE POLITIQUE FEDERAL EN RECHERCHE DE LEGITIMITE