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1.2. Risques liés aux déchets

Les DM constituent un problème majeur pour les villes des PED. En effet, les quantités importantes, la diversité de déchets produits, l’insuffisance des infrastructures de traitement et de valorisation, les lacunes d’ordres organisationnel et institutionnel, le déficit de personnels qualifiés, l’absence de l’implication des Etats et le faible niveau d’éducation environnementale de la population constituent les éléments importants de cette problématique (Aina, 2006; Citeretse, 2008). Les DM engendrent des risques, parfois irréversibles sur la santé et l’environnement, pendant leur processus de transformation. Les risques viennent généralement de la pratique utilisée par la population et les ONG pendant le traitement et la valorisation des DM (Derache, 1989; Charnay, 2005; Aina, 2006; Aloueimine, 2006; Albretcht, 2007).

Par exemple, pendant le processus de transformation, les DM libèrent dans l’environnement des substances chimiques diverses telles que les SO2, NO, NO2, NH3, CO2, ML, etc. (Charnay, 2005; Aina, 2006; Aloueimine, 2006; Albrecht, 2007) qui présenteraient d’énormes conséquences sur l’environnement. En effet, les conséquences des DM sur l’environnement et la santé de la biodiversité sont les suivantes: i) les SO2, NO, NO2, CO2 au contact avec les vapeur d’eau atmosphériques, engendrent les pluies acides (Courrier et al., 1973; Animelech et al., 1996; Grove et al., 2004 :

Les effets des pluies acides sur les écosystèmes naturels présentent des conséquences néfastes sur l’homme et la biodiversité (Animelech et al., 1996;Meena et al., 2010). En effet, les pluies acides entraînent les changements du pH dans les écosystèmes naturels. Ces changements peuvent affecter la vie de nombreux êtres vivants. Par exemple, le changement du pH de l’eau peut entraîner la disparition de nombreuses espèces de microorganismes, des mollusques, des poissons, etc. (Chang et al., 2001; Meena et al., 2010). Ceci pourrait perturber l’équilibre de l’écosystème concerné à travers la déstabilisation de la chaîne alimentaire et des cycles biogéochimiques.

L’acidification du sol entraîne la mort de nombreuses espèces (végétales, animales, etc.) dans l’écosystème terrestre. Les conséquences de ces disparitions se résument dans la perturbation de la chaîne alimentaire et des cycles biogéochimiques dans cet écosystème.

Les conséquences de SO2, NO2, NO et CO2 ne se limitent pas seulement à la production des pluies acides. Ils présentent d’autres conséquences majeures. A titre d’exemple, l’accumulation de NO3 chez certains organismes vivants peut affecter toute la chaîne alimentaire. L’accumulation des nitrates chez l’homme à partir de son alimentation peut causer la méthémoglobinémie dont les symptômes sont cités par Andrade, (2006) de la manière suivante: la cyanose, dyspnée, asthénie, vertiges, céphalées, syncope, troubles de la conscience, coma, convulsions, défaillance circulatoire, troubles du rythme cardiaque. Le décès peut intervenir en absence de tout traitement. L’excès des nitrates dans le tube digestif peut conduire à la formation des nitrosamines qui sont des puissants agents cancérigènes (Aelterman et Embrechts, 1989). ii) Les DM dans les PED contribuent à la dispersion des ML dans tous les composants de l’environnement (Europe rapport, 2002; Mwashole, 2003; WHO, 2007). En effet, les ML sont des éléments traces métalliques de densité supérieure à cinq (Nies, 1999; Salvarredy, 2008). Leur concentration moyenne dans l’environnement est supérieure à 0,1 % (1000 ppm) alors qu’elle est supérieure à 0,01 % (100 ppm) dans les tissus des êtres vivants (Cubaka, 2010).

Trois facteurs contribuent aux méfaits des ML comme polluants de l’environnement: premièrement, ils ne peuvent pas être transformés dans les processus biologiques comme c’est le cas pour la plupart des polluants organiques, deuxièmement, ils sont facilement assimilables dans les tissus et sont non dégradables et troisièmement, ils peuvent s’accumuler dans les tissus des organismes vivants par le processus de bioaccumulation (Reza et Singh, 2010;Nies, 1999).

L’accumulation des ML chez l’homme peut avoir des effets néfastes sur le contrôle des fonctions biologiques car ils affectent les systèmes hormonal et enzymatique ainsi que la croissance des différents tissus de l’organisme (WHO, 2007; Rajaganapathy et al., 2011). Par exemple, l’exposition au cadmium entraîne la destruction des reins, le développement des différents cancers, l’hypertension, etc. (WHO, 2007; UNEP, 2008).

L’accumulation du plomb chez l’homme cause le cancer, le développement d’une immunité dans laquelle les cellules immunitaire s’attaquent aux cellules de l’organisme, etc. (WHO, 2007; Rajaganapathy et al., 2011).

iii) Les DM dans les PED sont pour la plupart des déchets fermentescibles (Charnay, 2005; Aina, 2006; Aloueimine, 2006). Ces déchets sont généralement déchargés dans l’environnement sans aucun traitement (Charnay, 2005; Aloueimine, 2006). Ils constituent un endroit favorable pour le développement des microorganismes pathogènes et agents vecteurs des maladies telles que la malaria, la fièvre typhoïde, le choléra, etc. (Sadeghi et al., 2007; Kuitcha et al., 2010). Ces maladies pourraient causer le déséquilibre des écosystèmes à travers le taux de mortalité élevé et pourraient constituer une charge pour les familles et l’Etat a travers la protection des écosystèmes naturelles, le coup de traitement élevé et pourraient rendre la lutte contre la pauvreté inutile ainsi que d’autres objectifs du millénaire pour le développement.

iv) La décharge des DM dans l’eau est une pratique courante dans de nombreux PED (Belaid, 2010). Cette manière de se débarrasser des déchets peut conduire au phénomène d’eutrophisation (Animelech et al., 1996; Blanc et al., 1999; Carr and Neary, 2008; Unicef, 2008). En effet, l’eutrophisation est liée à l’excès de nutriments dans l’eau. Ce rejet excessif provoque des changements biologiques, chimiques et physiques dans les écosystèmes aquatiques (Preston-Mafhan et al., 2002). Les effets biologiques de l’eutrophisation consistent en la croissance excessive des algues et des cyanobactéries (Rio et al., 2001; Carr and Neary, 2008; Unicef, 2008). Les algues sont plus observées à la surface de l’eau, elles capturent les rayons solaires produisant ainsi une grande quantité d’oxygène par le mécanisme de la photosynthèse (Garland et Mills, 1991). Lorsque ces algues meurent, ils s’accumulent dans la profondeur de l’eau où ils se décomposent. La décomposition de ces algues par les bactéries s’accompagne de la consommation d’oxygène et crée ainsi une zone anaérobique dans la profondeur (Garland et Mills, 1991; Carr and Neary, 2008). Certaines espèces d’algues produisent des toxines qui affectent négativement la santé des écosystèmes aquatiques à travers la chaîne alimentaire (Baddi et al., 2004).

L’eutrophisation favorise la multiplication de certaines espèces d’êtres vivants dans l’écosystème aquatique. Elle entraine ainsi la croissance de la biomasse et la diminution de la biodiversité dans l’écosystème (Garland et Mills, 1991). Par exemple, l’eutrophisation favorise la multiplication des algues et des espèces aquatiques qui se nourrissent des algues alors qu’elle défavorise les espèces qui ne se nourrissent pas des algues.

Les effets physiques de l’eutrophisation se manifestent par la détérioration de la qualité physique de l’eau. En effet, elle entraine le changement de la couleur de l’eau qui empêche la pénétration des rayons solaires dans la profondeur. Les algues qui se développent à la surface d’une telle eau peuvent empêcher les mouvements de l’eau mais aussi les mouvements des bateaux dans cette eau. Enfin l’eutrophisation peut réduire les activités sportives dans l’eau et d’autres activités récréatives et par conséquent le revenu que pourrait générer le tourisme (Garland et Mills, 1991; Carr and Neary, 2008; Unicef, 2008).

Les effets chimiques de l’eutrophisation se manifestent par la diminution de la quantité d’oxygène dans l’eau. En effet, l’écosystème aquatique contient généralement une petite quantité d’oxygène dissous (UN-Water, 2011). Lorsque les matières organiques sont décomposées par les bactéries aérobies, le processus s’accompagne de la consommation de l’oxygène (Rio et al., 2001). La diminution de la concentration de l’oxygène dans l’eau peut également être justifiée par les plantes qui se développent dans l’obscurité dans la profondeur de l’eau (Rio et al., 2001). Le manque de l’oxygène dans les milieux aquatiques à la suite de la décomposition des déchets à l’intérieur, pourrait entrainer la disparition de nombreuses espèces biologiques, Il pourrait accélérer la prolifération des nutriments et d’autres polluants dans l’eau (Rio et al., 2001). Par exemple, les ML et les composés organiques sont généralement attachés dans les déchets et sont généralement moins toxiques. En effet, lorsqu’ils sont séparés, pendant la décomposition des déchets, les ML sont libres de même que les composés organiques, ils peuvent devenir plus toxiques qu’auparavant à travers la chaine alimentaire (Rio et al., 2001; Salvarredy, 2008).

La décomposition des déchets dans les écosystèmes aquatiques entraine la production des protons H+ susceptibles de changer le pH de l’eau avec des conséquences sur la biodiversité (Carr and Neary, 2008).

En RDC et particulièrement dans la ville de Bukavu, les déchets sont jetés dans l’environnement sans contrôle ni traitement. Ces déchets se décomposent aux bords des routes, dans les terrains vides, les canalisations et dans l’eau qui les reçoivent après leur évacuation des ménages (Photos en annexe 3). D’autres déchets, par contre, sont incinérés par la population lorsqu’ils sont sèches (Ntabugi, 2006; Mubwebwe, 2009). Cette mauvaise gestion des déchets dans la ville de Bukavu pourrait conduire à la pollution de l’environnement par les ML, les pathogènes, les nitrates et d’autres substances chimiques de nature à perturber l’équilibre des écosystèmes et les cycles biogéochimiques.

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