Au 20ème siècle, il n’y avait que deux médias qui permettaient de découvrir des films, contenus : le cinéma et la télévision. De même, il n’y avait que deux moments pour assister à la diffusion de ces événements : la sortie cinéma et la diffusion à la télévision. Ces deux médias avaient donc un pouvoir d’attraction conséquent.
Aujourd’hui, nous évoquons presque le « non-événement » qui a pourtant fait la gloire des chaînes généralistes. En effet, dans l’hypothèse où un individu n’a pu assister à la sortie en salles de cinéma, il n’a plus un, mais une infinité de moyens et moments pour le visionner. Le cycle d’exploitation d’une oeuvre est très éloignée de celle limitée aux diffusions cinéma et télévision. Le schéma est aujourd’hui le suivant : Sortie cinéma, puis sortie DVD, puis disponibilité en VOD, puis diffusion sur Canal+, puis sur les chaînes cinéma premium, et enfin sur les chaînes généralistes.
Les chaînes généralistes ne représentent plus que le dernier maillon de l’exploitation d’une oeuvre. Or, plus le cycle d’exploitation tend vers les chaînes généralistes, plus les individus auront déjà été nombreux à avoir visionné l’oeuvre.
Au-delà de l’érosion d’audience, les chaînes généralistes perdent aussi tout symbole d’exclusivité. Désormais, si le téléspectateur n’a pas découvert l’oeuvre avant la diffusion sur une chaîne généraliste, et qu’il en rate aussi cette occasion, il a tout autant de possibilité de la voir autre part, à un autre moment. (6) (7)
Les chaînes historiques ont donc bel et bien perdu leur pouvoir d’attraction, mais ce n’est pas tout…
(6) L’apparition du film à l’antenne généraliste : un non-événement (Jean Louis MISSIKA – La fin de la télévision – Edition Seuil, La République des Idées – P.5):
Avant : il y’avait la sortie cinéma puis diffusion à la télévision.
Aujourd’hui : Il y’a la sortie cinéma puis en DVD, puis en VOD, puis diffusion sur Canal+, puis sur les chaînes cinéma et enfin sur les chaînes généralistes.
(7) Si le téléspectateur rate la diffusion du film événement à la télévision, il a la possibilité de le voir autre part à un autre moment. (Alain DUVOCHEL, Le nouveau paysage audiovisuel français, 2006)