Nous travaillons toutes les deux dans le champ du handicap et voulons aborder d’autres thèmes que ce que nous avons l’habitude de côtoyer dans notre vie professionnelle.
Nous éprouvions le besoin d’élargir notre horizon, pour être dans une vision plus généraliste et peut-être changer nos représentations sociales sur l’intégration et la discrimination. Nous avons eu toutes les deux, une formation continue au sujet de l’affectivité et de la sexualité des personnes vivant en situation de handicap avec Mme Agthe-Diserens (sexologue). Durant cette formation, nous avons approfondi le sujet de la sexualité, qui est souvent mal perçu par les professionnels. C’est encore un sujet tabou, mais pas seulement chez les professionnels, également dans la majorité de la société ; cette dernière a des représentations (notamment, la vision judéo-chrétienne) qui sont induites, peut-être par l’idée, que le plaisir qui prime est considéré comme immoral. La sexualité doit, hypothétiquement en premier lieu, assurer la pérennité de l’espèce.
Ainsi certaines pratiques sexuelles comme la masturbation, l’expérience homosexuelle et certaines personnes touchées dans leur intégrité psychique et/ou physique sont le plus souvent discriminées. Elles ne relèvent pas de la reproduction et, sont donc la plupart du temps considérées comme des sujets tabous.
L’affectivité et la sexualité permettent également de ne pas être seul et d’être en lien. C’est ce deuxième sujet qui nous tient particulièrement à cœur et que nous souhaitions étudier dans le parcours de vie des détenus.
Si nous avons privilégié la question de la vie affective dans le milieu carcéral fermé, c’est parce que c’est encore un sujet tabou, même pour nous, ainsi peu abordé et cela nous a donné l’envie de l’approfondir.
Par conséquent, nous avons utilisé l’opportunité du travail de bachelor pour traiter cette question.
Après diverses lectures, nous avons pu constater que les témoignages sur l’affectivité féminine et masculine différaient.
En conséquence, nous avons préféré cibler notre recherche sur le genre masculin car il nous semblait que les hommes ont plus de difficultés à exprimer comment ils vivent leur affectivité.
Nous avons choisi l’adulte et non l’adolescent car ce dernier est en pleine construction de sa personnalité et ainsi peut être en prise avec d’autres phénomènes qu’un adulte pourrait vivre.
Ainsi, « nos objets » de recherche sont les personnes incarcérées en prison, leurs conditions de vie, les relations qu’elles ont avec leur environnement dans cette rupture ponctuelle.
Pour notre part, nous pensons que la privation de liberté n’entraine pas une absence de besoin d’affectivité pour les personnes qui sont incarcérées.
De plus, nous proposons que la sexualité fasse partie de la vie affective.
Dans nos motivations, nous avons eu différentes réflexions dépendantes de la sociologie. La société, pense-t-elle que lorsqu’il y a condamnation, les détenus n’ont plus aucun droit ? Ne peut-elle imaginer une affectivité, des formes de sexualité au sein d’un groupe d’individus de même sexe ?
Nous avons finalement choisi pour ce travail de bachelor une orientation phénoménologique pour éclairer quelque « chose » de compliqué et de ne pas effectuer une lecture sociologique de la vie en prison.
De plus, lors de notre formation à la HETS nous n’avons pas étudié cette approche ainsi ce travail de bachelor nous a permis d’élargir nos connaissances.
En bref, nos motivations découlent de deux axes principaux. Le premier est l’envie d’élargir notre horizon professionnel et le second de lever le voile sur le tabou de l’affectivité et de la sexualité dans le milieu carcéral.