Un stéréotype est formé de l’assortiment de divers éléments de connaissances. Il est question d’un système cognitif comprenant des connaissances et des représentations mentales, apposés à une catégorie ou un groupe, et qui est conservé en mémoire. L’appartenance à une catégorie est déterminée selon Bruner, Goodnow et Austin, 1956 (in Légal, 2008) par un nombre fini de traits sachant que chacun d’entre eux est essentiel.
Cette vision a rapidement été délaissée au bénéficie des paradigmes de la psychologie cognitive (Légal, 2008). Rips, Shoben et Smith, 1973 (in Johnson, 2001) nuancent cette vision, pour eux certains objets d’une catégorie comme une bouteille ou une plante sont plus typiques d’une catégorie que d’autres objets.
Rosch et Mervis, 1975 (in Johnson, 2001) suggèrent que l’inscription dans une catégorie se fait selon un certain niveau. Une catégorie serait représentée par un élément prototypique qui est le plus caractéristique de celle-ci.
1.3.1. Modèle par exemplaires et modèle par prototype
Deux types de modèles se sont développés pour expliquer la façon dont ces structures cognitives sont acquises : le modèle par exemplaires et le modèle par prototypes. L’approche associationniste est basée sur les principes d’un apprentissage associatif et met l’accent sur l’histoire de l’apprentissage l’individu. Les bons exemples de la catégorie sont ceux qui ont fréquemment été associés à la catégorie dans le passé.
La mémoire se limite alors à retenir peu à peu les informations données. Alternativement, la comparaison basée sur la similarité implique un processus de détermination du degré avec lequel un exemple partage les traits ou propriétés commun(e)s avec les exemples stockés du concept.
Dans ce cadre théorique, les bons exemples de la catégorie sont ceux qui sont similaires au prototype de la catégorie. C’est donc le prototype et non l’information sur l’objet ou l’individu, qui va permettre de décider l’inscription ou non aux membres de la catégorie (Johnson, 2001).
Recentrons notre question : Qu’est-ce qu’on rencontre au sein du stéréotype ? Il comprend un ensemble de connaissances à propos des traits d’une catégorie, l’aspect physique, le comportement ou la personnalité de ses membres. On y repère des exemplaires typiques de la catégorie (Légal, 2008). Par exemple, examinons quelques traits souvent reliés aux personnes d’origine nord-africaine.
Quand vous songez à cette catégorie d’individus, des traits vous viennent en tête. Au sein de ceux-ci, vous avez peut-être estimé qu’une personne de cette catégorie parle fort et en arabe (comportements), que ses cheveux sont bruns, crépus et touffus (caractéristiques physiques), qu’elle a une réflexion limitée (capacités), est avare et agressive (personnalité).
Les stéréotypes que vous exprimez ne sont pas nécessairement négatifs et vous pouvez également penser qu’une personne d’origine nord-africaine est chaleureuse et extravertie (comportements), que son teint est doré et son regard expressif (caractéristiques physiques), qu’elle a de bonnes capacités à courir (capacités), qu’elle est accueillante et généreuse (personnalité). Vous avez éventuellement imaginé le visage de votre voisin, de Tariq Ramadan ou Zinedine Zidane (exemplaire typique).
On trouvera des variations conséquentes concernant le degré de définition et de contenu des stéréotypes. De ce fait, des stéréotypes sont emplis de contenu et amène vers des connaissances s’appliquant à de nombreuses caractéristiques et comportements de la catégorie visée tandis que d’autres seront maigres et seront restreints à un nombre d’informations très faible.
Ces variations trouvent leur origine dans différents éléments : culture, enseignement, considération individuelle du stéréotype etc. Le contenu des stéréotypes d’une personne avec un niveau de préjugés élevé sera probablement composé majoritairement d’éléments négatifs (les maghrébins sont paresseux, virulents, etc.) alors que celui des personnes avec un bas niveau de préjugés contiendra non seulement des éléments négatifs mais aussi des éléments positifs (les maghrébins sont virulents mais ils sont bons marathoniens). Les stéréotypes sont donc différents d’une personne à l’autre.
Par définition, les stéréotypes sont des croyances, parfois erronées mais contenant fréquemment des éléments de vérité. Quoi qu’il en soit, les stéréotypes sont des schématisations de la réalité et reflètent une inclination à l’exagération des ressemblances au sein du groupe stéréotypé (Légal, 2008).
1.3.2. Contenu descriptif et contenu explicatif
Le contenu descriptif des stéréotypes est étudié afin de mettre en évidence la perception homogène des autres groupes. Dans ces investigations, une mesure porte sur l’endogroupe et l’exogroupe. Cette mesure peut par exemple être effectuée par questionnaire où les sujets doivent évaluer si les traits proposés s’appliquent ou non à un groupe communautaire (ex : les japonais sont travailleurs). Ce type de mesure permet de mettre en évidence ce que le sujet exprime explicitement sur une population mais présente l’inconvénient d’être peu sensible notamment à cause du biais de désirabilité sociale.
Le contenu explicatif des stéréotypes concerne la fonction du stéréotype, ses dimensions cognitive, affective et émotionnelle. Les études portent ici sur le « sens commun », c’est-à-dire l’explication que tout-un-chacun tente de donner à ses cognitions.
Ainsi, lorsque le sujet est placé dans un cas de dissonance cognitive (par exemple : « je suis militant écologiste» or « je prends un bain tous les jours »), on pourra généralement mettre en évidence chez le sujet un travail de rationalisation afin de rétablir la consonance (ex : « je suis en train d’installer un bac de récupération d’eau de pluie pour mon potager biologique, ce qui compense l’eau de mon bain ».)
Ainsi, le stéréotype sert à simplifier l’environnement mais pas uniquement en réduisant l’information, il est aussi pour fonction de remplir un besoin d’explication de la réalité (Sales-Wuillemin, 2006).
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