Les institutions financières exécutent trois fonctions de base en tant qu’intermédiaires financiers. En premier lieu, elles fournissent aux acteurs économiques des moyens de paiement (solution la plus efficace pour transférer un droit de propriété et donc réduire le coût global de la transaction). Deuxièmement, elles réduisent le problème de l’information asymétrique en transformant des fonds ; afin que l’offre à court terme de faibles montants (principalement déposés par des particuliers) rencontre la demande à long terme de montants plus importants (les emprunteurs étant des entreprises ayant un besoin de financement). Enfin, les institutions financières examinent la situation des potentiels emprunteurs, surveille leur activité et s’assure des remboursements (19).
C’est la combinaison de ces fonctions qui expose dangereusement les institutions financières à des risques d’instabilité et de crise systémique. En effet la fonction de transformation impose à ces institutions de prévoir un risque de liquidités (dans la mesure d’une discordance entre actifs à court terme et dettes à long terme). Les banques doivent donc prévenir des chocs de liquidités en se finançant par le biais d’un marché des liquidités (20): le marché interbancaire. Il en résulte une forte interdépendance entre les institutions bancaires. En outre, les institutions financières s’appuient fortement sur l’endettement et les informations exclusives qu’elles détiennent sur leurs clients, ce qui peut les inciter à prendre des risques excessifs.
Trois arguments résultant de ces constations, peuvent justifier un traitement particulier du secteur financier (21), c’est-à-dire l’octroi d’aides publiques.
Tout d’abord, en raison de l’interdépendance entre les institutions financières à travers le marché interbancaire et le système commun de paiement, la faillite d’une institution financière pourrait avoir un coût global important et engendrer des effets négatifs sur les autres institutions, ainsi que sur la stabilité financière en général et sur le système de paiement (a). Deuxièmement, financement par les banques est un outil économique indispensable et unique au fonctionnement de l’économique, qu’il convient de sauver(b). Enfin, ayant constaté la faiblesse des dispositifs de sécurité mis en œuvre (« safety net arrangements »), l’État ne peut s’effacer devant son rôle de prêteur en dernier ressort, ce qui ne va pas sans poser le problème de l’aléa moral (c).
19 BECK, COYLE, DEWATRIPONT, FERIXAS, SEABRIGHT, Bailing out Banks : Reconciling Stability and Competition. London , Centre for Economic policy Research, 2010, p.9, disponible sur : http://www.cepr.org/pubs/other/bailing_out_the_banks.pdf.
20 Ibid.
21 BECK, COYLE, DEWATRIPONT, FERIXAS, Op. cit.
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