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2. ANALYSE DES PROFILS COMPORTEMENTAL ET PSYCHOGRAPHIQUE DES CITOYENS BELGES

Dans cette dernière partie, nous allons examiner le comportement des Belges vis-à-vis de la donation et les raisons qui les poussent à faire des dons à des organisations philanthropiques. Les données que nous allons analyser proviennent du Baromètre de la Philanthropie, enquête réalisée par l’Ipsos Social Research Institute à l’initiative de la Fondation Roi Baudouin. Cette enquête a été menée par téléphone, auprès de 1000 Belges âgés de 18 ans et plus, entre le 9 et le 31 mars 2011.

2.1 PROFIL COMPORTEMENTAL

Le baromètre de la philanthropie s’est tout d’abord intéressé à la proportion de donateurs dans son échantillon, et au montant des dons réalisés par ces derniers au cours des 12 mois précédant l’enquête.

FIGURE III-22

Source : IPSOS Social Research Institute, Fondation Roi Baudouin, Baromètre de la Philanthropie, Mesure de zérotage.(18)

Comme le montre la Figure III-22, 56% des belges de plus de 18 ans auraient fait au moins un don entre mars 2010 et mars 2011. Cette proportion de donateurs dans le pays semble élevée, au vu du pourcentage de ménages donateurs observé dans la première partie de notre analyse ; nous avions déterminé que la proportion de ménages donateurs en 2010 s’élevait à 20,3%.

Etant donné qu’un ménage privé moyen se composait en 2009 de 2,31 personnes, (18) l’indice du baromètre de la philanthropie semble, à première vue, surévalué.

Le biais peut, selon nous, être imputé à deux causes principales :

Tout d’abord, L’indice de 2,31 personnes par ménage s’applique aux ménages privés ; cependant, l’ensemble de la population ne vit pas dans des ménages privés, une partie des citoyens belges vit dans des ménages collectifs – des communautés religieuses, des maisons de repos, des orphelinats, des logements pour étudiants ou travailleurs, des institutions hospitalières et des prisons– qui rassemblent un nombre important de personnes.

Ensuite, les deux études peuvent avoir des définitions différentes du don ; il est possible, que l’achat d’un produit au profit d’une organisation ait été considéré comme un don dans le baromètre de la philanthropie alors que l’Enquête sur le Budget des Ménages ne considère que les dons sous forme de versement d’argent de la part du donateur.

Il est par ailleurs important de souligner que la période considérée dans le baromètre de la philanthropie est particulière ; le séisme en Haïti a provoqué un élan important de générosité en Belgique, la proportion de ménages donateurs a augmenté dans les trois régions du pays(20) et cette catastrophe a eu lieu en janvier 2010 – 2 mois avant la période devant être considérée par les personnes interrogées pour déterminer si elles avaient ou non fait un don. Il est donc possible qu’une partie des personnes interrogées ait uniquement fait un don en réaction à cette catastrophe.

Notons également que les personnes qui déclarent avoir fait un don sont – d’après Ipsos – plutôt âgées, font parties des classes sociales supérieures et considèrent la philanthropie comme essentielle. Le profil des non-donateurs est résolument plus jeune, il s’agit de personnes qui se situent globalement dans des classes sociales inférieures et qui considèrent la philanthropie comme secondaire.

Le fait qu’il y ait plus de donateurs parmi les classes sociales les plus élevées confirme les observations réalisées précédemment dans notre analyse ; nous avons en effet déterminé que la proportion de ménage donateurs augmentait avec le niveau de revenu. (21)

FIGURE III-23

Source : IPSOS Social Research Institute, Fondation Roi Baudouin, Baromètre de la Philanthropie, Mesure de zérotage.

Comme on peut le voir sur la Figure III-23, La majeure partie des donateurs interrogés a, entre mars 2010 et mars 2011, donné moins de 99€ sur une année ; presqu’un donateur sur cinq a donné entre 100 et 249€ ; et un peu plus d’un donateur sur dix a donné plus de 250€. Notons, à nouveau, que le don moyen annuel par ménage donateur était exceptionnellement élevé pour l’année 2010 étant donné la catastrophe qui a pris place en Haïti(22). De ce fait, il est possible que les résultats obtenus sur ce pie chart soient biaisés par cet évènement et qu’ils ne reflètent pas le comportement usuel – hors situation de crise – des donateurs belges.

2.2 PROFIL PSYCHOGRAPHIQUE

FIGURE III-24

Source : IPSOS Social Research Institute, Fondation Roi Baudouin, Baromètre de la Philanthropie, Mesure de zérotage.

Intéressons-nous maintenant à la manière dont la philanthropie est généralement perçue par les citoyens belges. Comme nous l’observons sur la Figure III-24, la philanthropie revêt un caractère important pour 74% des Belges ; et parmi eux, 23% la considèrent même comme essentielle. Ce constat est plutôt une bonne nouvelle pour les ONG actives à l’intérieur de nos frontières ; elles peuvent a priori espérer être reconnues et encouragées par la majorité de nos concitoyens. On peut également émettre l’hypothèse selon laquelle les 23% de Belges de plus de 18 ans qui considèrent la philanthropie comme essentielle sont, eux-mêmes, donateurs.

FIGURE III-25

Source : IPSOS Social Research Institute, Fondation Roi Baudouin, Baromètre de la Philanthropie, Mesure de zérotage.

On constate, grâce à la Figure III-25, que les trois premières causes qui sont favorisées par les Belges sont la santé et la recherche médicale, l’aide aux personnes défavorisées, et l’action humanitaire et l’aide aux pays pauvres.

FIGURE III-26

Source : IPSOS Social Research Institute, Fondation Roi Baudouin, Baromètre de la Philanthropie, Mesure de zérotage.

On note, en observant la Figure III-26, qu’un peu plus de la moitié des Belges de plus de 18 ans – 52% d’entre eux – estime que la cause défendue par l’organisation est un critère de choix plus important que les résultats obtenus par celle-ci quand il s’agit de faire un don. Par ailleurs, 44% des Belges accordent plus d’importance aux résultats obtenus qu’à la cause défendue.

La population semble partagée quant à ces deux critères de choix ; ils ont tous deux une importance relative très proche. Les organisations doivent donc aussi bien communiquer sur les actions qu’elles s’apprêtent à mener que sur les résultats atteints précédemment.

FIGURE III-27

Source : IPSOS Social Research Institute, Fondation Roi Baudouin, Baromètre de la Philanthropie, Mesure de zérotage.

On constate, à travers la Figure III-27, que la majorité des Belges – 54% d’entre eux –, préfère donner dans le cadre d’un soutien structurel, sur le long terme plutôt qu’en réaction à une catastrophe ; 39% des interrogés déclarent par contre qu’ils sont plus enclins à donner lors d’une catastrophe.
C’est cette dernière proportion de la population qui explique très certainement les pics observés lors de catastrophes majeures sur les graphiques analysés précédemment dans cette étude.

FIGURE III-28

Source : IPSOS Social Research Institute, Fondation Roi Baudouin, Baromètre de la Philanthropie, Mesure de zérotage.

Le manque de moyens est, comme le montre la Figure III-28, la raison la plus souvent évoquée par les Belges pour ne pas faire de don. Ensuite, sont évoqués dans l’ordre : l’inutilité perçue du don, le manque d’intérêt pour la philanthropie, et le manque d’informations sur la philanthropie ; ces trois dernières raisons sont majoritairement évoquées par des jeunes. Les jeunes sont, en effet, moins enclins à la philanthropie que les adultes ou les personnes âgées; le baromètre dépeint le philanthrope belge type comme âgé de 65 ans et plus, appartenant à des classes sociales supérieures et bénéficiant d’une éducation de l’enseignement supérieur.

Notons que les organisations caritatives ont, avant tout, un travail d’information et de communication à entreprendre vis-à-vis de la population belge pour la motiver à donner. En effet 48% des personnes interrogées disent ne pas faire de don par manque d’informations et 42% estiment que leur don ne sera pas utile. Les organisations doivent donc insister sur l’utilisation faite des dons et communiquer un maximum pour que le donateur dispose de suffisamment d’informations et soit, par conséquent, mis en confiance.

FIGURE III-29

Source : IPSOS Social Research Institute, Fondation Roi Baudouin, Baromètre de la Philanthropie, Mesure de zérotage.

Pour terminer notre analyse du profil psychographique des citoyens belges vis-à-vis de la donation, intéressons-nous, via l’observation de la Figure III-29, à la manière dont les Belges désireraient voir les organisations caritatives communiquer.

La majorité des Belges attend des informations claires et précises de la part des organisations ; un peu plus d’un belge sur cinq réclame des images fortes ; et un belge sur dix souhaite une communication qui combine les deux types précédents. Ceux qui sont demandeurs d’informations claires et précises sont majoritairement des donateurs, relativement âgés ; ceux qui attendent des images fortes sont principalement des non-donateurs, relativement jeunes.

Les organisations caritatives doivent donc fournir des informations claires et précises à leurs donateurs âgés pour les encourager à maintenir ou à augmenter leur niveau de donation et elles doivent produire des images fortes pour motiver les plus jeunes à devenir donateurs. La communication des organisations philanthropiques doit donc être ciblée et spécifique aux profils sollicités.

2.3 CONCLUSION DE LA 2ÈME PARTIE

Les Belges de plus de 18 ans perçoivent majoritairement la philanthropie comme quelque chose d’important ; c’est une bonne nouvelle pour les organisations caritatives du pays. Les donateurs belges – principalement des personnes âgées, éduquées et faisant partie de classes sociales élevées – considèrent même, pour la plupart, la philanthropie comme essentielle.

56% des individus belges de plus de 18 ans auraient fait des dons entre mars 2010 et mars 2011 ; cet indice est élevé par rapport au pourcentage de ménages donateurs – de 20,3% en 2010 – observé dans la première partie de notre analyse. Le biais peut notamment être expliqué par une définition différente du don dans les deux études.

Les Belges sont plutôt sensibilisés par les projets liés à la recherche médicale et, dans une moindre mesure, par des organisations actives dans les domaines de l’aide aux personnes défavorisées et de l’action humanitaire dans les pays pauvres. Ils accordent tout autant d’importance aux causes défendues par les organisations qui les sollicitent, qu’aux résultats obtenus par ces dernières sur le terrain. Ils préfèrent majoritairement soutenir des organisations qui agissent sur le long terme ; cependant, ils restent nombreux à privilégier le soutien en réaction à des catastrophes.

Ceux qui ne donnent pas l’expliquent principalement par le manque de moyens dont ils disposent ; ils évoquent aussi le manque d’information, le manque d’intérêt et la perception que leur don ne sera pas utile.

Enfin, les donateurs belges attendent des organisations qu’elles communiquent des informations claires et précises. Les jeunes – majoritairement non-donateurs – réclament, en plus des informations, des images fortes.

18 IPSOS SOCIAL RESEARCH INSTITUTE, FONDATION ROI BAUDOUIN, Baromètre de la Philanthropie – Mesure de zérotage,http://www.kbs-frb.be/uploadedFiles/KBS-FRB/Files/Verslag/Tendances-Indice-de-la-philanthropie-présentation-des-résulats-Enquête-IPSOS.pdf. (page consultée le 10 juillet 2012).
19 PORTAIL BELGIUM INFORMATIONS ET SERVICES OFFICIELS, Actualités concernant les ménages, http://www.belgium.be/fr/actualites/2011/news_statistiques_menages.jsp. (page consultée le 10 juillet 2012).
20 Cf. supra Figure III-1, p. 20.
21 Cf. supra Figure III-16, p. 39.
22 Cf. supra Figure III-1, p. 20.

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