2.1. Les écrits médiévaux(3) :
Au nombre de neuf, les textes médiévaux contemporains de la catastrophe ont été produits sur trente-trois ans, de 1250 à 1282-1283, par six auteurs, tous ecclésiastiques (quatre dominicains, un franciscain et un bénédictin). L’ensemble de ces textes a été traduit par Jacques Berlioz(4) qui reprend et poursuit les premières études, entreprises par les chanoines François Trépier (Trépier, 1886) et Marc Perroud (Perroud, 1948), avec la découverte de six nouveaux textes. Si aucun de ces récits n’est un témoignage direct, ils sont essentiels pour l’historien des catastrophes naturelles qui s’interroge aussi sur la façon dont de tels évènements sont perçus et transmis par les populations. Il faut souligner leur qualité et ce pour plusieurs raisons.
Indépendants les uns des autres, ces six auteurs ont chacun écrit une oeuvre originale. Nous ne trouvons donc pas un témoignage qui serait repris plusieurs fois. Ils prennent place dans des récits historiques, sauf celui d’Etienne de Bourbon qui est un recueil d’anecdotes exemplaires destinées aux prédicateurs (désigné sous le terme d’exempla(5)). Les auteurs sont d’origines géographiques diverses : France, Angleterre, Italie, voire Est de l’Europe, et au cours des quarante années qui ont suivi la catastrophe (temps court entre un évènement et son écriture pour la période médiévale). Certains cherchent à exposer un récit qui soit le plus proche possible de la réalité et mènent leur enquête, comme Fra Salimbene, moine franciscain, qui profite d’un voyage en France pour en apprendre plus ; Matthieu Paris, moine bénédictin anglais, au contraire n’évoque que des bruits et rumeurs. Ainsi la nouvelle de cet événement a circulé rapidement dans l’ensemble de l’Europe et a été largement rapportée dans toute la chrétienté occidentale.
Etienne de Bourbon rédige en dix ans un recueil important d’exempla, le Traité des divers manières à prêcher, qui contient plus de trois mille récits. L’exemplum de la chute du Granier (La chute d’une montagne et ensuite son déplacement en Savoie) illustre selon son auteur le « pouvoir de la prière qui peut déplacer les rochers et les montagnes ». Fra Salimbene rédige à soixante ans la somme de ses expériences de vie intitulée Chronique, recueil dans lequel se trouve : « Les montagnes qui s’écroulèrent dans la terre du comte de Savoie et recouvrirent sept paroisses et tuèrent quatre mille homes, l’an du seigneur MCCXLVIII ». Matthieu Paris, est le plus prolixe des six auteurs. Son oeuvre la plus étudiée, La Grande Chronique était connue depuis longtemps comme source pour l’étude du mont Granier. Mais trois autres textes en sont directement dérivés et présentent des variations intéressantes : Histoire des Anglais, Abrégé des chroniques, et Les fleurs de l’histoire. Martin le Polonais, dominicain de Silésie, est le seul à rédiger un texte à portée historique pour ses contemporains : Chronique des souverains pontifes et des empereurs. Les Annales d’Erfurt des frères Prêcheurs est un texte anonyme sans doute rédigé par un des frères prêcheurs du couvent dominicain d’Erfurt. Jacques Berlioz le juge comme un témoignage précieux malgré l’anonymat car « leur rédaction à suivit de très près les évènements décrits » (Berlioz, 1998 a, p. 70). Enfin le dernier texte est celui d’un dominicain, Gérard de Frachet intitulé Chronique Universelle.
De cet ensemble de texte quelques informations peuvent être tirées. La date de la catastrophe généralement admise est celle de la fin de l’année 1248 (Berlioz, 1998 a, pp. 77-79). En effet trois auteurs placent l’évènement en 1248 juste après un important raz de marée qui dévasta les côtes anglaises le vingt-quatre novembre de cette même année. Deux auteurs précisent que le drame eu lieu la nuit. Le « portrait de la montagne » (Berlioz, 1998 a, p. 82) occupe une place importante dans l’ensemble des textes et les auteurs insistent sur sa hauteur et sa composition. Ils présentent tous une montagne faite de terre et de rochers, et pour Etienne de Bourbon la montagne ne se serait pas effondrée mais déplacée(6). Nous pouvons y voir le témoignage indirect de l’importance de la coulée de boue et des blocs présents dans la vallée. L’influence de la Bible est très présente dans ces différentes descriptions et le Livre de Job est plusieurs fois cité (Livre de Job, chap. 14, verset 18 : « une montagne finit par s’écrouler, un rocher par changer de place »).
Quant aux conséquences, tous les auteurs fournissent une estimation de la surface recouverte par les éboulis produits par l’effondrement. Toutefois les chiffres varient de façon importante, allant certainement de la surface la plus visible recouverte par les rochers, jusqu’aux mesures qui correspondent à la plus grande étendue admise aujourd’hui. Les textes situent les pertes humaines entre mille hommes pour le plus modeste, et dix mille hommes pour le plus important (les recherches actuelles proposent un chiffre situé entre mille et deux milles hommes)7. Deux auteurs décrivent la manière dont les habitants périrent parlant « d’hommes étouffés » et « écrasés » (Martin le Polonais et Gérard de Frachet) ; les autres auteurs restent plus généraux. Les destructions matérielles évoquées sont conséquentes : « village détruits » (au nombre de seize chez Etienne de Bourbon), avec leurs moulins, étables et bergeries. Certains auteurs précisent la disparition des établissements religieux : l’Eglise de Saint-André, et le Prieuré du Granier. Jacques Berlioz souligne que l’ensemble des auteurs semble avoir à coeur de fournir des chiffres et une description exacte de l’étendue des dégâts, sauf Matthieu Paris qui pour des raisons politiques et partisane les exagère(8).
Figure 9 : Première représentation connue de la catastrophe du Granier – Gravure sur bois extraite du Liber chronicarum de Hartman Schedel, Nuremberg, 1493.
Les historiens médiévaux cherchent aussi des raisons à la catastrophe. Les causes religieuses l’emportent pour la plupart des auteurs : l’intervention divine est alors une vengeance(9), une punition à l’encontre de l’ensemble du peuple savoyard(10), ou l’accomplissement des paroles de l’Ecriture(11). Mais certains évoquent aussi des raisons naturelles : tremblement de terre(12) ou érosion des roches. Matthieu Paris use des deux en soutenant la thèse d’un tremblement de terre, qu’il imbrique étroitement avec l’idée d’un châtiment divin envers le peuple savoyard.
Témoignages précieux, les textes contemporains de la catastrophe prouvent sa dimension exceptionnelle.
2.2. Les premières études modernes :
Après les textes contemporains de la catastrophe, il fut beaucoup écrit sur le sujet, surtout à partir du XVe siècle. Longtemps restés inconnus, ces textes (environ une quarantaine) sont redécouverts par le religieux François Trépied à la fin du XIXe siècle, qui entreprend la première étude moderne de l’ensemble des témoignages de la catastrophe. S’appuyant sur les textes latins ou se citant les uns les autres, ces écrits sont de qualité scientifique médiocre.
L’ouvrage de référence sur la catastrophe du Granier est donc l’importante étude menée par l’abbé François Trépied qui entreprend de vastes dépouillements d’archives. Le premier volume, Recherches historiques sur le Décanat de Saint-André et sur la ville de ce nom ensevelie, au XIIIe siècle, sous les éboulis du Mont Granier, est publié en 1878 par l’Académie de Savoie (Trépier, 1878). En 1886, l’ensemble des pièces qu’il a étudiées sont réunies dans Recherches historiques sur le Décanat de Saint-André (Trépier, 1886).
Dans ce travail, il discute la date de la catastrophe, son lieu, le nombre de victimes… Il a aussi l’idée de comparer un document antérieur à la catastrophe avec un autre postérieur(13). En procédant par élimination, il trouve cinq paroisses présentes sur le premier et absentes sur le second. Elles auraient donc disparu dans la chute du Granier : il s’agit de Saint-André, Granier, Vourey, Saint-Péran ou Pérange et Cognin. De la même manière il utilise les documents de levées de taxes pour tenter d’évaluer le nombre de personnes disparues lors de la catastrophe. Il l’estime alors entre trois milles six cents et six mille cinq cents, ce qui reste largement au-dessus des chiffres admis aujourd’hui.
Figure 10 : Les Abîmes de Myans, d’après le plan directeur à 1 : 20 000, complété au nord par un dessin de l’auteur. Le gros trait noir, malheureusement un peu faible vers le nord, indique la limite atteinte par l’éboulement. Guillaumin, 1937
En 1937, l’article Les Abîmes de Myans se démarque dans l’histoire des études sur le Granier (Guillaumin, 1937). Publié dans La revue de géographie alpine, il se différencie par la démarche géographique adoptée par son auteur qui, « inquiété par ce brusque changement de topographie » souhaite comprendre un paysage « fantaisiste et singulier » (Guillaumin, 1937, p. 583). Il nous semblait important de souligner l’importance de cet article. En effet, l’auteur se révèle le témoin précieux d’un paysage encore peu modifié par la périurbanisation de la cluse de Chambéry. Il y montre une très bonne compréhension de l’histoire et de l’organisation territoriale de la région recouverte par les éboulis du Granier. Sa méthodologie indéniablement interdisciplinaire, fait appel à ses propres observations du paysage de 1937.
Il s’appuie sur des entretiens avec des témoins locaux(14) et étudie des documents d’archives que nous n’avons pu consulter à ce jour(15). Nous ne pouvons que regretter que ce travail géographique ne soit pas évoqué dans les études historiques plus récentes. Guillaumin s’interroge sur les causes et modes de l’éboulement qu’il attribue au glissement des boues à la base de la falaise, évoquant pour la première fois une autre raison que le tremblement de terre popularisé par Trépier. Il est aussi le premier à proposer une cartographie de la limite atteinte par l’écroulement (voir figure ci-dessus). Il s’attache à décrire au mieux la topographie de ce territoire, témoignant de l’existence des lacs et de l’important marais d’Apremont aujourd’hui disparu. Suivant sa démarche géographique, il s’interroge sur la réoccupation humaine, la mise en culture, et l’importance de la vigne. Il identifie le partage des communaux en 1835 comme un des points fondateurs du développement de la viticulture aux Marches. Son enquête ayant lieu un siècle seulement après cet épisode, il a pu recueillir des témoignages oraux sur les pratiques culturales et l’aménagement des Abîmes. Enfin il nous livre ses observations sur l’habitat, s’essayant même au dessin des différents types de celliers et de leurs usages.
Figure 11 : Dessin des différents types de celliers – (Guillaumin, 1937)
En ce début de siècle il faut retenir l’importance des études historiques, l’approche géographique de Guillaumin étant à notre connaissance relativement passé inaperçue.
2.3. Les études actuelles :
Depuis le début des années 1970, l’étude de la catastrophe du Granier dépasse les préoccupations des seuls historiens médiévistes. En effet nous observons un regain d’intérêt, qui trouve une conclusion provisoire dans le colloque de Myans, au travers de la large palette de disciplines présentées. L’année 1998 a marqué les sept cents cinquante ans de la catastrophe et a été l’occasion pour l’Académie de Savoie d’organiser une rencontre qui a donné lieu à une importante publication de plus de quatre cents pages. Le colloque de Myans (Académie de Savoie, 1998) avait pour objectif de couvrir l’ensemble des connaissances sur l’effondrement du Granier dans des domaines divers (géologie, botanique, histoire, culture et religion) et aura permis de « nuancer ou corriger la tradition » (Terreaux, 1998, p. 11). Dans son introduction, Louis Terreaux, président de l’Académie de Savoie, rappelle au lecteur que si cet objectif a bien été atteint, ce rassemblement a aussi ouvert de nombreuses perspectives allant « au-delà des intentions primitives » (Terreaux, 1998, p. 8).
C’est en 1972 que la théorie aujourd’hui largement admise sur les causes de l’éboulement du Granier est proposée par les géologues Goguel et Pachoud : « Géologie et dynamique de l’écroulement du mont Granier dans le massif de la chartreuse en novembre 1248 » dans Bulletin du B.R.G.M. (Goguel & Pachoud, 1972).
Alors que les études modernes ont longtemps véhiculé l’idée d’un tremblement de terre en s’appuyant notamment sur les textes médiévaux, ils démontrent que c’est un vaste glissement des marnes formant l’assise de la montagne qui a entraîné l’ensemble de la falaise calcaire (Berlioz J. , 1998 a, p. 95). Les études géologiques se poursuivent les années suivantes, sous l’impulsion de deux chercheurs, Albert Pachoud et Gérard Nicoud. Pachoud, en poursuivant son questionnement sur les conditions géologiques de l’écroulement et l’extension maximale du glissement, tend à démontrer que la catastrophe de 1248 aurait eu des précédents (Pachoud A., 1998 a). A l’inverse Gérard Nicoud, qui s’appuie sur les sondages géologiques pratiqués dans la cluse de Chambéry, propose un unique évènement avec une extension maximale atteinte par les débris qui fait aujourd’hui référence (Nicoud & al, 1998).
La découverte de documents et l’ouverture des archives ont permis de faire progresser les travaux sur l’histoire des Abîmes.
Dès sa thèse en 1977, Jacques Berlioz révolutionne le travail de François Trépied en découvrant de nouveaux textes médiévaux. En 1998, il publie trois articles consacrés à la catastrophe du Granier d’après les exempla médiévaux : L’effondrement du Mont Granier (Berlioz, 1998 a), L’effondrement du mont Granier en Savoie (1248). Histoire et légendes (Berlioz, 1998 b) et Comment la nouvelle de l’effondrement du Mont Granier se diffusa-t-elle au XIIIe siècle ? (Berlioz, 1998 c).
Le colloque de Myans (Académie de Savoie, 1998) est l’occasion pour les chercheurs et historiens locaux de présenter des résultats qui bien souvent nuancent ou interrogent les « acquis traditionnels » (Terreaux, 1998, pp. 7-20). Fabrice Mouthon, historien médiéviste à l’université de Savoie, propose une description de ce territoire un siècle avant la catastrophe (Mouthon, 1998). Des démarches nouvelles sont entreprises avec l’étude des comptes de châtellenie des Marches (Guilleré, 1998), et du dénombrement de la gabelle du sel (Mouthon-Sepeau, 1998) ; elles permettent d’en apprendre un peu plus sur la réoccupation des terres ensevelies par l’éboulement du Granier. Ces articles, pointent des documents qui méritent un nouvel examen sous le prisme de l’archéologie de l’environnement.
Une communication du colloque qui nous intéresse plus particulièrement est celle portant sur la mappe sarde(16) (Townley & Garioud, 1998), premier document cadastral du territoire français, entrepris dès 1730 dans le Duché de Savoie. Dans ce travail, rendu possible grâce à la numérisation de ce document dans les années 1990 et l’usage de la cartographie assistée par ordinateur, les auteurs donnent une idée de l’agriculture sur le territoire des Marches en 1730.
Cependant, nous ne pouvons que regretter qu’ils n’aient pas poussé plus avant leurs analyses : en effet ils ne produisent aucune cartographie. Cet article doit être replacé dans la continuité des grandes études sur le cadastre sarde de ces vingt dernières années. En effet, traditionnellement utilisé comme un témoignage de l’organisation économique de la société (Nicolas, 2003 ; Musée Savoisien, 1981), le cadastre sarde n’a été que très récemment étudié dans des analyses de géographie historique ou d’histoire du paysage (Barbero, 2002 ; Baud, 2009).
Nous terminerons cette présentation en soulignant le dynamisme des sociétés savantes locales, dont la toute jeune association d’histoire et de patrimoine de la commune des Marches (« Association Mémoire et Patrimoine de Les Marches »). Son président, Ghislain Garlatti, a publié en 2007 une Histoire des Marches (Garlatti G., 2007). La commune des Marches, soucieuse de son patrimoine paysager unique a inscrit à son plan local d’urbanisme (PLU) la sauvegarde des « mollards »(17), et le parc naturel régional de Chartreuse tout proche a soutenu cette initiative en effectuant un inventaire du patrimoine de la commune(18) (Parc naturel régional de Chartreuse, 2006). Cependant ce dynamisme reste très localisé, la grande majorité des ouvrages cités sont issus de maisons d’édition locales et pour la plupart introuvables en dehors des archives et bibliothèques savoyardes. Cela ne nuit bien sûr pas à la qualité des écrits, mais il faut garder à l’esprit cette particularité lors de l’étude.
Elle pourrait expliquer selon nous, que certains aprioris sur les abîmes de Myans continuent à être véhiculés sans qu’aucune source ne soit citée. De même que la cause invoquée de l’éboulement du Granier est longtemps restée un tremblement de terre, l’idée que la viticulture ait toujours été présente sur ce territoire, dans des proportions aussi importantes, est souvent reprise sans aucune justification. Un dernier exemple frappant est celui de l’archéologie. Là encore on serait tenté de dire que l’apriori, selon lequel le glissement du Granier aurait détruit toutes traces d’occupations humaines antérieures, a minimisé, voire gommé les quelques découvertes fortuites. Hormis une fouille de sauvetage pratiquée dans la vallée sur une villa gallo-romaine dans les années 1970(19), les objets archéologiques signalés par les témoignages et anciens écrits sont souvent raillés et pour la plupart introuvables. Leurs recensements et positions de découverte (la plupart au sommet de moraines) pourraient une nouvelle fois nuancer les savoirs qui apparaissent comme acquis.
L’objectif de cette courte historiographie est de montrer que, si les recherches sur ce territoire sont loin d’avoir livré tous ses secrets, elles ont déjà démontré l’intérêt d’interroger différents champs disciplinaires.
Figure 12 : Carte géologique au 1:50 000 de Montméliant. L’éboulement de 1248 est souligné par un trait marron. Barféty, J.-C., & Gidon, M., 1969.
3 L’ensemble de cette partie se réfère aux articles de Berlioz ( (Berlioz J. , L’effondrement du Mont Granier, 1998 a; Berlioz J. , L’effondrement du mont Granier en Savoie (1248). Histoire et légendes, 1998 b; Berlioz J. , Comment la nouvelle de l’effondrement du Mont Granier se diffusa-t-elle au XIIIe siècle ?, 1998 c) Nous invitons le lecteur à se reporter aux traductions de Jacques Berlioz en Annexes pour les textes connus.
4 Jacques Berlioz, archiviste paléographe, est directeur de l’Ecole des Chartes depuis 2006. Il co-dirige le séminaire sur les exempla médiévaux (GAHOM, Centre de recherches historiques, EHESS-CNRS). Sa thèse de l’Ecole des Chartes (Berlioz, 1977) est consacrée à l’oeuvre d’Etienne de Bourbon : « Traité des divers matières à prêcher » (milieu du XIIIe s.). Ses travaux de recherche portent entre autre sur l’histoire des hommes et des catastrophes naturelles à travers des exempla.
5 Un exemplum (pl. exempla) est un récit présenté comme véridique, les prédicateurs du christianisme s’en servent comme exemple dans leurs discours. Utilisés en particulier par les dominicains dans la lutte contre l’hérésie, les exempla donnent un nouvel élan à la prédication aux XIIe s. et XIIIe s.
6 « […]une montagne toute de pierres et élevée vit même ses rochers se séparer et, s’effondrant, […] » extrait de 7 p. ii.
7 « […] soit environ douze villages avec deux maisons de religieux, périrent ravagés sous les montagnes voisines qui s’étaient renversées et effondrées de manière horrible, avec leurs habitants dont le nombre atteignait bien dix mille. » extrait de 6 p ii.
8 Jacques Berlioz développe longuement l’explication politique de la position de Matthieu Paris qui résulte des rapports houleux entre Savoie et Angleterre au XIIIe siècle (Berlioz, 1998 a, pp. 104-108).
9 D’après Etienne de Bourbon, le clerc Jacques Benevais manoeuvre auprès du pape pour obtenir le prieuré situé sur les pentes du Granier. Dieu écoutant les plaintes des victimes injustement expulsées fait s’écrouler la montagne sur eux (voir les dernières lignes de 1 p i).
10 Matthieu Paris : « On disait en effet à juste titre que c’était sur les maisons de ces mêmes habitants que la sévérité de la vengeance divine avait sévi. » (d’après la traduction de Jacques Berlioz en Annexes).
11 Pour Fra Salimbene qui cite les Ecritures les explications bibliques se suffisent à elles-mêmes, la raison de la catastrophe étant la nécessaire justice divine.
12 « […] se séparant du lieu de leur création, les montagnes et les rochers voisins s’étaient écroulés, un horrible tremblement de terre s’étant produit dans certaines de leurs profondeurs souterraines. » extrait de 3 p ii.
13 Ces documents sont décrits plus en détail dans 4.5. L’époque médiévale.
14 Entretiens qu’il nous rapporte et dont les plus intéressants sont consignés en Annexes.
15 A plusieurs reprises, des documents portés à notre attention n’ont pu être trouvé faute de temps. Les fonds sardes (de l’ancien duché de Savoie) ont été restitués à la France par l’Italie en 1950. Leur inventaire à ce jour en cours, et le passage au nouveau classement français rendent leur recherche longue et parfois hasardeuse.
16 La « mappe sarde » (appellation savoyarde), est aussi désignée comme « cadastre sarde » ou « cadastre de 1730 » (appellation française). Nous abordons la description de ce document au coeur de notre recherche dans la deuxième partie.
17 A cette occasion, la commune des Marches a engagé en 2005 un architecte du patrimoine pour effectuer une étude documentaire, en prévision de la création d’une zone de protection du patrimoine urbain et paysager (les anciennes ZPPAUP sont remplacées aujourd’hui par les AVAP : Aires de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine). Cette étude liste les documents de la commune versés aux archives départementales (Pribetich Aznar, 2005).
18 Cet inventaire recense entre autre comme patrimoine rural les celliers, appelés « sartos » dans la région, qui sont caractéristiques du paysage des Marches.
19 Nous revenons sur cette fouille dans 4.4 L’époque gallo-romaine
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