Le stalinisme, qui tire son nom de Iossif Vissarionovitch Djougashvili, dit Staline (1878-1953), successeur de Lénine à la direction de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, de 1924 à 1953240, symbolise par excellence, pour les trotskistes, la trahison à la cause du prolétariat international et des opprimé(e)s en tous genres. C’est lui qui est jugé grand responsable de l’échec des révolutions internationales des années 1930, de la décimation de révolutionnaires expérimentés, enthousiastes et compétents, ou encore de la désorganisation structurelle du prolétariat international : « « Il est évident que le grand responsable de cette situation est le stalinisme. Il n’a pas seulement décimé les révolutionnaires intègres, trahi les luttes révolutionnaires du prolétariat international, en Chine, en Allemagne, en Espagne, en France, il a aussi complètement annihilé chez les militants et les ouvriers eux-mêmes la notion d’organisation du prolétariat »241. Tout cela, les trotskistes l’assimilent à de l’inconséquence dans les décisions politiques et économiques du « Petit père des peuples », qui exécute sans cesse des revirements : « Staline en son temps ne faisait pas mieux lorsqu’il changeait son fusil d’épaule, et que chaque retournement se faisait sous le signe de la démesure verbale, de l’inconséquence politique et de l’imprévoyance économique »242. Une version non moins intéressante, pouvant expliquer les revirements de Staline, est sa volonté, inavouée mais palpable, de consolider son pouvoir après l’éviction de Trotski et l’élimination physique progressive des vieux compagnons de route de Lénine : Kamenev et Zinoviev sont exécutés, Boukharine est l’un des accusés-vedettes des grands procès de Moscou (1936-1938), Tomski est poussé au suicide, Rykhov est fusillé, et Karl Radek est retrouvé assassiné. Dans le documentaire Staline : Le tyran rouge, cette célèbre formule du « Petit père des peuples » : « Choisir sa victime, 99
préparer minutieusement le coup, assouvir une vengeance implacable, et ensuite aller se coucher. Il n’y a rien de plus doux au monde »243. L’historien Simon Sebag Montefiore, dans la biographie qu’il dresse du Jeune Staline, corrobore cette version244.
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