Les syndicats, organisés, ou du moins sensés l’être, ont à leur tête des délégués syndicaux, élus par les militants et mandatés par ces derniers pour porter et défendre leurs revendications devant la direction patronale. En un mot, ils sont chargés de la bonne conduite de la lutte des classes au sein de l’usine. Voie Ouvrière, nous explique simplement et correctement ce qu’un délégué doit être et ne pas être : « Un délégué, c’est un travailleur mandaté par ses camarades auprès du patron et non le contraire »183. 73
Aussi, pour avoir de véritables délégués ouvriers, la suppression du scrutin de liste (les candidats sont désignés par les directions syndicales), s’impose, au profit d’un scrutin d’atelier (les candidats sont désignés directement par ateliers, c’est-à-dire que ce sont les ouvriers eux-mêmes qui désignent leurs propres candidats pour les représenter) qui le remplacerait. C’est là le meilleur moyen, semble-t-il, pour assurer la bonne tenue d’une démocratie ouvrière véritable et la bonne conduite de la lutte des classes, raison d’être, finalement, des prolétaires : « La suppression du scrutin de liste s’impose. Nous en avons assez de désigner pour nous représenter des candidats désignés par les syndicats. Il faut revenir au scrutin d’atelier, c’est-à-dire choisir directement parmi nous nos délégués sans distinction d’appartenance politique ou syndicale, ainsi nous aurons de véritables délégués »184. Les candidatures de ces délégués syndicaux, doivent être libres. On pourrait même, dans ce cas, non plus parler de délégués « syndicaux » mais de délégués « ouvriers » : « Pour avoir de véritables délégués ouvriers, il nous faudrait présenter des candidatures libres, sur le plan de chaque atelier, avec vote par atelier pour le ou les candidats »185. Ces délégués « ouvriers », ont donc pour mission d’assurer la bonne conduite de la lutte des classes, ce par la convocation de réunions, sitôt leur entrevue avec la direction patronale terminée, afin d’informer les militants sur les échanges précédemment cités, et de leur demander leur avis quant à la suite à adopter, la ou les méthodes à employer, les jours et horaires de ces actions, etc… C’est à cela que doit servir la réunion syndicale : « La réunion : lorsqu’après une entrevue avec la Direction, par exemple, une décision doit être prise immédiatement, c’est tout de suite et sur place que les délégués doivent demander aux travailleurs de décider de leur position et de la réponse à donner au patron »186.
Page suivante : 3) L’échec des grèves tournantes
Retour au menu : La Guerre révolutionnaire dans la pensée trotskiste