La Commune de Paris, mouvement révolutionnaire débutant le 18 mars 1871 et prenant fin le 28 mai de la même année, est critiqué par Trotski et celles et ceux se réclamant de sa pensée. Le but n’est pas ici de faire une exégèse de la Commune de Paris, ce qui constituerait un hors-sujet, mais bien de livrer les réflexions trotskistes concernant cet éphémère mouvement, avec le but pour ces derniers d’en tirer des leçons historiques pour mener à bien leur propre révolution. Par exemple, Trotski nous enseigne que l’une des erreurs fondamentales des Communards, en 1871, est de ne pas oser s’emparer de la Banque de France, établissement jugé fondamentalement stratégique par les bolcheviks, permettant de s’emparer d’une grande quantité d’argent et, par conséquent, d’en tirer les fruits tout en en privant l’ennemi. Les bolcheviks décident, lors de la Révolution d’Octobre de 1917, en Russie, de ne pas réitérer cette erreur : « L’on attribuait, dans un certain sens, à la prise de la Banque un sens symbolique. Les cadres du parti s’étaient éduqués sur la critique marxiste de la Commune de Paris de 1871, dont les dirigeants n’avaient pas osé, comme on le sait, lever la main sur la Banque de France. « Non, nous n’en reviendrons pas à une telle erreur », se disaient bien des bolcheviks, longtemps avant les 25 octobre. La nouvelle de la saisie du plus sacré des établissements de l’État bourgeois vola immédiatement par les districts, suscitant une effervescence triomphale »72. Malgré tout, ce dernier point n’est qu’un détail parmi d’autres, car la prise d’un établissement hautement stratégique n’est pas suffisante pour garantir un succès révolutionnaire. Il faut également être déterminé à user de la force, à employer des méthodes coercitives, ce que n’a pas fait, selon Trotski, la Commune de Paris, et qui lui a valu la défaite finale : « Si la Commune de Paris n’était pas tombée, si elle avait pu se maintenir dans une lutte ininterrompue, il ne peut y avoir de doute qu’elle eût été obligée de recourir à des mesures de plus en plus rigoureuses pour écraser la contre-révolution »73. 32
De ce constat, Trotski tente d’en tirer une loi « universelle », à tout le moins concernant la prise d’otages durant une révolution, principe qu’il défend becs et ongles et auquel il n’hésite pas à avoir recours dès les évènements d’octobre 1917: « Comment, demanderons-nous avec Marx, comment pourrait-on agir autrement pendant la guerre civile, lorsque la contre-révolution, qui occupe une partie considérable du territoire national, s’empare, là où elle le peut, des ouvriers désarmés, de leurs femmes, de leurs mères, les fusille et les pend ? Comment faire, si ce n’est en prenant des otages parmi les gens qu’affectionne la bourgeoisie, en qui elle met sa confiance, et en suspendant ainsi l’épée de Damoclès au-dessus des têtes, rendues solidaires entre elles, de la bourgeoisie ? Il n’y aurait aucune difficulté à prouver que toutes les cruautés commises par le pouvoir soviétique ont été nécessitées par les besoins de la défense révolutionnaire »74.
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