Par opposition au courant « bolchevik », qui signifie les « majoritaires », le courant menchevik signifie les « minoritaires ». Il désigne le groupe opposé aux bolcheviks, au sein du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) fondé en 1898, sur la question, principalement, de la révolution. En 1903, un schisme politique divise le parti en deux courants : bolcheviks et mencheviks, les bolcheviks devenant finalement le Parti communiste d’Union Soviétique. Sans trop entrer dans les détails, car ce n’est pas l’objet de ce mémoire, disons simplement que les bolcheviks jugent d’un œil favorable la révolution, arguant du fait que la situation – c’est le mot de Lénine – est propice à un soulèvement révolutionnaire, tandis que les mencheviks sont en désaccord total avec ce postulat. Trotski, qui, nous l’avons vu, accuse Kautsky de calomnier la politique des bolcheviks, adresse le même reproche aux mencheviks : « Affirmer que nous exigions la paix sans nous soucier de l’influence qu’elle aurait sur la situation internationale, c’est avec un retard appréciable le calomnieux refrain des cadets et des mencheviks »213. D’ailleurs, il lie menchevisme et kautskysme, qui, de son point de vue, se ressemblent en tous points ; les reproches adressés à Kautsky sont désormais adressés aux mencheviks : « Le menchevisme, de même que tout le kautskysme en général, se noie dans les banalités démocratiques et dans les obstructions socialistes »214. Enfin, un dernier point que nous avons relevé et que nous désirons mettre à la disposition de notre lecteur, est la dissension entre bolcheviks et mencheviks sur la question de la « militarisation du travail », et que nous avons déjà étudié quant au point de vue de Trotski. N’ayant malheureusement pas accès aux sources mencheviques, nous nous voyons dans l’obligation de livrer le point de vue de Trotski lui-même, qui accuse les mencheviks de voir dans la militarisation et l’obligation du travail des méthodes coercitives et inutiles : « Les mencheviks ne font pas que se prononcer contre la militarisation du travail ; ils se prononcent encore 87
contre l’obligation du travail. Ils repoussent ces méthodes comme « coercitives ». Ils propagent que l’obligation du travail correspondra à une baisse de la productivité. Quant à la militarisation du travail, elle n’aura pour effet qu’une dépense inutile de main-d’œuvre »215.
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