Pour arriver à expliciter ce que sont les émotions, nous devons premièrement aborder le mot « besoin ».
Nous avons des besoins biologiques comme l’air pour respirer, l’eau pour s’hydrater.
Dans les besoins primaires nous retrouvons les principes de survie, de nourriture, de reproduction.
Toute personne a la nécessité de satisfaire des besoins qui lui sont propres.
Un besoin, n’implique que nous-mêmes (n’implique que la personne elle-même) comme le besoin de manger, de chaleur, de se divertir, de justice, d’exprimer son affection, sa sexualité.
Tant que le besoin n’est pas satisfait, il engendre très souvent frustration, déception, peur, colère, tristesse, souffrance, rancœur, haine, rage, terreur, choc, chagrin, angoisse, mépris, anxiété, stupéfaction.
Cela permet également de voir que lorsqu’il y a un échange et l’essai de satisfaire ses besoins, des émotions apparaissent.
Etymologiquement, « émotion » vient du latin motio, qui signifie action de mouvoir, mouvement et exmovere « mouvement hors de ».
Jean Jacques Crèvecœur (9) ne parle pas d’émotions négatives ou positives, de base ou secondaire comme d’autres auteurs mais d’émotions agréables ou désagréables car, pour lui elles ont toujours un rôle utile.
Les émotions peuvent provoquer des phénomènes. Parmi les nombreux phénomènes, nous pouvons trouver de la joie, de la tristesse, du dégout, de la peur, de la colère, de la surprise, du bonheur, de la souffrance, de la solitude, de la violence.
D’un point de vue phénoménologique, ce sont les émotions qui permettent d’exister, d’avancer, d’amorcer un changement.
Beaucoup d’auteurs ont démontré que le besoin d’amour et d’affection est un besoin fondamental à tout être humain.
Ce besoin d’amour peut se présenter sous diverses manières comme par l’amitié, la tendresse, la complicité, l’amour filial qui participent à l’équilibre, au rythme (concept présenté plus loin avec le paragraphe sur Maldiney page 37) de l’être humain.
Pourtant, selon un professionnel interrogé, il n’y a pas de sexualité en prison. Dans le livre de Gaillard cette phrase est également prononcée mais du côté des détenus.
Ainsi, l’affectivité et la sexualité sont des sujets qui apparaissent comme si on ne devait pas en parler en prison par crainte ou par pudeur, et peut-être, parce que ce sont des personnes privées de liberté.
En même temps, mettre des mots, décrire les histoires de vie, les attentes des détenus nous apparaissent comme essentiel.
En effet, les détenus entrent, la plupart du temps, en tout cas en Suisse, dans un univers affectif avec des personnes du même sexe où il y certes du personnel pénitencier féminin, mais tout de même dans un environnement où les échanges ne sont pas facilités.
Ne pas prendre en compte le besoin d’amour et d’amitié en prison peut amener une souffrance, une solitude, une violence interne ou externe, de la frustration, de la colère ou autres.
Cependant, il peut aussi se créer un moment d’échange inattendu, une rencontre exceptionnelle.
Pour continuer d’avancer dans notre corpus théorique et pour mieux comprendre l’univers affectif des détenus, et comme écrit précédemment pour avoir un référentiel commun, nous avons construit ce chapitre, à l’aide des idées de Gaillard. Différentes altérités et besoins peuvent être vécus en prison et lors des entretiens que nous avons effectués, ces thèmes ont été abordés.
9 Crèvecoeur, J.-J., Salomon, P (1997) (Préface).Relations et Jeux de pouvoir : Comprendre, repérer et désamorcer les jeux de pouvoir par la DYNARSYS. Le troisième Iris Editons.
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