L’ouverture d’un point de vente collectif constitue un projet commun, mené par des producteurs qui visent à s’associer pour commercialiser ensemble leurs produits. Ce projet nécessite une dynamique collective d’action qui consiste à savoir mettre en cohérence un ensemble de ressources et compétences nécessaires à la réussite. (Asselineau et Cromarias, 2011 : 150). Pour cela, des bons niveaux d’organisation, de confiance et de coopération sont nécessaires entre acteurs.
La construction de la proximité territoriale (Torre et Beuret, 2012) serait en mesure de favoriser l’existence de ces éléments nécessaires à la création de cette dynamique collective d’action. Pour rappeler ce qu’on a évoqué dans l’introduction, pour Pecqueur et Zimerman (2004), la proximité est justement favorable au maintien des relations de confiance au niveau locale et à la mise en place de réseaux de coopération ou d’innovation à ce même niveau. En reprenant encore ce qu’on a expliqué dans la première partie, pour Torre (2012), cette proximité territoriale est l’articulation, ou point de rencontre entre proximité géographique et proximité organisée. La première constitue la distance physique entre deux acteurs et la deuxième se réfère à l’aspect relationnel et se caractérise par les échanges et relations entre acteurs. (Torre et Beuret, 2012)
Par la, la combinaison de la proximité géographique et de la proximité organisée, serait capable d’assurer la qualité de l’organisation et de l’aspect relationnel à long terme au sein du groupe de producteurs. En effet ces deux types de proximités sont interdépendantes et selon Torre et Beuret (2012), il est intéressant, d’observer comment elles peuvent « se combiner ou s’ignorer ». Ainsi la seule existence de la proximité géographique ne suffit donc pas à créer une dynamique collective d’action caractérisée par une densité de liens et relations de coopération. Il est donc indispensable, la construction de la proximité organisée qui va « féconder les interactions » entre acteurs et va se distinguer par les échanges crées et « leur degré de coordination » (Asselineau et Cromarias, 2011 : 144). Selon cette optique d’analyse, la construction de cette proximité Territoriale constitue le besoin principal du groupe pour la mise en marche du projet collectif de commercialisation en circuits courts et son fonctionnement à long terme.
Pour appliquer cette analyse à nos producteurs, prenons comme hypothèse que la proximité géographique existe déjà au sein du groupe. La plupart d’entre eux se connaissent par le fait d’être proche spatialement.
Ici, on considère que la proximité organisée ne serait pas présente, et serait plutôt à construire par « l’ajout ou suppression de nouvelles connexions dans les relations humaines » (Torre et Beuret, 2012 : 12). Ces connexions se font à partir de référents identitaires communs et de liens d’appartenance qui vont structurer des scénarios de confiance favorables a l’émergence de relations de coopération au sein du groupe. Selon Pecqueur et Zimmerman (2004), la confiance constitue un élément de compréhension des dynamiques locales, « le lubrifiant » des relations sociales », « l’ingrédient essentiel de l’action collective », et « la mère des interactions ». C’est cette confiance qui est aussi évoquée comme contingent de la coopération selon les recherches anglo-saxonnes (Gambetta, 1998, Lorenz, 1998, citées par Pecqueur et Zimmermann, 2004 : 66).
De son cote, Rallet et Torre (2004) ont vu « La coopération » comme la volonté de travailler ensemble « dans une logique de similitude » et d’appartenance.
(Cité par Asselineau et Cromarias, 2011 : 151). En effet, les représentations communes, et ces références identitaires vont constituer la motivation à s’investir dans une voie coopérative. (Pecqueur et Zimmerman, 2004 : 124).
Mais que se passe-t-il quand un groupe est inégalement motivé et que les intérêts individuels n’arrivent pas à devenir les intérêts collectifs ?
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