A partir des discours des PAF, 8 catégories thématiques se sont dessinées : le comportement/attitude, les activités, les ressources extérieures, l’environnement social, l’image de soi, l’histoire de vie, la santé et les projections.
Comportement
Définition : « le comportement n’est pas seulement l’ensemble des réactions d’un individu dans un milieu et des circonstances données, observables objectivement. C’est une conduite, ou une stratégie développée par l’individu, en réponse à la multiplicité et la complexité des facteurs qui influencent sa vie, dont la rationalité peut nous échapper. » (Bourdillon, 2007, disponible sur le web : http://eps30mots.net/_front/Pages/page.php?page=30)
Trois sous catégories se sont dessinées au cours de l’analyse : les comportements face au monde actuel, au vieillissement et à l’entourage.
Le monde actuel
Pour bien vieillir, il semble important de rester inscrit dans le monde actuel« admettre l’époque »pa1, « admettre les changements »pa1. L’attitude envers les générations plus jeunes semble jouer un rôle important: « parler avec les jeunes » pa1, « comprendre les autres »pa3, « admettre les comportements des autres »pa1.
Vieillissement
Pour bien vieillir, il faudrait pouvoir accepter ses pertes fonctionnelles, les évaluer correctement, et vivre avec celles-ci ce qu’il est encore possible tout en s’en contentant. Le fait de « ne plus désirer », ne plus être dans l’exigence mais de développer un sentiment de satisfaction semble être un facteur déterminent pour supporter son vieillissement. Celui-ci se lit au travers de phrases telles que :
« Je ne vois plus très bien de loin mais je sais encore lire, c’est tout ce qu’il me faut » « Je ne demande plus rien d’autre, je suis satisfait »pa3 « il faut se contenter de ce qu’on peut encore »pa4. Une personne relève une idée intéressante, celle selon laquelle ce sentiment de satisfaction actuel est lié également au regard porté sur sa vie antérieure « Je ne demande pas plus parce que le reste je l’ai savouré à ce moment- là » pa4
Entourage
On observe une récurrence dans le comportement des personnes âgées avec l’entourage : vouloir agir favorablement à leur encontre. Cette tendance s’observe dans leurs choix, quitte à ce que ceux-ci ne soient pas réellement leur préférence.
Pa2 : « J’ai peur d’être à charge quoi…en plus de l’ouvrage qu’ils ont parce que ils courent tout le temps… c’est pour ça que je n’aime pas d’aller au home mais je n’irais pas pour tout l’or du monde chez mes enfants » « j’essaie que les autres soient contents de moi »pa3 L’attitude de l’entourage est évoquée par 3 PAF. Des phrases comme « on vieillit un peu d’après l’ambiance qu’il y a » pa1 ou « quand on est bien accueilli on vieillit mieux… » pa 2 sont significatives de la sensibilité des PAF à ce facteur.
Activités
On retrouve au sein de ces activités : les centres d’intérêts (lecture, actualité, mots croisés, etc…), les plaisirs simples (écouter de la musique, manger une douceur, conduire, sortir, etc ..) et les activités de la vie quotidienne (faire les poussières, faire à manger).Un grand nombre d’activités-plaisir est lié au fait de sortir de chez soi : « ce que j’aimais bien c’est quand on sortait, qu’on repassait boire un café et manger un gâteau » pa2.
L’abandon de certaines de ces activités (liées à l’apparition d’incapacités physiques, cognitives ou mentales) peut engendrer de la détresse : « Si je pouvais lire comme je veux je ne me plaindrais pas …» pa 2. Toutefois, certaines personnes évoquent une évolution plus naturelle des goûts ou des priorités qui semblent dès lors vécue de façon moins traumatisante. : « Il y a des choses qui m’intéressaient et qui maintenant ne m’intéressent plus ou beaucoup moins et d’autres qui m’intéressent plus… » pa1« J’aime moins laisser mon mari seul… »pa1 « ça ne me dit plus rien d’aller au magasin… » pa6.
Adapter les activités (voyager => sortir), continuer à participer à la réalisation de certaines tâches (entretien de la maison => faire les poussières) ou les réaliser tout simplement (utiliser les moyens modernes pour cuisiner) sont autant de stratégies utilisées par les PAF pour se maintenir actif.
L’allongement du temps nécessaire pour réaliser les activités de la vie quotidienne peut, comme le décrit très bien pa4, représenter une limite à l’accès aux activités plaisir et/ou aux centres d’intérêts.
L’ensemble de ces activités permettent de briser l’ennui (pa3), de rythmer les jours et les semaines (pa6), d’éprouver un sentiment de plaisir (pa4), de détente (pa1).
Les ressources extérieures
Les ressources représentent tout ce sur quoi la PAF peut compter dans son environnement extérieur pour maintenir son bien-être. Quatre types de ressources ont été identifiés :
Les aides formelles : les aides professionnelles.
Dans l’ensemble les PAF se disent satisfaites des aides formelles qu’elles reçoivent. Trois facteurs semblent influencer la perception positive de celles-ci : la proximité de l’aide (lien affectif, connaissance, proximité géographique), la participation à la réalisation des tâches (pa6 , pa3 ) ou à la manière dont elles doivent être effectuées (pa2). L’intérêt de l’aide peut résider dans le fait qu’elle diminue les préoccupations des PAF ainsi que dans la satisfaction de voir certaines tâches accomplies malgré les incapacités (pa1) ou encore dans le fait de soulager l’entourage (pa1)
Au sujet des repas à domicile, pa1 et pa2 évoquent le fait de ne pas les prendre tous les jours. Trois PAF parlent du prix qui peut jouer en faveur (pa1 et pa6) ou représenter un frein (pa2 et pa4) au recours à l’aide formelle.
L’aide informelle: fait référence aux aides reçue par des profanes.
Disposer d’un entourage (famille, voisin, locataire) sur lequel on peut compter est une ressource précieuse (pa1, pa5, pa6). L’entente ainsi que les disponibilités en temps de l’entourage sont des préalables importants à la présence de ce type d’aide. L’aide informelle semble d’autant mieux vécue quand elle est spontanée. En revanche, si l’aide est imposée, elle est moins bien tolérée (pa2). La simple présence peut représenter une aide affective (rassurer pa6). L’aide informelle peut être rétribuée par la PAF dans le but de rester dans un système d’aide réciproque : « c’est pour l’aider et elle m’aide moi »pa6 ou de rester équitable envers son entourage « Je lui paie…comme ça je suis un peu tranquille…Y a pas de différence »pa2 Une personne parle également du processus d’acceptation de l’aide dans lequel l’entourage semble jouer un rôle considérable (accès à l’information et conseil).
Ressources financières
L’argent est nécessaire pour bien vieillir et revient sans cesse au cours des conversations. Il permet de se soigner, de se faire aider, d’aider les autres et de vivre sans inquiétude jusqu’à la fin de sa vie. Les ressources financières c’est l’argent dont on dispose mais également les biens-immobiliers ou les assurances santé. Ce qui caractérise les ressources financières d’une PAF c’est le fait qu’elles ne soient pas extensibles (pas de possibilité de gagner davantage) pa4 et l’incertitude par rapport au coût des années à venir (placement, soin médicaux, etc.…) pa3.
L’environnement
Pa1 me parle de la bibliothèque qui permet aux PAF de garder les livres le temps qu’elles veulent. Pa4 évoque lui, le recours aux moyens techniques modernes pour se faciliter la vie.
Environnement social
Les relations amicales se basent sur l’échange. Celui-ci a pour sujets les réalités, les préoccupations, les histoires du passé ou amène simplement à réfléchir. L’interlocuteur idéal pour ce genre de discussion semble être les personnes issues de la même génération (fratrie, amis, etc…). Le noeud de ces relations est l’empathie et le partage de valeurs.
Malheureusement, ce type de contact est rendu difficile par les incapacités et l’isolement progressif dans sa génération.
Pa6 évoque des relations d’amour quand elle parle de sa petite fille et de son chien… Dans ce type de relation c’est l’affection qui prédomine.
La présence de la famille est un sujet récurrent. « Le plus important, c’est que les enfants doivent venir à la maison » pa5 « parce que ma fille elle ne peut pas se consacrer tout le temps à moi et mon fils non plus » pa2.
D’après pa2 un voisinage idéal serait un voisinage métissé (enfants, jeunes, vieux, commerces…) mais surtout vivant.
Les PAF ont également un rôle à jouer dans l’entretien des bonnes relations avec l’entourage. « On doit faire tout notre possible pour qu’il n’y ait rien…vous ne devez pas dire ce qui n’est pas nécessaire… »pa1
Image de soi
« Idée composite que chacun se fait de son identité psychologique et sociale, et qui peut en retour influer sur son comportement. » (Bureau international du travail, 1981, p.107)
Il semble y avoir une certaine distance entre la représentation sociale de la vieillesse et la façon dont les PAF se perçoivent. « Je ne m’estime pas vieille, je vois bien que je vieillis… »pa6. Oui, je vieillis mais je ne suis pas vieille. Malgré cela les marqueurs de la vieillesse sont évoqués tantôt comme une source de stress : « Je ne me vois pas assise à côté de ces gens-là alors que je suis peut-être plus âgée qu’eux… » pa2 tantôt comme des attributs avec lesquels il est possible de jouer : « La prochaine fois je porterai la canne, ça fera mieux l’ensemble » pa6. Se percevoir comme une charge (pa2) est également cité comme source de mal-être.
Histoire de vie
Définition : Relation des faits, des évènements passés concernant la vie d’une personne (définition personnelle à partir de la définition du mot « histoire » du Petit Larousse Illustré de 1992, p.505).
L’éducation, le milieu de vie, les évènements de vie, les habitudes et les rôles sociaux exercés influencent le comportement au moment de la vieillesse. Certaines personnes évoquent également son impact sur les ressources actuelles (financières et environnement social), sur les préoccupations (argent), sur les stratégies mise en place pour faire face aux difficultés que peut poser la vieillesse. Au final, l’histoire de vie a un impact important sur l’ensemble des ressources (internes et externes) dont dispose la personne pour bien vieillir.
Santé
Définition : Perception de la santé et sa relation avec le vieillissement réussi (inspirée de Reichstadt et al., 2007, p.198).
La santé est globalement décrite en termes de capacités fonctionnelles (par exemple, pouvoir aller dans les pièces de la maison, pouvoir lire etc.…). Le fait de ne pas souffrir est également évoqué par plusieurs personnes. Quatre PAF ont parlé de la santé dans les questions 3 (le plus important pour vous pour bien vieillir) et 4 (baguette magique). Les comportements de santé antérieurs et actuels sont décris par 2 PAF. L’une d’elles évoque d’ailleurs le facteur chance qui est à son idée plus important que les comportements de santé.
Projection
Cette catégorie regroupe les souhaits des PAF au sujet de leur avenir. Deux grandes idées en ressortent. Il s’agit tout d’abord du fait de rester au domicile et ensuite du fait de maintenir ses capacités fonctionnelles. Une personne évoque le fait de recevoir l’aide dont elle aura besoin, une autre des ressources financières suffisantes.
8 Les extraits des interviews sont identifiés par les modules : pa + n°