Le plagiat, soit-il classique ou électronique, est l’une des formes de malhonnêteté académique les plus répandues. (Sacks, 2008). Au terme d’une méta-analyse(32) de quelques 107 études menées sur la malhonnêteté académique entre 1970 et 1996, Whitley (1998), a identifié quelques facteurs directement corrélés à la tricherie, le plagiat y compris. Whitely et Spiegel (2002, p.29), les ont organisés en six catégories :
« – les caractéristiques démographiques, les caractéristiques académiques, les croyances, les perceptions, les caractéristiques personnelles et les caractéristiques comportementales » (Notre traduction)
Mais les recherches qui se sont penchées sur le facteur démographique genre et son implication sur la tricherie, plagiat électronique inclus, ne sont pas légions, d’autant plus que le peu d’informations qu’elles procurent n’offre pas d’explications de l’étiologie des différences soulevées envers le plagiat.(Hendershott , Drinan et Cross, 1999).
Sacks (op.cit.), a trouvé de son côté, lors de son étude sur la relation entre les processus disciplinaires universitaires et la performance des étudiants que les différences de genre d’antan face à la tricherie et le plagiat ont tendance à « s’éroder au fil du temps » (McCabe, 2001, p.41), puisque les hommes et les femmes y ont enregistré des pourcentages équivalents en terme de violation de l’honnêteté académique. Résultats qui étayent ceux trouvés par Whitley (2001) qui a souligné notamment que les différences de genre face à la triche plagiaire ne sont pas statistiquement significatifs.
Athanasou et Olasehinde (2002), ont révélé quant à eux, au terme d’une méta-analyse de 14 études portant sur la relation entre le genre et la triche auto-déclarée, que la proportion des tricheurs masculins dépasse de loin celle des tricheuses féminines. Mais ils avertissent que c’est un cas du paradoxe de Simpson selon lequel « les inférences à partir d’un grand ensemble de données sont souvent à l’opposé des inférences d’un ensemble plus petit. »(Notre traduction). C’est pourquoi ils avancent que les différences entre hommes et femmes face au plagiat (électronique) sont en fait insignifiantes.
Harding et al. (2002), présentant un modèle prédictif sur l’étendue de la triche parmi les étudiants en ingénierie de cinq institutions d’enseignement supérieur, trouvent eux aussi que le genre n’est pas significativement corrélé à la malhonnêteté académique. En d’autre terme, les femmes, du moins pour leur échantillon, plagient avec un taux équivalent à celui des hommes, même si selon eux les dernières recherches sur le sujet ont signalé une augmentation du plagiat parmi les femmes et une stagnation parmi les hommes. En revanche, d’autres recherches qui se sont intéressées au plagiat n‘ont pas abouti aux mêmes résultats. Ainsi, Roberts, Anderson et Yanish (1997) qui ont examiné la relation entre les variables démographiques et la malhonnêteté académique sur un échantillon de 422 étudiants, ont eu des résultats révélant qu’être un homme et/ou être âgé de moins de 24 ans sont des caractéristiques associés au plagiat soit-t-il classique ou électronique.
Mustaine et Tewksbury (2005) ont fait le même constat à l’issue de leur recherche sur l’association des caractéristiques démographiques et les comportements de triche dont le plagiat fait partie. Des échantillons d’étudiants et étudiantes de 12 universités ont été examinés et, il en est ressorti que les garçons tricheurs-plagiaires sont susceptibles d’être impliqués dans quatre de sept autres problèmes de comportement alors que les filles tricheuses plagiaires sont susceptibles d’être impliquées dans seulement un de sept autres problèmes de comportement.
Pino et Smith (2003) appuient les résultats des deux recherches précédentes. En effet, ils ont investigué un échantillon de 659 étudiants dont 277 garçons et 382 filles de Georgia Southern University et, en testant quatre modèles de régression multiple pour déterminer les variables prédictives quant à la probabilité de la malhonnêteté académique des étudiants, ont trouvé que les garçons ont plus de probabilité de tricher (plagier) que les filles. Et, contrairement à (Roberts et al. 1997), ils ont trouvé que se sont plutôt les moins jeunes étudiants qui trichent. « […] while previous literature finds that younger students are more likely to cheat, and that upperclassmen tend to cheat less than underclassmen…we found the opposite. Another important factor is sex »(33). (Ibid., p.496)
Dans le monde arabe, certaines recherches telles que :
1980) جابر عبد الحمید وسلیمان الحضري)
1995) فیصل محمد الزراد)
1979) عمر سلیمان بكش))
bien que ne traitant pas directement du plagiat(électronique), ont abouti elles aussi à la conclusion que la tricherie est typiquement masculine.
Faudrait-il souligner que nombre d’autres recherches abondent dans l’un ou l’autre sens. Si des études telles que (Whitely, Nelson et Jones, 1999 ; Roig et Caso, 2005 ; Smyth et Davis, 2003 ; Genereux et McLeod, 1995 ; David et Ludvigson, 1995) trouvent que le plagiat est à dominance masculine, d’autres études telles que (Jordan, 2001 ; Nowell et Laufer, 1997 ; Newstead, Franklyn Stokes et Armstead, 1996 ; Allmon, Page et Roberts, 2000) trouvent par contre que ce n’est pas le cas.
Il ressort donc de ce balayage de quelques recherches qui ont examiné de près le facteur genre et sa corrélation avec le comportement plagiaire qu’il y’a dissensus dans la littérature. En effet, les « […] résultats dans la littérature ont révélés que la triche [s’entend plagiat] est substantiellement corrélée aux notes mais des résultats moins consistants ont été trouvés pour le genre. »(Notre traduction)(Brown et Choong, 2003, p.75)
Si les tenants de la théorie de la socialisation différentielle s’attendent à ce que les hommes soient tricheurs un peu plus que les femmes dans le contexte académique, (Whitely, Nelson et Curtis, 1999), Underwood et Szabo (2003, cités par Chen et Teresa Ku, op.cit., p. 80) mettent en garde contre cette image de « « female-good and male-bad »(34) » se rapportant à l’inconduite académique, car les entorses aux règles peuvent être commises aussi bien par les hommes que par les femmes.
32 méta-analyse : c’est une synthèse des résultats de recherches empiriques. Typiquement une méta-analyse comprend des techniques qui « […] (a) intègrent les différents résultats ; (b) établissent une amplitude moyenne des effets et des relations concernés ; (c) évaluent la fiabilité des résultats, et (d) identifient les facteurs qui déterminent les différences entre les résultats des études » (Lösel, 1995, p.106)
33 Nous traduisons : Tandis que la littérature a révélé que les étudiants les moins jeunes sont enclins à tricher plus que leurs camarades des classes supérieures, nous avons trouvé le contraire. Un autre facteur important est le sexe.
34 Nous traduisons littéralement : femme bonne et homme mauvais.
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