Cependant, le négociant français Arthur Verdier décida de rester en Côte d’Ivoire et de tenir tête aux Anglais; il fit planter du café dans la région d’Assinie. On sait que la culture du café deviendra plus tard la principale culture en Côte d’Ivoire avec le cacao. Mais les Français se trouvèrent en compétition ouverte pour la domination de la région avec les Britanniques qui avaient jeté leur dévolu sur la Côte-de-l‘Or (l’actuel Ghana), la Gold Coast devenue la colonie britannique la plus prospère. Les Britanniques imposèrent partout leur langue et leurs institutions dans leurs colonies, au Ghana comme ailleurs.
Les zones d‘influence respectives de la Grande-Bretagne et de la France furent fixées au congrès de Berlin en 1885. Louis Gustave Binger (1856-1926) fut nommé «résident français aux Établissements de la Côte d’Ivoire» et, à ce titre, agit comme le représentant de la France auprès des chefs locaux. À partir de 1887, Marcel Treich-Laplène, un commis de Verdier, remonta vers le nord du pays en signant des traités au nom de la France, notamment avec les Bettié, les Agni et les Abron.
Le 10 mars 1893, le décret portant création de la Colonie de Côte d’Ivoire était signé et Louis Gustave Binger en devenait le gouverneur et Grand-Bassam fut choisie comme capitale. Les Français se heurtèrent à la résistance farouche des populations, qui utilisèrent les tactiques de la guérilla. Les foyers d’opposition furent réprimés de manière brutale et les différentes régions de la Côte-d’Ivoire ne furent conquises qu’une à une, car il faudra plus de vingt ans à la France pour réellement s’imposer dans la région.
Dans son entreprise de conquête de l‘intérieur des terres, la France se heurta dans le Nord au conquérant malinké, Samory Touré, un guerrier d’origine guinéenne dont les forces étaient armées de fusils acquis auprès des Britanniques. En 1897, Samory fit raser la ville de Kong, dont les habitants avaient pactisé avec la France; celle-ci dut même avoir recours à l’aide britannique pour anéantir le nouvel empire de Samory Touré, qui ne fut vaincu qu’en 1898 et déporté au Gabon où il mourut en 1900. Le conflit avait tout de même dévasté une grande partie de la région. En 1899, Grand-Bassam subit une terrible épidémie de fièvre jaune; les Français se retirèrent de la ville et firent de Bingerville la nouvelle capitale de la Côte d’Ivoire.
La France ne put assurer sa domination sur l‘ensemble de la Côte d‘Ivoire qu‘au début du XXe siècle. En 1902, la Côte d’Ivoire intégra l’Afrique occidentale française dont le gouverneur résidait à Dakar. À partir de 1908, le gouverneur Angoulvant élabora un plan de «pacification» définitive, mais les autorités coloniales durent réprimer les révoltes des Baoulé et des Bété jusqu’en 1915.
La culture du café, introduite en Côte d‘Ivoire par les colonisateurs dès 1882, se développa et une classe de petits planteurs apparut. En 1932, Félix Houphouët-Boigny, jeune médecin formé à l’École de médecine de Dakar, prit la défense des planteurs de cacao contre l‘appropriation des terres par les grands propriétaires coloniaux et contre la politique économique qui pénalisait les planteurs autochtones. La Côte d‘Ivoire fut alors soumise aux milieux d‘affaires comme la SCOA, la CFAO et les Établissements Peyrissac. Ces grosses compagnies incitèrent le gouvernement français à intégrer à la colonie, entre 1932 et 1947, les régions très peuplées du centre et du sud de la Haute-Volta (l’actuel Burkina), dont les habitants étaient recrutés pour le travail dans les plantations et constituaient le gros des contingents de «tirailleurs sénégalais» envoyés sur le front européen durant les deux guerres mondiales. Le recours au travail forcé, pour la construction de la voie ferrée entre Abidjan et Ouagadougou destinée à parfaire l‘intégration économique de ces territoires, renforça l‘opposition anticoloniale.
En 1944, Houphouët-Boigny créa un syndicat agricole africain (le Syndicat agricole africain, SAA), qui fut à l‘origine du Parti démocratique de Côte d‘Ivoire (PDCI). Les différentes factions politiques créées dans les colonies de l‘Afrique occidentale française (AOF) menèrent le combat pour l‘indépendance. Au cours des deux guerres mondiales, les Français mirent abondamment à contribution leurs colonies: ils recrutèrent un grand nombre de soldats en Côte d’Ivoire, accrurent le travail forcé et exigèrent la fourniture gratuite de certains produits comme l’huile de palme et le caoutchouc. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la pression économique et le durcissement du régime provoquèrent le mécontentement croissant de la population et la montée du nationalisme. En 1946, Houphouët-Boigny, alors député de la Côte d‘Ivoire à l‘Assemblée française, fut à l‘origine de la loi abolissant le travail forcé dans les territoires français d‘outre-mer, un statut auquel accéda, la même année, la Côte d‘Ivoire.
Les partis politiques ivoiriens, à ce moment apparentés au Parti communiste français, s‘opposèrent violemment à l‘Administration française en 1949 en soutenant les grèves suscitées par la chute des cours du cacao. En 1951, Houphouët-Boigny adopta une stratégie de coopération avec le gouvernement français. Il participa à l’élaboration de réformes qui allaient déboucher sur la décolonisation. En 1957, il devint ensuite président du Conseil de l’AOF et déclara sa volonté de voir naître une Côte d’Ivoire républicaine et indépendante.
70 Histoire de la Côte d‘Ivoire sur le lien :http://www.africa-onweb.com/pays/cotedivoire/histoire.htm, , déjà cité