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2.2 Les réponses

Comme tous les groupes ont répondu aux mêmes questions, il est facile de dégager les points
communs et les différences d’opinion.

Première chose : personne ne déclare chanter en français par obligation, autrement dit parce qu’il ne
parle pas anglais. La plupart affirment avoir la possibilité de chanter en anglais mais préférer le
français afin d’être plus honnête et intègre. L’autre raison est que le public le plus proche étant
francophone, il doit être en mesure de comprendre tout de suite le message (« je considère que le
but de la personne qui écrit des textes est que les gens qui sont en face comprennent. » pour
Heyoka, « Initialement, par choix (et pour être compris par la plus grande partie du public ?!) »
pour Solidagité).

On constate ensuite que l’intégralité des personnes interrogées portent une importance toute
particulière à leurs paroles : lors de la composition tout d’abord, puis en les incluant dans les CD.

Tous les paroliers cherchent à écrire des choses sensées, rythmées et/ou rimées (Crades Marmots :
« je recherche tout le temps des sonorités spécifiques, je fais surtout attention aux rimes et à utiliser
un français correct. »). Tous les groupes jugent qu’il est important d’avoir de bonnes paroles et de les
rendre accessibles au public. D’ailleurs dans l’ensemble ils considèrent que le public est sensible aux
paroles et s’y intéresse (voir réponses à aux questions 8 et 9). Pour illustrer cela je citerai Vérole, le
chanteur des Cadavres, dans une interview donné pour le livre d’Arno Rudeboy, « Nyark Nyark !

:Fragments de la scène punk et rock alternatif en France (1976 – 1989) », Broché, 2007 : « On était
en France, notre public immédiat c’était des gens que l’on connaissait, pour se faire comprendre, il
valait mieux chanter dans la langue du pays. […] Il y avait l’urgence, on avait des choses à dire, on
les disait. Avec cette volonté d’avoir des textes à slogans. Si, dans une chanson, tu arrives à ce que
les gens retiennent ne serait-ce qu’une phrase, et qu’elle peut les faire réfléchir, tu te dis qu’au
moins tu n’as pas prêché dans le désert. »

Une première conclusion sans équivoque s’impose à nous : les punk rockers ont un message à faire
passer dans presque tous leurs morceaux, et autant que faire se peut ils tentent d’y mettre la forme.

Les influences citées sont souvent celles que l’on retrouve dans le corpus : Bérurier Noir, Zabriskie
Point, Les Cadavres et Les Sheriff principalement. En dehors du punk, deux autres grands noms de
la chanson en français reviennent à plusieurs reprises : Noir Désir et Jaques Brel.

Quant à leur opinion sur le chant en anglais, et les groupes francophones qui l’utilisent, deux
attitudes sont adoptées par les interviewés : la majeure partie d’entre eux n’y accordent aucune
importance dans la mesure où chacun doit faire comme bon lui semble (« faut juste faire comme tu
le sens » pour Reuno ou « chacun est libre de s’exprimer comme il l’entend. » pour Manu).D’autres
en revanche sont nettement plus critiques: « Ils font n’importe quoi. » pour les Crades Marmots ou
« Je n’ai aucun intérêt pour les groupes qui chantent un anglais cassé et mal écrit. » pour les
Vulgaires Machins. Il est vrai que la question est quelque peu orientée avec le mot « mal » entre
parenthèse, et on ne parle donc pas des groupes qui chantent en anglais en général, mais
implicitement de ceux qui ne le maîtrisent pas parfaitement.

L’une des questions qui nous intéresse le plus dans le cadre de notre recherche est la question n°6 :

« Y a-t-il des mots ou des thèmes qui reviennent régulièrement dans vos textes ? ». Heyoka parle du
capitalisme sauvage, Reuno de la notion de pêché et de l’influence de la judéo-chrétienté sur
l’inconscient des gens, Brigitte Bop, «de bistrots et de personnages qui loosent », White Card
« d’injustice, de mort, d’idéologies dangereuses … » et plus largement pour les Vulgaires Machins
de « la bêtise humaine ».

Cette question avait pour but de confronter les dires des paroliers du punk/hardcore à leurs paroles,
et de voir si le discours était cohérent avec les faits. Et force est de constater que c’est bien le cas !

On a vu les champs lexicaux en 1.1, ainsi la guerre est à relier avec la réponse de White Card et des
Vulgaires Machins, et le capitalisme évoqué par Heyoka fait écho à l’analyse des paroles des
groupes qui ont joué le 19/03/2011 à l’Assommoir (cf première partie du mémoire).

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