Ensuite il a fallu trouver des groupes à faire jouer, ce qui ne fut pas le plus facile, tout d’abord pour
la simple et bonne raison qu’il existe peu de formations de ce style chantant uniquement en français
! Cela réduit déjà considérablement les possibilités. J’ai d’abord cherché à faire venir au moins une
bonne « tête d’affiche », un groupe de niveau national ou international qui, seulement sur son nom,
peut remplir la salle. Malheureusement, dans un milieu où l’amateurisme est la règle et où peu de
groupes sont intermittents du spectacle (ce qui fait aussi le charme du punk rock), des groupes
comme Brigitte Bop (d’Orléans), Garage Lopez (de Paris) ou The Hop Là! (de Montpellier) ne
pouvaient venir le dimanche soir car ils travaillaient le lundi, et étaient déjà pris pour un autre
concert le samedi soir. Il en va de même pour le groupe québécois Vulgaire Machins, justement en
tournée en France à cette période mais qui rentrait au Québec le dimanche même.
Pour d’autres groupes plus connus comme PKRK (de Metz) ou Opium du Peuple (de Bordeaux), ils
auraient pu jouer le dimanche soir, mais le problème était d’ordre financier. Ces derniers exigeaient
un cachet plus élevé, et même si, probablement le concert eût été un franc succès avec ces
formations là, j’ai préféré ne pas prendre le risque car un dimanche soir à Saint Etienne, rien n’est
moins sûr que d’attirer 150 personnes à un concert punk dont l’entrée est à 7€ : la plupart des gens
travaillent le lendemain et rechignent donc à sortir pour voir des groupes qu’ils ne connaissent pas et
7€ est le « seuil psychologique » à ne pas franchir afin d’ éviter l’impression de prix excessif pour
un concert punk.
J’ai également cherché à contacter des groupes belges et suisses pour faire un concert véritablement
de la francophonie et pas seulement de « punk français ». Force est de constater que les groupes qui
chantent en français dans ces pays sont encore plus rares qu’ici ! La distance à parcourir pour venir
exprès à Saint-Etienne (c’est à dire en dehors d’une tournée) était un obstacle de plus, car le
défraiement aurait dû être entièrement couvert par la soirée. J’ai donc malheureusement vite
abandonné cette idée.
J’ai donc revu mes ambitions à la baisse en arrêtant la date du samedi soir pour être sûr d’avoir assez
de public, et en contactant des groupes moins connus, par l’intermédiaire du label de la région
parisienne Trauma Social. Tados et Solidagité, qui partagent le même batteur, m’offraient donc un
bon compromis entre notoriété dans la scène punk et un cachet abordable.
Il me fallait aussi au moins un groupe local pour différentes raisons :
1. Un concert punk présente toujours au minimum 3 groupes, il est très rare de voir des
affiches annonçant seulement deux formations. C’est un milieu où, pour 5€, on en veut pour
son argent. Or les groupes locaux en général ne prennent que peu voire pas du tout d’argent.
2. C’est également une « tradition » que d’aider les groupes locaux en les faisant jouer avec d’
autres de renommée nationale ou internationale, et cela leur fait toujours plaisir de partager
la scène avec des personnes plus expérimentées.
3. D’un point de vue pratique, les groupes locaux peuvent plus facilement fournir du matériel si
besoin est, et viennent toujours accompagnés de quelques proches, pour grossir la foule. De
même ils peuvent aider pour l’affichage et la promotion en générale, c’est d’ailleurs ce qui
s’est passé pour ce concert.
J’ai tout de suite pensé à White Card que je connaissais et qui sont l’un des seuls groupes stéphanois
à chanter en français. Quant au Crades Marmots, je les ai découverts au mois de décembre lors d’un
concert à l’Assommoir justement où j’étais moi-même spectateur. Je leur ai proposé de participer à
ma soirée et ils ont tout de suite accepté.