La propriété est un élément central du développement. Elle donne sa dignité à chacun, et nous permet de nous projeter dans le futur : parce que ceci est à moi, je vais en prendre soin et le faire fructifier. Mais elle nécessite une sécurité juridique, de manière à ce qu‘il y ait une certitude sur l‘identité des propriétaires.
Il ne peut y avoir d‘investissement durable sans cela. Cela suppose la tenue précise d‘un cadastre, de sorte que les droits de propriété soient correctement définis, que les transferts de propriété par don ou transaction soient enregistrés et que les litiges puissent ainsi être tranchés sur la base la plus claire possible.
Cependant, en Côte d‘Ivoire l‘appropriation ne s‘est pas faite sur une base des plus claires. En effet, en liaison avec le modèle économique choisi, fondé sur les cultures de rente, le Président Houphouët-Boigny avait ouvert le pays de sorte que des immigrés, notamment du Burkina, viennent en Côte d‘Ivoire pour y travailler la terre : « la terre appartenait à celui qui la cultivait ». Sauf que tout cela est resté dans le domaine de l‘oral.
Or, sans preuve écrite, sans titre formel, sans cadastre précis, ce genre d‘appropriation « floue » allait rapidement mener au conflit lorsque, la crise économique aidant, des Ivoiriens allaient rentrer au village pour y cultiver « leurs » terres – désormais occupées et mises en valeur par des étrangers. Même la réforme foncière de 1998 tendant à formaliser la propriété n‘a pas réussi à résoudre les tensions dans les origines contradictoires des propriétés.
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