Gagne de la cryptomonnaie GRATUITE en 5 clics et aide institut numérique à propager la connaissance universitaire >> CLIQUEZ ICI <<

2.3 De l’approche transactionnelle… (Lazarus et Folkman, 1984)

Non classé

En rupture avec les modèles comportementalistes basés sur une causalité linéaire
Stimulus – Réponse percevant l’individu comme un organisme passif réagissant aux stimuli
de l’environnement, l’approche transactionnelle du stress appréhende davantage l’homme
comme un organisme pensant et actif face aux situations, interagissant avec son
environnement.

Dans cette perspective conceptuelle du stress, Lazarus et Folkman (1984), nobles
partisans de l’approche transactionnelle, élaborent un modèle tenant compte simultanément
des composantes individuelles et environnementales, et de la relation entre l’individu et son
environnement. Ainsi, et émanant de cette schématisation singulière, ces deux auteurs
caractérisent ainsi le stress par « une relation particulière entre la personne et
l’environnement qui est évaluée par la personne comme éprouvant ou excédant ses
ressources et mettant en danger son bien-être »(12) (Lazarus & Folkman, 1984, p.19).

En effet, éloignée d’une simple relation de cause à effet, l’approche transactionnelle de Lazarus et
Folkman (1984) intègre à sa conceptualisation du stress un processus modulant l’interaction
entre l’individu et son environnement, à travers lequel le sujet construit une signification
subjective des situations qu’il rencontre. Aussi, si le terme « transactionnel » renvoie donc au
fait que la personne et l’environnement entretiennent une relation dynamique, mutuellement
réciproque et bidirectionnelle (Folkman, Lazarus, Gruen, & DeLongis, 1986), ce présent
modèle a notamment été construit autour d’un concept médiatisant le lien entre une telle
transaction et les conséquences qu’elle engendre à court et à long terme : l’évaluation
cognitive.

Conformément au modèle transactionnel stipulant que l’individu évalue en permanence
sa relation à l’environnement, et ce relativement aux implications que celle-ci peut avoir pour
son bien-être personnel (Lazarus, 2001), Lazarus et Folkman définissent alors l’évaluation
cognitive comme un « processus de catégorisation des événements et de leurs multiples
facettes au regard de leur signification pour le bien-être » (Lazarus & Folkman, 1984, p. 31).

Par ailleurs, si au regard de sa qualification elle implique inévitablement des mécanismes

complexes, conscients et de jugement (Lazarus, 2001), l’évaluation cognitive admet
également une fonction adaptative sous-jacente, consistant à trouver un équilibre entre les
réalités de l’environnement et les intérêts de la personne et s’opérationnalisant au moyen de
deux processus subjectifs distincts, l’évaluation dite « primaire » et l’évaluation dite «
secondaire » (Lazarus & Folkman, 1984).

En interrogeant l’enjeu de la situation aversive pour l’individu selon trois composantes
que sont la pertinence par rapport aux buts, la congruence ou l’incongruence de ce qui se
passe par rapport aux buts, et le type d’implication de la personne (Lazarus, 1991),
l’évaluation primaire reflète la nature et le degré de risque qu’un événement peut comporter
en posant la question « Est-ce que ça va ou suis-je potentiellement en danger ? » (Coyne &
Lazarus, 1980, p. 151). Aussi, cette première évaluation consiste pour l’individu à catégoriser
l’événement potentiellement stressant, et ce, selon trois situations possibles :

– la relation à l’environnement est jugée non pertinente ou insignifiante.

– la transaction est jugée pertinente et bénigne-positive: les présentes conditions
facilitent la réalisation des objectifs de l’individu (Lazarus, 2001) ou s’orientent vers une
préservation voire une amélioration de son bien-être (Lazarus & Folkman, 1984).

– la relation à l’environnement est évaluée comme pertinente et stressante (Lazarus,
2001), c’est-à-dire nuisible et menaçante ou nuisible et défiante dans la mesure où les
présentes conditions entravent ou menacent la réalisation des buts de l’individu (Lazarus,
2001).

Par ailleurs, et simultanément à cette évaluation primaire, la qualification d’un
événement dit “stressant” résulte également de l’évaluation « secondaire », processus au cours
duquel l’individu va évaluer ses ressources, les options s’offrant à lui, la probabilité de
chacune d’entre elles de parvenir au résultat escompté, les conséquences de ces actions
possibles, ainsi que les contraintes sociales et intra-psychiques liées à leur réalisation (Lazarus
& Folkman, 1984).

Ainsi, les processus d’évaluation primaire et secondaire interagissent constamment
d’une part pour apprécier la qualité « stressante » de la transaction (Lazarus & Folkman,
1984), et ce, en comparant les ressources disponibles pour faire face à la situation par rapport
à la menace, et d’autre part pour adopter la stratégie de coping la mieux adaptée à la situation.

graphique Visteon l'epopée d'une réstructuration 6

Schématisation du modèle de Lazarus et Folkman, 1984

Enfin, si la relation à l’environnement est jugée stressante par l’individu, elle peut se
différencier en trois types de situations distinctes symbolisées par la perte, la menace ou le
défi (Lazarus & Folkman, 1984) :

– Le préjudice, le dommage ou la perte: réfère à un dommage ou une perte pour l’individu
déjà survenu comme une maladie ou le décès d’une personne proche. Les émotions attendues
lors de tels évènements sont la tristesse, la colère, la déception, la culpabilité et le dégoût
(Folkman & Lazarus, 1985).

– La menace: s’applique à l’anticipation d’un événement, permettant ainsi à l’individu d’avoir
recours à des efforts de coping dit anticipatoires (Lazarus & Folkman, 1984), et se voit
généralement lié à des émotions négatives, à l’anxiété et au sentiment de ne pas pouvoir faire
face à cette menace (Lazarus, 1991).

– Le défi: l’évaluation est focalisée sur les gains potentiels de cette transaction et sur la
maîtrise de celle-ci (Lazarus & Folkman, 1984). Les émotions ressenties dans une telle
situation sont surtout positives, comme la confiance, l’espoir, l’impatience (Folkman &
Lazarus, 1985).

Ainsi, envisagée dans une perspective dynamique et systémique, et conçue comme une
relation particulière entre la personne et l’environnement, l’approche transactionnelle du
stress développée par Lazarus et Folkman (1984), en mettant en exergue l’importance de
l’évaluation de la situation stressante et la manière dont l’individu va l’appréhender, laisse
poindre l’émergence du concept de « stress perçu ».

12 «Psychological stress is a particular relationship between the person and the environment that is
appraised by the person as taxing or exceeding his or her resources and endangering his or her wellbeing».

Retour au menu : VISTEON : L’EPOPEE D’UNE RESTRUCTURATION