Certains rapports entre les individus qui vivent en prison sont faits de pouvoir. Ceux-ci sont normés et régis par un nombre de règles strictes. La prédéfinition des emplacements (travail, lieu de repas, rencontre avec les proches, etc.) à heure fixe, et les types de relations (rencontre avec la psychologue, etc.) en font partis.
Les rapports non normés restent dans l’ombre. Les expériences des détenus lors de contacts affectifs sont peu relatées aussi bien oralement que par écrit.
Malgré des reportages journalistiques et visuels, les thèmes de l’affectivité et de la sexualité, en général, sont encore tabous pour la majorité d’entre nous. Ces sujets sont la plupart du temps fantasmés et pas souvent objectivés.
En ce qui concerne le sujet qui nous intéresse plus particulièrement c’est-à-dire la prison, nous avons constaté que la société, la plupart du temps, ne peut pas concevoir que les détenus puissent avoir une affectivité ou une sexualité en prison.
En effet, comme il y a eu délit, acte sanctionné, les prisonniers sont privés de quasiment tous leurs droits. Ils sont ainsi également dépossédés, en quelque sorte, de leurs droits à avoir une vie affective, à avoir des échanges.
Nous avons pu lire dans divers ouvrages que la plupart du temps, l’affectivité et la sexualité sont niées en prison par la majorité du personnel surveillant.
De plus, selon le gardien rencontré, il n’y a pas d’échanges affectifs car il n’en a jamais vu. Cependant, il a également dit qu’il se doutait qu’il devait y avoir des expériences affectives.
Lors de préventive, les détenus ont peu de moments de partage qui est de leur ressort.
Les échanges authentiques peuvent se faire la plupart du temps uniquement lors des promenades.
Normalement, la préventive dure moins d’une année. Cependant, il existe des prévenus qui vivent plus d’une année en préventive car souvent leur jugement est en attente ou en perspective d’un transfert après un jugement.
Ils sont obligés parfois de vivre jusqu’à quatre en cellule alors qu’initialement cette dernière était conçue pour deux personnes. Un espace d’échange est là, mais la cohabitation semble difficile.
Quant aux détenus effectuant une longue peine, ils ont le droit à l’intimité lors des week-ends car les cellules sont ouvertes et peuvent se déplacer comme ils le veulent sur l’étage (selon entretien avec le surveillant interrogé, cité auparavant).
Cependant, même si les portes ne sont pas verrouillées, les gardiens font leur travail de contrôle, leur regard est présent puisqu’ils sont obligés, de par leur cahier des charges, de surveiller le quotidien des détenus.
Finalement, le système pénitentiaire peut souvent être perçu comme un endroit totalitaire. Parallèlement, pour nous, il peut y avoir des espaces d’existence comme nous allons l’aborder dans le corpus théorique.