Le travail infirmier se caractérise par une confrontation avec la souffrance, l’anxiété et la mort. Si la mort des patients occupe une place centrale dans la souffrance au travail du personnel soignant, à la charge psychique, il faut ajouter l’absence de soutien, d’espace d’expression de cette souffrance, et le manque de reconnaissance par la hiérarchie.
L’agonie est la période la plus redoutée, elle est vécue comme un drame.
La mort de l’autre engendre un sentiment d’échec, on n’a pas pu l’empêcher ; et de culpabilité, on n’a pas agi à temps ou pas été à la hauteur pour aider et accompagner le mourant.
Les auteurs soulignent aussi qu’il existe des conflits étroitement liés à la mort dans les services de soins, avec les collègues par des approches différentes de l’agonie, avec les médecins par leurs absences, par des investigations douloureuses ou encore pour soutirer une thérapeutique contre la douleur, avec les familles, car si leur présence est un droit, elle participe néanmoins à un surcroît de travail.
La mort est source d’angoisse. La souffrance occasionnée par la mort ne reste pas à l’hôpital. Elle retentit sur les activités socio familiales. L’impuissance de n’avoir pas pu maîtriser la mort renvoie le sujet au fantasme de sa mort. Les soignants sont seuls et abandonnés face aux mourants.
Les échanges entre l’équipe paramédicale et les médecins sont nombreux mais parcellisés, à l’image de l’organisation des soins.
Rares sont les espaces d’expression où l’on peut faire le point sur l’évolution de chaque malade et surtout d’exprimer la souffrance engendrée par la maladie grave et la mort.