Le Prix, étant un critère de variable de consommation et donc un moyen de se positionner et de segmenter, ne représente d’après certaines études qu’un facteur très secondaire de la consommation de produits culturels (Walshe, 1992). En effet, dans le processus de décision du consommateur, il arrive loin derrière l’implication du consommateur (son intérêt pour le produit, l’attrait du produit et sa pertinence pour lui) et d’autres facteurs sociopsychologiques.
Néanmoins, à une époque où les tarifs de spectacles deviennent régulièrement prohibitifs, les Vieilles Charrues font le pari de proposer des prix accessibles à tous et misent sur cette variable de consommation pour démocratiser leur projet. Malgré une légère augmentation du prix du Pass 3 jours (près de 2 euros par an), les places à la journée sont mises en vente à 30 euros et les forfaits, « Pass » trois et quatre jours s’élèvent respectivement à 72 et 95 euros. En réalisant un petit calcul, le concert revient à… à peine plus d’un euro par spectacle. De même, poursuivant cette idée d’inviter les familles, les organisateurs ont mis en place un billet à demi-tarif pour les jeunes de moins de quinze ans.
De plus, à l’occasion des fêtes de Noël soit près de 7 mois avant l’évènement, depuis 2009, les organisateurs proposent également des Pass pour les 4 jours. Cette offre est détonnante dans la mesure où la programmation n’est dévoilée qu’au mois de Mars, soit 4 mois avant le Festival. Elle n’est possible que du fait de la forte notoriété du Festival et de sa programmation « sécurisant » les festivaliers – tous les ans une surprise et une affiche prestigieuse – qui mise alors sur la décision « a priori » des festivaliers réguliers ou populations curieuses, qui souhaitent, avant de parler de rentabilité de consommation, adhérer à l’ensemble d’un projet culturel.
En parallèle de cette politique tarifaire sur les tickets, des accès et des services gratuits ou à prix réduits permettent de faciliter le confort des festivaliers lesquels trouvent alors la disponibilité pour apprécier les spectacles et un bien être qui amène au plaisir du moment.
Ainsi, côté logement, 12 campings gratuits recouvrant près de 30 ha se trouvent en face du site des concerts et constituent un véritable « lieu de vie ». Ce service facilite l’hébergement des festivaliers sur place et participe également à la prévention des risques liés à l’alcool. Des zones douches et sanitaires y sont aménagés, 60 cabines toilettes sèches sont installées sur les campings et réparties sur deux zones et des services complémentaires viennent faciliter la vie des festivaliers : accueil et consigne d’objets, vente de produits frais – les agriculteurs locaux du Poher sont également présents pour offrir un verre de lait frais tous les matins – ou un petit déjeuner (payant cette fois ci) est servi à l’entrée du site tous les matins avant 12h – , distribution de sacs poubelles. L’enseigne Decathlon, partenaire du Festival, possède même un stand à l’entrée des campings afin de dépanner les festivaliers – étourdis ou malchanceux – qui désirent acheter une tente 3 secondes. Au sein du site de Kerampuilh, l’eau gratuite est distribuée dans tous les bars du festival et au bar à eau plus spécifiquement. Au total, 20 000 litres d’eau ont été distribués grâce aux fontaines à eau raccordées au réseau.
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