« Pour qu’un enfant vienne au monde dans de bonnes conditions, qu’il grandisse physiquement, moralement et mentalement d’une manière satisfaisante, il faut que son berceau, dans tous les sens du mot, ait été préparé longtemps à l’avance(1)» . Le milieu carcéral peut-il faire office de berceau, de jardin propice à l’éducation ?
Or, des enfants naissent très souvent en ayant comme unique berceau la prison et ses privations, une mère en colère contre elle-même, contre l’auteur de la grossesse, une atmosphère délétère, des cris et bruits assourdissants pour tout matériel d’éveil etc., quand d’autres se retrouvent, malgré eux, « prisonniers » dans un espace qui ne peut que compromettre leur avenir social si rien n’est fait ! Famille monoparentale en prison : quel avenir pour l’enfant ?
« La plus grande part, la plus décisive dans l’éducation de l’un ou de l’autre sexe, appartient évidemment aux femmes. Un grand pouvoir leur a été remis ; le retirer de leurs mains est impossible ; tout ce que nous pouvons, c’est leur apprendre à n’en faire qu’un bon usage (2)» . Des nourrissons, des enfants sont en prison, font leurs premiers pas en prison, vivent la prison, s’imprègnent de la prison avec leurs mères incarcérées. Quels avenir leur réserve t-on ? Les détenues-mères, plus préoccupées par leur sortie, par le suivi de leur dossier en instruction ou en appel, par leur ration alimentaire, par la quête d’eau, bref, par leur quotidien carcéral, n’ont vraiment pas le temps de matérialiser cette grande part, cette part décisive de l’éducation dont pale VINET. Des efforts sont faits, dans ce sens mais demandent à être accompagnés aux fins d’éviter que la conduite sociale future de ces enfants ne soit empreinte de résidus de ce milieu délétère qu’est la prison. Aider ces femmes détenues, ce sera aider par la même occasion ces enfants et la société plus tard ; c’est faire en sorte de voir éclore de ces enfants, des Hommes de demain, respectueux des lois.
Il y a peu, les enfants ont été célébrés à l’occasion de la fête de noël, les enfants des pouponnières, ceux des orphelinats ont également été fêtés et doivent être accompagnés. Mais quid des enfants de détenus ou, pire, ceux vivant en prison avec leurs mères ? Sont-ils des sous-enfants pour le simple fait d’être issus de mères incarcérées ?
Comment vivent les femmes enceintes (03) de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) ? Comment vivent les 07 enfants (de 09 mois à 03 ans) avec leurs mères à la MACA ?(3) Quels sont les dispositions prises ou à prendre pour éviter que la présence en prison de ces enfants auprès de leurs mères n’influent sur leur avenir social ?
Répondre à toutes ces interrogations serait déjà réfléchir sur ce monde clos et pour une efficacité dans la prise en charge de la vie (toute la population carcérale sans exclusive) qu’elle couve afin que les maisons d’arrêt soient véritablement des espaces de correction.
1 Maurice TIECHE ; Guide pratique d’éducation familiale, P 15
2 Alexandre VINET, in Guide pratique d’éducation familiale, P 46
3 Statistiques du moi de Février 2013