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3. MUST

Parmi les cinq modaux fondamentaux en anglais (can, may, must, shall, will), must est
le seul à ne pas avoir de prétérit, puisque, de par son origine, il en est déjà un. En vieil anglais,
il était en effet la forme passée de mūt, signifiant aujourd’hui may, must. Néanmoins, son cas
se doit d’être étudié avec les autres valeurs fondamentales des modaux et non pas avec la
valeur de -ED ; must situe la relation prédicative sur le même plan que les autres modaux, et
non sur un plan fictif, comme c’est souvent le cas avec l’ajout de -ED, comme nous le verrons.
Cependant, son utilisation dans le discours indirect est possible. A l’inverse du cas de can,
must n’accepte une interprétation épistémique que dans des énoncés à la forme affirmative, car
son interprétation radicale, à savoir l’ordre (modalité déontique), neutralise, dans les énoncés à
la forme négative, la valeur de forte probabilité qui le caractérise. Plusieurs dialectes de
l’anglais autorisent cependant une interprétation épistémique de mustn’t ; c’est surtout l’anglais
britannique qui a recours à can’t en tant que contraire de must épistémique.

La valeur fondamentale du modal dans son interprétation épistémique correspond à une
quasi-certitude, une forte probabilité, en tant que conclusion logique d’un raisonnement. C’est
pourquoi must ne peut être utilisé pour évaluer un fait à venir, contrairement à may ; si
l’énonciateur souhaite dire qu’un événement du futur a de grandes chances de se produire, il
faudra avoir recours à une périphrase, comme be sure to ou be bound to, qui seront étudiées
plus loin.

1. It must be really annoying.

2. Do you know how rare that must be?

3. Harry thought there must be thick trees.

En 1, le contexte est le suivant : un jeune garçon est dans un zoo et voit le panneau « bred in
captivity », qui lui fait comprendre que l’animal a vécu toute sa vie en captivité. Ainsi, en
utilisant le modal must, il exprime une conclusion tirée à partir de ces éléments du contexte,
sans même avoir besoin de paroles. Au vu d’un tel contexte, il est alors très probable qu’une
telle vie soit ennuyeuse et agaçante. Il s’agit ici d’une interprétation épistémique des plus
typiques, d’autant plus que l’on note l’utilisation du pronom it impersonnel. Dans l’exemple 2,
il s’agit également d’un must épistémique typique et la question souligne l’incertitude présente
dans le modal, malgré une « forte probabilité ». Le choix du pronom that, symbolisant
l’anaphore et le fléchage, renforce l’idée que must ne peut faire référence à un événement
futur, puisqu’il donne la conclusion d’un raisonnement logique. Le troisième exemple sert à
illustrer le fait que must, étant un ancien prétérit, peut être utilisé dans le discours indirect (ici,
introduit par Harry thought). Contrairement à may, qui déclencherait l’emploi de might, ou
will, qui déclenche would, etc., must est tout à fait possible dans des références au passé, pour
le discours rapporté. Toutefois, il ne suffit pas pour exprimer une quasi-certitude dans le
présent sur un fait passé et il ne s’emploie normalement pas dans des énoncés interrogatifs. De
même, pour parler du futur d’un point de vue présent comme passé, ce sont des périphrases
qu’il faudra utiliser, puisqu’elles peuvent être, elles, conjuguées à tous les temps. L’on notera
que dans les trois exemples proposés, le verbe qui suit le modal est be ; en effet, si un verbe
dynamique suit must, celui-ci est automatiquement radical, alors qu’un verbe statif, ou même
une forme en -ING (puisqu’elle est formée à partir d’un verbe statif), lèvent toute ambiguïté.

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