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3) Patronat et Etat

Effectivement, le patronat est désigné comme ennemi du prolétariat d’une façon on ne peut plus explicite : « Le patronat, voilà l’ennemi »46 ! D’une façon générale, les grands patrons, sont des bourgeois. Ce sont eux qui détiennent le pouvoir économique, du fait qu’ils sont propriétaires des usines dans lesquelles travaillent les ouvriers exploités, et ils assurent la direction de la production. Leur politique tient au maintien du prolétariat dans l’ignorance que ce dernier a de sa propre force, en faisant des prolétaires des consommateurs dociles, esclaves du grand capital, donc du patronat : « Tout ceci est une politique voulue par le capital, par nos patrons : devenir ses esclaves et aussi devenir esclaves de ce que nous achetons. Le patronat fait de nous des ignorants, il freine notre culture, il recherche sa tranquillité »47. Par ailleurs, cette exploitation et cette aliénation ne vont pas sans l’amélioration des 24

moyens de production, donc le progrès technique, uniquement conçu dans une logique de rentabilité capitaliste. En effet, l’amélioration de la technique permet, dans la logique patronale et capitalistique, de produire plus avec moins de main d’œuvre, ce qui revient finalement moins cher au patron, étant donné qu’il y a moins de salaire à payer. Ainsi, le patronat peut se permettre d’économiser en licenciant des ouvriers : « La modernisation des moyens de productions permet aux patrons de tirer autant de profits avec moins de personnel ; alors ces requins foutent à la porte sans scrupules ceux dont ils n’ont plus besoin »48. L’Etat, quant à lui, est par excellence l’instrument au service de la bourgeoisie et de son impitoyable répression : « L’État n’est qu’un instrument de répression au service exclusif de la bourgeoisie. L’État, c’est des tribunaux, des prisons, des polices, des soldats »49. L’Etat, en plus d’assurer l’ordre (c’est-à-dire, dans le jargon trotskiste, de réprimer), à l’intérieur du pays dont il a la charge, assure à la bourgeoisie la bonne conduite de ses affaires extérieures, à savoir son commerce et ses profits, par la guerre s’il le faut : « Mais l’État a d’autres charges que celle de faire régner l’ordre à l’intérieur, il faut également qu’il préserve les intérêts extérieurs de la bourgeoisie. Et pour cela il se prépare à la guerre »50. Servant les intérêts de la grande bourgeoisie capitaliste, l’Etat est par conséquent aussi au service du patronat : « L’État, le gouvernement, sont au service des patrons »51. Et, quand bien même des projets politiques ou économiques constitueraient une source de désaccord entre gouvernements de différents pays, donc entre Etats, l’exploitation du prolétariat, l’oppression et la répression des faibles, des opprimés, des sans-grades, demeurent le point d’entente fondamental de ces mêmes gouvernements : « Alors que les gouvernements des divers pays s’opposent quelquefois sur le plan politique, ils sont néanmoins toujours d’accord pour exploiter en commun la classe ouvrière »52. 25

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