Pour amorcer notre recherche, nous avons réalisé un premier entretien exploratoire avec Boris Helleu, maître de conférences à l’université de Caen, animateur du jury de blogueurs de Sportnumericus, il y a animé la table ronde consacrée au stade 2.0. Ce premier entretien avait pour objectif de nous aider à cadrer le sujet et d’affiner notre problématique. Ensuite nous nous sommes entretenus avec quatre experts des médias sociaux et des nouvelles technologies.
L’entretien de recherche est une situation de communication interpersonnelle que met en place un intervieweur afin d’obtenir de la part d’une autre personne un ensemble d’informations sur un aspect du réel en lui donnant la parole. Dans le cadre de cette situation de communication spéciale, l’intervieweur se comporte de manière à laisser à son interlocuteur une grande marge d’initiative pour que ce dernier puisse s’exprimer à sa façon, en utilisant ses propres mots et en suivant le fil de ses pensées sur le thème qui lui a été désigné en début d’entretien. D’où la difficulté à concilier une grande autonomie d’expression laissée à l’interviewé et le cadrage de sa prise de parole. Dans le cadre de notre recherche, nous avons utilisé ce qu’on appelle des entretiens semi-directifs. Pour ce faire, un guide d’entretien est construit au préalable(19), il sert de canevas que l’on adapte au discours de l’enquêté pour la formulation et l’ordre des thèmes à aborder (il ne faut pas rompre la dynamique discursive, d’où l’exigence de faire preuve d’une certaine souplesse vis-à-vis du guide). L’enquêteur alterne donc attitude directive et non directive en étant à l’écoute d’une parole exprimée de manière relativement autonome. Il cherche à saisir, non seulement le point de vue propre de l’interviewé, appréhendé en tant qu’être singulier, mais aussi celui qui prévaut dans son ou ses groupes d’appartenance. Pour cette étude, nous avions pour objectif de réaliser environ 5 entretiens.
Le questionnaire est un outil méthodologique composé d’une série de questions s’enchaînant de manière structurée. Il permet la collecte méthodique d’informations dans le cadre d’une enquête, de façon directe ou par l’intermédiaire d’un enquêteur. Il vise la vérification d’hypothèses théoriques et permet d’obtenir des renseignements quantitatifs ou qualitatifs, précis et exploitables, souvent présentés sous forme de tableaux ou graphiques Elaborer un questionnaire, c’est produire des chiffres qui vont permettre selon les tenants de cette démarche de se soustraire à la subjectivité. L’approche repose sur des idéaux, idéalisme des mathématiques comme démarche purement rationnelle, raisonnant au-delà de la contingence matérielle des phénomènes. Il s’agit donc d’une démarche méthodique qui doit satisfaire à certaines exigences de rigueur. Tous les chiffres n’ont pas la même valeur ou n’ont pas la même fonction. On peut ainsi distinguer deux types de chiffres :
• Les chiffres descriptifs : il s’agit de dénombrer avec pour ambition d’être le plus précis possible. Par exemple il peut s’agir de mesurer la satisfaction avec un événement sportif. Ce sont des chiffres qui renseignent.
• Les chiffres explicatifs : il s’agit de mettre en évidence, à la fois, des faits psychologiques et/ou sociaux et des facteurs qui les déterminent.
Toute construction de questionnaire doit être précédée d’une formulation claire et précise du problème, des objectifs de l’étude, que ces objectifs soient circonscrits ou au contraire très vastes.
Notre enquête avait pour objet de mieux connaître les attentes des consommateurs d’événements sportifs au sein d’une enceinte sportive (stade/aréna) L’objectif de notre enquête était de savoir si les spectateurs français étaient dans l’attente d’un stade connecté. Notre hypothèse est que pouvoir accéder à un réseau haut débit pendant le match n’est pas la priorité des consommateurs d’événements sportifs français.
Notre population se compose de toute personne susceptible de se rendre dans une enceinte pour assister à un événement sportif. Aussi afin de diffuser notre questionnaire, nous avons utilisé la méthode dite aléatoire, c’est-à-dire en faisant en sorte que chaque élément de la population ait une chance égale d’être choisi.
Nous avons construit le questionnaire avec l’aide de Franck Caudrelier(20), puis nous l’avons testé et enfin diffusé. Pour le diffuser, nous avons volontairement fait le choix de le faire par internet (forums, Facebook, twitter…) afin de cibler prioritairement des personnes ayant un smartphone. En effet, si ce n’est pas le cas, la personne profitera difficilement des services que peut proposer un stade 2.0. Nous cherchions donc à recueillir en majorité l’avis de gens susceptibles d’être intéressés par un stade connecté. Nous avons obtenu 111 réponses à notre questionnaire(21), ce qui est suffisant pour notre étude, car nous n’effectuerons pas de croisements de données très importants, en effet nous cherchons à connaître les attentes des spectateurs de manière générale, ainsi savoir s’il y a des différences entre homme et femme par exemple, n’est pas utile pour notre étude. Si cela avait été le cas, un nombre beaucoup plus important de réponses auraient été nécessaires.
Nous voulions dans un premier temps pouvoir mieux comprendre la situation des stades 2.0 en France, c’est pourquoi nous avons fait le choix d’entretiens semi-directifs, car seuls des experts du sujet sont en mesure de nous l’expliquer. Cela nous a permis d’obtenir le point de vue de plusieurs personnes, toutes sensibles à la digitalisation du sport, à l’émergence des stades connectés, et possédant une réelle connaissance sur le sujet. Cela apporte une valeur ajoutée à notre travail, et permet ainsi d’apporter une réponse plus complète à notre problématique. Nous avons fait le choix de réaliser des entretiens semi-directifs pour plusieurs raisons : tout d’abord cette technique d’enquête permet d’obtenir le point de vue du questionné, son ressenti par rapport à notre problématique, on peut ainsi par la suite confronter les points de vue de chacun sur la question. Cette démarche serait impossible avec des questionnaires par exemple, car cela demande d’aller assez loin dans les réponses apportées. Ainsi seules des personnes expertes dans les médias sociaux sont en mesure de répondre à nos différentes interrogations. Ce nombre de personnes est donc relativement limité, c’est pourquoi l’utilisation d’entretiens s’imposait.
Concernant le nombre d’entretiens réalisés, nous avions comme objectif d’en réaliser entre trois et cinq, en effet compte tenu du temps qui nous était imparti, on ne pouvait se permettre d’en effectuer beaucoup plus, car retranscrire et analyser des entretiens demandent beaucoup de temps, il était donc nécessaire de se limiter en nombre afin de ne pas créer une surcharge de travail. Cependant un nombre minimal d’entretiens est nécessaire si l’on veut apporter une certaine crédibilité à la démarche, c’est pourquoi nous avons fixé un minimum de trois entretiens.
Ensuite nous avions pour objectif de connaître les attentes des spectateurs d’événements sportifs dans les stades, et plus particulièrement vis-à-vis des stades connectés. Ainsi était susceptible de répondre à cette question toute personne se rendant au moins quelquefois dans un stade pour assister à un événement sportif. Il n’était pas nécessaire ici d’interroger des personnes expertes des stades 2.0, au contraire. C’est pourquoi nous avons fait le choix d’utiliser l’enquête par questionnaire, car cela permet de quantifier et de comparer l’information, dans le but de confirmer ou infirmer une hypothèse.
19 Pour en prendre connaissance, se reporter à l’annexe n°1
20 Pour en prendre connaissance, se reporter à l’annexe n°7
21 Pour prendre connaissance des résultats bruts du questionnaire, se reporter à l’annexe n°8
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