(Figure 15)
La stratégie de l’Emater est de renforcer l’Amtab et de diffuser un modèle d’agriculture plus productif à travers un dispositif liant plusieurs organismes publics ainsi que l’Amtab et l’Aprusan.
L’Amtab représente une vingtaine d’agriculteurs (sur les 80 que compte le pôle ananas) impliqués dans le partenariat avec l’Emater. L’ensemble des producteurs d’ananas appartiennent à l’Aprusan qui, elle, administre les marchés de producteurs de Santarém et regroupe plus de 2000 associés, producteurs de Santarém. La vente dans ces marchés est conditionnée par l’adhésion à l’association et l’appartenance à la catégorie « agriculture familiale ».
Certains agriculteurs sont adhérents à la Cooprusan qui est chargée de commercialiser les produits de l’Aprusan. Son activité est plutôt tournée vers la production de légumes et d’ananas. La Coomaplas, autre coopérative, n’est pas liée directement au pôle ananas mais s’est installée à proximité (dans la même municipalité, sur la route qui mène de Santarém au pôle). Elle commercialise principalement des fruits et a des coopérateurs qui entretiennent des relations étroites avec certains producteurs du pôle. Un contrat, appuyé par le secrétariat de l’agriculture familiale, a été signé entre le Semed (secrétariat de l’éducation de Santarém) et les deux coopératives, pour fournir des produits aux cantines scolaires municipales.
Le nouveau STTR de Mojui dos Campos est assez impliqué dans le pôle. Un responsable du STTR est aussi producteur d’ananas et ancien président de l’Amtab. Cependant, ce syndicat dispose encore de peu de moyens et ses activités restent réduites. Le STTR de Santarém n’est plus beaucoup impliqué, mais devrait fournir un appui plus fort au STTR naissant. Les STTR ont une importance fondamentale pour suivre les conflits agraires et pour sensibiliser les agriculteurs et les décideurs sur les risques de certaines évolutions (augmentation des champs de soja, utilisation des produits chimiques, par exemple dans le cas du pôle ananas), mais aussi pour réunir les agriculteurs et appuyer les actions collectives.
L’Emater, dans sa stratégie d’action en faveur des APL a monté un arrangement institutionnel. Elle a mobilisé la Sagri, l’Embrapa, le Ministère de l’agriculture et la banque d’Amazonie pour soutenir la production d’ananas. L’Emater s’est attachée à renforcer l’Amtab de façon à avoir un interlocuteur plus représentatif et plus impliqué, entre autres, comme il a été montré plus haut, en appuyant la constitution d’un groupe de femme lié à l’Aprusan. Depuis peu, une aide est apportée à l’Aprusan, en particulier pour la mise aux normes de l’agro-industrie, mais aussi la gestion des marchés. L’Emater apporte aussi un appui aux coopératives dans l’organisation de leurs activités.
Le Sagri, de son côté, soutient l’Emater dans la définition de sa méthodologie d’action, mais aussi dans la logistique et les transports. L’Embrapa est aussi mobilisée pour fournir du matériel génétique (en partenariat avec le ministère de l’agriculture-Mapa), et apporter des conseils aux techniciens de l’Emater dans le domaine de l’identification des maladies et des moyens pour les combattre. La dernière opération a été l’installation d’une pépinière de plants de nouvelle variété.
La banque d’Amazonie est également mise à contribution dans les financements Pronaf, destinés à l’adoption de nouveaux systèmes de culture relativement innovants par rapport aux pratiques communes des producteurs de la zone. Il y a une volonté d’intégrer davantage le ministère de l’agriculture (Mapa) dans l’arrangement.
Dans cet arrangement plusieurs blocages doivent être levés:
– La faiblesse de l’Amtab en matière de représentativité et de mobilisation, qui limite l’impact de l’Emater
– La compréhension limitée par l’Emater des logiques paysannes. L’appui est encore conçu comme un transfert de technologies plus qu’un processus d’apprentissage avec un effort d’adaptation aux différentes logiques.