Une autre municipalité du territoire, Obidos, a fait une demande pour recevoir des fonds du Pronaf infrastructure via le Codeter destinée à la construction d’une agro-industrie du même type que celle d’Alenquer. Cette demande provient d’une proposition du CMDRS d’ Obidos d’appuyer la production de lait pour diversifier la production traditionnelle de farine de manioc ou l’élevage extensif. L’Emater et le Secrétariat de l’agriculture ont recensé une production laitière actuelle de la municipalité de 7000 l/j justifiant ainsi la construction d’une telle infrastructure. En 2009, l’APL lait est défini par le CMDRS.
Entre 2009 et 2010, un ensemble de mesures est pris pour appuyer l’APL et l’éventuelle agro-industrie. 34 Pronaf lait ont été accordés et le secrétariat de l’agriculture s’engage à mettre en place un plan de sécurité sanitaire qui obligerait les producteurs à pasteuriser le lait et donc à le fournir à l’industrie laitière. Aussi la préfecture s’engage à de favoriser la production en donnant la priorité aux régions productrices pour la construction des routes, la distribution de l’électricité ect…. Aussi une coopérative de producteurs existant déjà à Obidos et très liée au STTR peut assurer l’organisation de l’agro-industrie. En mars 2010, la demande pour créer l’industrie laitière est faite par le STTR en partenariat avec le Syndicat des Producteurs Ruraux et le secrétariat de l’agriculture qui en assure la contrepartie financière.
Ainsi, cette demande est issue d’une réflexion des différents acteurs de la municipalité et réunit de bonnes conditions pour bénéficier de l’appui institutionnel. Cependant, on a vu plus haut que la proximité entre les producteurs et l’industrie est vitale. Aussi, l’organisation porteuse de l’agro-industrie doit être fortes et les producteurs impliqués. Cependant, la mise en place d’une agro-industrie sans mobilisation des producteurs eux-mêmes, voulue par les seuls syndicats risque fort de ne pas fonctionner. Un effort de consolidation d’une base autour de ce projet doit être réalisé et une étude détaillée sur les conditions de réussite doit être menée.
La production de lait dans les régions de Monte Allegre, Prainha et Almeirim est également importante. Ainsi, un pôle de production englobant toutes les municipalités de la rive gauche de l’Amazone pourrait être imaginé et comporter un véritable enjeu territorial. La proposition de banque génétique doit être examinée avec sérieux. Elle est essentielle pour un bon développement de l’APL lait et pourrait profiter à l’ensemble des municipalités de la rive gauche de l’Amazone.
Un certain nombre d’agriculteurs expérimentent déjà l’insémination artificielle avec succès, mais font venir les gamètes de São Paulo !
La stratégie APL engagée au niveau du territoire Baixo Amazonas semble s’attacher à renforcer les coopérations qui existent entre les acteurs liés à un ou plusieurs pôles de production de même type (fruits par exemple), défini comme une zone de forte production par l’agriculture familiale d’un produit donné, ainsi qu’à fournir un appui coordonné des pouvoirs publics de façon à appuyer un processus de développement local.
Derrière la notion d’APL se trouve des réalités très différentes. L’APL relève d’une stratégie clair de la part des institutions publics et s’appui sur un pôle de production important et relativement structuré dans le cas de l’APL fruiticulture/ananas, il relève plus d’une tentative de diversification de la production qui ne se base pas assez sur le capital social existant dans le cas de l’APL fruiticulture d’Oriximiná, et enfin il relève d’une interventions publiques peu réfléchie et peu coordonnée qui aboutie à une situation délicate dans le cas de l’APL lait. Dans tous les cas, l’APL paraît être un bon moyen de structurer l’action des institutions publiques qui sont peu coordonnés.
La caractérisation des APL, l’identification des différentes logiques des producteurs, l’identification des goulots d’étranglement de la filière et l’analyse de la coordination qui existent entre les organisations peuvent permettre de poser les éléments pour initier un débat. Ce débat doit être stimulé par l’animation d’espaces de discussion dédié à cet effet réunissant les différents acteurs de l’APL. Ces débats doivent permettre de définir des objectifs communs, de définir les rôles de chacun, de renforcer la coopération et l’action collective en vue de trouver des solutions innovantes aux difficultés rencontrées.
Le rôle du Codeter au delà de mobiliser les ressources financière et les institutions régionales doit renforcer les espaces de dialogues qui permettent de renforcer la coopération entre les acteurs locaux.
L’étude des APL permet de confirmer la deuxième hypothèse, selon laquelle le processus d’élaboration et de mise en place de ces arrangements rencontre de nombreuses difficultés à cause du manque de débat et de stratégie collective. Ils se développent actuellement plutôt indépendamment du Codeter. En effet les APL ont été identifiés rapidement, sans analyse sérieuse du terrain. Leur caractérisation n’a pas été très approfondie. Les outils méthodologiques disponibles d’appui à ces APL n’ont été que très peu été utilisés, en dehors de Santarém où une démarche claire a été définie et des partenariats mis en place (par l’Emater). Il faut dire que, même au niveau du Codeter, ce besoin d’une méthodologie est très peu perçu.
Cependant le processus est encore très récent (2009 pour la plupart des municipalités du territoire). Aussi les travaux réalisés pendant ce stage ont été menés de façon à susciter le débat et à faire prendre conscience aux opérateurs de l’importance d’une meilleure caractérisation des APL. De même nous avons insisté sur la nécessité de la création d’espaces de dialogue qui permettent, en toute connaissance de causes, de définir les formules adéquates pour que ces APL puissent jouer pleinement leur rôle structurant dans le développement durable du territoire. Le Codeter a notamment pour mission d’apporter ces outils méthodologiques utiles à la consolidation du processus d’action collectif.