Sur le plan de l‘éducation, le système éducatif ivoirien était caractérisé par de nombreuses insuffisances d‘ordre structurel dont l‘inadéquation des compétences face aux besoins du marché, la dégradation des infrastructures, les taux élevés de rejets, la politisation, la fraude et la corruption sur fond de violence des élèves et étudiants comme mode de revendication, et les graves perturbations enregistrées depuis les années 1990.
Depuis le début du conflit, il avait été observé un fonctionnement à deux vitesses du système éducatif dans le primaire et le secondaire, avec un cycle quasi-normal, mais perturbé par les mouvements syndicaux dans la zone sud et un cycle anormal dans la zone Nord). En conséquence, le taux net de scolarisation déjà faible en 2000 (56,9% – MICS2), s‘était dégradé en 2006 (55,1% – MICS3).
Par ailleurs, à la suite de l’élection présidentielle de la fin novembre 2010, les écoles du nord de la Côte d’Ivoire avaient fermé leurs portes : les partisans d’Alassane Ouattara avaient lancé un appel à la désobéissance civile. Malgré la réouverture de ces écoles le lundi 28 mars 2011, l’impact sur les enfants, privés de classe pendant plusieurs mois, se fera ressentir.
Basée à Man, dans l’ouest du pays, Jennifer Hofmann est Spécialiste Éducation de l‘UNICEF fait le point sur la situation(128) : « au total, 1 million d’enfants n’ont pu se rendre à l’école pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Ils étaient 800 000 dans la zone centre-nord-ouest (CNO), pas directement affectée par les violences, à avoir manqué entre 4 et 6 mois d’école. L’annonce de la réouverture de ces écoles du CNO, le lundi 28 mars 2011, a été une très bonne nouvelle. L’année scolaire va repartir de zéro, mais au lieu d’être découpée en 3 trimestres, elle sera divisée en 2 semestres. En plus de ces 800 000 enfants, on estime qu’ils étaient 200 000 à ne plus aller à l’école dans le sud, à Abidjan et aux alentours, à cause des affrontements violents entre les forces pro-Ouattara et les forces pro-Gbagbo ».
Au niveau du système éducatif, l’impact de la crise se fera ressentir, immédiatement et sur le moyen terme. De plus, l’arrêt de l’école avait engendré des risques en matière de protection des enfants. Des enfants qui n‘allaient plus à l’école, c‘étaient ceux qui étaient mis à contribution par leurs familles pour aller travailler dans les champs, sur les marchés ou être porteurs, ce qui les exposait à l’exploitation, à la violence. Enfin, avec la fermeture des écoles depuis plusieurs mois, du mobilier scolaire avait été utilisé comme bois de chauffe par les communautés, certaines écoles avaient été décoiffées par les intempéries, ou réquisitionnées par les forces armées.
Dans le nord, pour les enfants qui avaient trouvé refuge dans des sites d’accueil (églises, mosquées…) à Man, Danane, Duekoue et Abidjan, les partenaires humanitaires dont l’Unicef avait distribué plusieurs dizaines de « kit scolaires », mais aussi installé des espaces d’apprentissage qui proposaient, aux plus jeunes comme aux adolescents, des programmes socio-éducatifs. Pour ce qui est des enfants déplacés dans le sud du pays, où les écoles étaient fonctionnelles, on avait intégré des élèves déplacés dans les écoles où les classes n’étaient pas pleines. Apres, on utilisait certaines de ces écoles en double vacation.
La majorité des écoles étaient ouvertes, à l’exception des villages les plus reculés qui n’avaient pas encore reçu l’information concernant la réouverture. D’après les visites de terrain effectuées par l’Unicef et ses partenaires, on estimait qu’environ 75% des enseignants étaient de retour à leurs postes. De nombreux enfants manquaient cependant à l’appel.
128 UNICEF – 18/04/11