Maintenant que nous avons analysé notre enquête sur le terrain dans ses thèmes essentiels, nous allons l’utiliser pour répondre aux hypothèses avancées au début de notre travail.
⇒ Les fondations d’entreprise qui mènent des projets culturels privilégient la communication qui va en résulter par rapport à l’intérêt général.
Tout au long de notre enquête, la communication était au cœur de notre sujet. Nous avons cherché à savoir quelles étaient les motivations des fondations d’entreprises lorsqu’elles soutenaient tel ou tel projet.
Le résultat est que les fondations ne communiquent pas beaucoup sur elles-mêmes ou sur l’entreprise fondatrice d’une façon générale. Le peu de communication est institutionnel, ou basé sur les projets de la fondation pour leur apporter une meilleure visibilité.
Les fondations interrogées semblent beaucoup plus convaincues par les projets qu’elles soutiennent que par la communication qui doit en être faite. D’ailleurs les entretiens réalisés étaient davantage concentrés sur les actions de la fondation que sur sa communication.
Nous avons réellement ressenti que la communication n’était finalement qu’accessoire par rapport aux projets, mais qu’en revanche elle devenait un outil beaucoup plus important qu’auparavant. Face à un monde de plus en plus communiquant, les fondations souhaitent sortir de l’ombre pour montrer qu’elles aussi ont de beaux projets, voir même pour montrer parfois qu’ils sont meilleurs que ceux des autres. A plusieurs reprises, nous avons eu des comparaisons entre fondations, ce qui nous indique que les fondations se regardent entre elles et souhaitent montrer qu’elles existent et qu’elles ont un engagement important.
Aux vues de notre enquête, l’hypothèse est invalidée. Les fondations d’entreprise interrogées sont généralement plus intéressées par les actions qu’elles vont mener en faveur de l’intérêt général, plutôt que par la communication qui va en résulter.
⇒ Les projets de mécénat culturel donnent une meilleure visibilité face aux autres champs d’intervention.
Dans notre travail, nous avons également cherché à savoir pourquoi les fondations avaient choisi de s’orienter dans le mécénat culturel par rapport aux autres domaines d’intervention.
Il en ressort, que ce choix est le plus souvent lié à la volonté du Président Directeur Général en charge de la création de la fondation. Ce sont souvent ses propres convictions qui l’ont poussé à s’investir dans le domaine de la culture plutôt que dans un autre.
L’autre raison invoquée est l’importance de la culture dans le domaine social, et notamment dans l’éducation et l’insertion des jeunes défavorisés. La culture serait alors un choix en rapport avec la demande et les attentes de la société en matière sociale.
Seules deux fondations abordent rapidement le fait que le choix ait pu être fait en fonction des retombées de communication.
Encore une fois, le choix du domaine de la culture ne semble pas lié à un souci de communication. Le but est avant tout de choisir un domaine qui soit vraiment utile à l’intérêt général ou qui soit dans les choix de celui qui est à l’origine du projet de la fondation. Aux vues de cette analyse, la deuxième hypothèse est invalidée.
⇒ La fondation d’entreprise est un outil de différenciation dans l’image de l’entreprise auprès de ses clients.
En ce qui concerne cette hypothèse, les résultats sont moins scientifiques dans le sens où ils sont issus d’un ressenti subjectif des personnes interrogées au sein des fondations.
La majorité des fondations d’entreprise ne pensent pas changer l’image de leur entreprise fondatrice, le plus souvent parce que les fondations communiquent peu. Ce n’est donc pas un élément créé dans le but de gagner la confiance des clients de l’entreprise. La fondation n’est donc pas utilisée dans un but commercial pour les fondations interrogées.
En revanche, au fur et à mesure des entretiens, nous avons compris que si les fondations ne cherchaient pas à diffuser une bonne image auprès des clients de l’entreprise, il en était autrement pour ses propres partenaires et les partenaires de l’entreprise. Il semblerait que finalement les projets des fondations et la communication qui va en résulter, soient dans un but plus politique. La fondation Logirem nous dit bien qu’elle souhaite avoir une meilleure image auprès des élus locaux, ce qui aidera très certainement l’entreprise Logirem dans son cœur de métier, tout comme la Fondation Total s’investit sur les terrains proches de là où est implanté l’entreprise elle-même. Elle communique donc auprès de ces populations et politiques locales, très certainement aussi dans le but de pouvoir mieux implanter l’entreprise.
La dernière hypothèse semble donc invalidée lorsque l’on parle des clients de l’entreprise mais il en est autrement pour les partenaires. Pour avoir des réponses plus précises et plus scientifiques, il serait intéressant de réaliser un autre travail complet sur la relation entre entreprise/ fondation d’entreprise/ partenaires.
⇒ Réponse à notre problématique :
Les projets culturels des fondations d’entreprise : réelles actions d’intérêt général ou simples outils de communication ?
Grâce aux éléments de notre enquête, nous sommes aujourd’hui capables de dire que les fondations d’entreprise, lorsqu’elles mènent des projets culturels, ont bien l’intérêt général comme premier objectif.
L’enquête nous a permis de nous rendre compte que la communication n’est que très secondaire dans la majorité des cas et parfois même presque inexistante. Pourtant les fondations prennent de plus en plus conscience que la communication est importante. Cela vient principalement de l’environnement dans lequel nous évoluons aujourd’hui et dans lequel la communication est primordiale.
La défiscalisation aurait pu être avancée à la place de la communication, et pourtant nous avons démontré que beaucoup de fondations sont nées avant la loi incitative, tout comme certaines ne défiscalisent pas leur dotation.
D’après notre enquête, l’intérêt général est donc bien l’objectif principal des fondations d’entreprises. C’est un résultat qui montre que la démarche de mécénat ne semble pas corrompue par d’autres intérêts plus commerciaux de l’entreprise. En revanche si l’intérêt général est bien l’objectif premier des fondations d’entreprises, nous avons tout de même soulevé une interrogation quant au rôle politique de ces fondations pour ses partenaires et ceux de l’entreprise. Cette interrogation ne nous était pas apparue dans la littérature scientifique et elle s’est révélée tout au long de notre enquête. Il serait important de déterminer si ce n’est pas dans ce rôle politique que se trouve l’intérêt des entreprises.
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