Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU avait adopté par consensus, jeudi 23 décembre 2010, à l’issue d’une session spéciale sur la Côte d‘Ivoire, une résolution dénonçant les “atrocités et les violations des droits de l’Homme commises” après les élections de novembre 2010. Dans son texte, le Conseil se déclarait « profondément préoccupée » par les « enlèvements, disparitions forcées, détentions arbitraires, exécutions sommaires, actes de violence sexuelle, interdiction des réunions pacifiques, assassinats et destructions de propriétés ».
Une résolution adoptée à l’issue de négociations marathon, marquées par des réticences des pays d’Afrique du Nord selon une source occidentale, qui se voyait finalement amputée d’un appel au respect de la « volonté du peuple ». Cette résolution avait été adoptée peu après que l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) eut accusé les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à Laurent Gbagbo de l’avoir empêchée d’enquêter sur l’existence éventuelle de charniers à Abidjan.
“Le monde entier parle depuis quelques jours de la découverte de charniers en Côte d’Ivoire”, en particulier dans le quartier de N’Dotré à Abidjan, comprenant de “60 à 80 corps qui auraient été déposés” dans une morgue de la ville, avait déclaré Simon Munzu, chef du département des droits de l’Homme de l’ONUCI.”Evidement de telles allégations sont graves et méritent d’être examinées. Nous avons tenté d’aller sur les lieux, pour vérifier ces informations, les confirmer ou les infirmer”, avait-il affirmé à des journalistes.
“Nous avons été surpris de constater que quand nous sommes allés sur place, la mission de l’ONUCI, conduite par Choi Young-Jin, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, moi-même à ses côtés, avons été stoppés a un barrage et nous n’avons pas pu continuer sur les lieux supposés du charnier”, avait dit Simon Munzu. Il avait affirmé que le barrage était tenu par des soldats des FDS et des miliciens masqués et que de nombreux civils, dont des enfants, se trouvaient à proximité, pour empêcher l’ONUCI de le forcer. Le camp d’Alassane Ouattara avait affirmé qu’un charnier de 60 à 80 corps avait été découvert à N’Dotré, 30 sur un autre site, ce qui avait été formellement démenti par le ministre de l’Intérieur du gouvernement Gbagbo, Emile Guiriéoulou.
Si l’ONUCI n’avait pu confirmer l’existence de charniers, elle avait en revanche pu vérifier que des habitants de quartiers populaires d’Abidjan avaient été victimes pendant une semaine de “harcèlement, intimidations, exécutions sommaires, arrestations”, selon Simon Munzu. L’ONU avait auparavant fait savoir, par la voix de sa Haute commissaire adjointe aux droits de l’Homme, Kyung-Wha Kang, qu’elle estimait que 173 personnes avaient été tuées et 471 arrêtées entre le 16 et le 21 décembre 2010 dans le pays. Des chiffres basés sur des informations reçues par des responsables des droits de l’Homme sur place.
La Haute commissaire adjointe s’était dite “alarmée par les violences occasionnées” par la présidentielle. “Entre le 16 et le 21 décembre 2010, les responsables des droits de l’homme (sur place) ont reçu des informations sur 173 meurtres, 90 cas de tortures et mauvais traitements, 471 arrestations, 24 cas de disparitions forcées ou involontaires”, avait affirmé Kyung-Wha Kang, devant les 47 membres du Conseil des droits de l’Homme réuni à Genève en session spéciale sur la Côte d’Ivoire où la situation ne cessait de se dégrader depuis le scrutin présidentiel du 28 novembre 2010.
“Cette situation s’est caractérisée par l’usage excessif de la force par les partisans de Laurent Gbagbo”, avait ajouté la responsable de l’ONU.”Il ne doit pas y avoir de détentions, d’enlèvements ou de disparitions forcées, de transferts de populations forcés ou autres moyens coercitifs”, avait-elle exhorté.
148 Nouvelobs.com – 23/12/10 : « Les Nations unies, qui estiment à 173 le nombre de personnes tuées, accusent les forces de Laurent Gbagbo d’avoir stoppé la mission de l’ONUCI alors qu’elle tentait de se rendre sur les lieux d’éventuels charniers ».
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