En suspendant la Côte d‘Ivoire, L‘UA avait-elle exprimé qu‘il n‘y avait, à ses yeux, pas de doute sur l‗élection d‘Alassane Ouattara. Si « cette suspension n‟a pas de grosse conséquence sur la Côte d‟Ivoire, qui n‟a pas besoin de l‟UA en tant qu‟organisation économique », elle montrait que l‘organisation continentale « exclut tout recherche d‟une solution négociée avec Laurent Gbagbo. C‟est un ultimatum clair », avait souligné Gilles Yabi.
Souvent critiquée pour son attentisme, l‘Union Africaine aurait cette fois-ci pris position très tôt contre la Côte d‘Ivoire. Un comportement révélateur d‘une certaine évolution de la diplomatie de l‘organisation panafricaine. Pour Gilles Yabi, « L‟UA est plus présente diplomatiquement depuis qu‟elle s‟est dotée d‟un conseil de sécurité et qu‟elle a affiché son intention de se saisir des dossiers de crise. Il y a maintenant une volonté de l‟UA de se prononcer très vite ». Selon lui, la fermeté de sa réaction, « un fait marquant, traduit le constat qu‟il y a eu un passage en force orchestré par le Conseil Constitutionnel ». L‘Union Africaine, comme les Nations Unies, était consciente du caractère crucial de cette élection. « Au-delà de l‟aspect démocratique des choses et du résultats des élections, l‟enjeu sécuritaire est primordial. Car ce passage en force maintient le pays dans la crise et accroît les risques de divisions ».
Le choix de Thabo Mbeki comme médiateur par l‘UA avait été « très pragmatique » pour Rinaldo Depagne. Accepté par les deux camps, « il était l‟un des seuls à pouvoir ouvrir la porte de Laurent Gbagbo. Si sa proximité avec ce dernier lui a souvent été reprochée, sa précédente mission, qualifiée d‟échec, a quand même permis de débloquer la question de l‟éligibilité de Ouattara », avait rappelle Gilles Yabi.
La France avait déclaré « encourager toutes les initiatives africaines et soutenir les organisations qui se sont saisies du dossier », citant notamment la Communauté Economique des Etats d‘Afrique de l‘Ouest (CEDEAO) et l‘Union Africaine. Une déclaration révélatrice de la stratégie adoptée par la communauté internationale pour contrer Laurent Gbagbo. Elle plaçait les institutions africaines sur le devant de la scène et faisait de la crise ivoirienne un test important pour la diplomatie du continent.
Au-delà du simple cas ivoirien, c‘est « la crédibilité des institutions africaines » qui était mise à l‘épreuve. « C‟est un vrai test pour l‟UA et la CEDEAO, mais un test compliqué. En prenant clairement position en faveur d‟Alassane Ouattara, elles ne peuvent plus revenir en arrière et soutenir Laurent Gbagbo », avait confirmé Gilles Yabi. Dans le même temps, « si Laurent Gbagbo quitte le pouvoir, ce sera une grande victoire pour ces institutions et pour la diplomatie africaine ».
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