Mais comment la diplomatie pouvait-elle réellement sortir la Côte d‘Ivoire de l‘impasse ? Pour Rinaldo Depagne, « tant que le conflit armé n‘avait pas débuté », la diplomatie pouvait encore s‘exprimer. Gilles Yabi, lui, ne voyait pas Laurent Gbagbo lâcher le pouvoir tout de suite, mais il restait persuadé qu‘ un isolement pourrait entraîner des divisions au sein du camp présidentiel et ainsi le contraindre à laisser la place à Alassane Ouattara. La solution d‘un partage du pouvoir, à laquelle Laurent Gbagbo se déclarait ouvert, serait selon lui difficile à mettre en place. « La déclaration de son ministre des affaires étrangères n‟est pas surprenante mais comment la mettre en pratique. Lui président et Ouattara premier ministre ? Alassane Dramane Ouattara n‟acceptera jamais. Il est maintenant trop soutenu », avait-il affirme.
La prochaine étape de cette montée en puissance que caractérisait la décision de l‘UA, était, pour l‗analyste, indépendant à la prise de sanctions. Elles pourraient avoir deux volets, individuel et économique. « L‟UA peut décider de prendre des sanctions individuelles contre des responsables ivoiriens, comme elle l‟a déjà fait avec la Guinée notamment. L‟UE et le conseil de sécurité de l‟ONU pourront alors suivre cette voie ». Au niveau économique, Gilles Yabi restait convaincu que la Côte d‘Ivoire pouvait survivre quelque temps sans financements extérieurs grâce à ses ressources naturelles, et que par conséquent « la CEDEAO et l‟UA ne peuvent pas prendre beaucoup de sanctions économiques fortes ». Pour lui, c‘était la maitrise « de la signature de l‟Etat ivoirien auprès des organisations financières qui peut devenir un problème majeur pour Laurent Gbagbo. S‟il perd ça, il perd beaucoup ».
Malgré la menace de sanctions lancée par les Etats Unis, Rinaldo Depagne pensait « qu‟elles viendraient plus tard ». D‘abord parce que des sanctions économiques seraient à « double tranchant », ensuite, parce l‗espoir « de faire partir Laurent Gbagbo sans sanction est encore présent » au sein de la diplomatie internationale. « Si l‟Union Africaine a seulement suspendue la Côte d‟Ivoire, c‟est qu‟elle lui donne le temps de réfléchir, et la possibilité de se retirer », avait conclu Gilles Yabi.