Nous avons tenté au travers de cette étude de répondre à la problématique de recherche suivante : quel rapport ont les consommateurs d’événements sportifs français avec les stades 2.0 ? Notre hypothèse était que certes nous avons affaire à une véritable digitalisation de la consommation du sport, mais que pour l’heure disposer d’un stade connecté n’est pas pour les spectateurs sportifs français une priorité.
Nous avons donc dans une première partie, commencé par expliquer la digitalisation de la consommation du sport en France. En effet, la consommation de contenus sportifs via les réseaux mobiles n’a de cesse d’augmenter avec 23% des fans qui utilise ce support. Internet est d’ailleurs devenu le deuxième mode de consommation du sport après la télévision. Il y a donc au travers des stades connectés de nombreux enjeux qui sont les suivants :
1. Ramener le fan dans les stades
2. Générer des revenus supplémentaires
3. Appliquer au monde du sport les évolutions technologiques récentes
4. Satisfaire l’exigence croissante en matière d’expérience de consommation enrichie
Au travers de quelques exemples anglo-saxons, nous avons pu montrer un petit aperçu de ce qu’il était possible de faire au sein d’un stade 2.0.
Dans la seconde partie, la réalisation de cinq entretiens semi-directifs nous a permis de recueillir l’avis d’experts des stades connectés sur différentes thématiques : le retard de la France en termes de stade 2.0 par rapport aux Anglos saxons, l’avenir en France et les attentes des spectateurs. Le retard français peut s’expliquer par trois facteurs. Tout d’abord parce qu’en France nous sommes en retard dans le marketing classique et expérientiel, et donc de fait en retard dans le marketing digital. Ensuite à cause de la conjoncture économique actuelle, un stade connecté coûte très cher (plusieurs millions d’euros) et le retour sur investissement est difficile à calculer, les entreprises sont donc plus réticentes à investir dans ce secteur. Enfin pour des raisons culturelles, car les modes de consommation en France ne sont pas les mêmes que dans les pays Anglo-Saxons. Concernant l’avenir des enceintes connectées en France, les différents experts s’accordent à dire qu’il faut attendre une période d’environ cinq ans avant d’en voir apparaître, cela devrait se faire de façon progressive (en équipant une seule tribune pour commencer par exemple), et peut être que le programme OL Land ou alors le Parc de Princes des Qataris seront les fers de lance de l’émergence des stades 2.0 en France. Il est également possible que la LFP finance ou impose un réseau WiFi dans les stades de L1, comme l’a fait la NFL aux États-Unis. Enfin par rapport aux attentes des spectateurs, ces derniers attendent – selon les experts – plus d’interactivité durant un match. Le consommateur français est certes différent du spectateur anglo-saxon, mais il y a peut-être des choses à faire avant le match, à la mi-temps et après le match. En tout cas selon Franck Caudrelier cela sera le gros défi des stades dans le futur pour reconquérir des spectateurs.
Ensuite, nous avons complété cette recherche qualitative par une démarche quantitative avec la réalisation de questionnaires. L’objectif était de comprendre les attentes des spectateurs français en termes de connectivité dans une enceinte sportive. Il en est ressorti qu’une expérience de match trop limitée n’est pas la raison qui entraîne les Français à ne pas se rendre au stade. Les raisons étant principalement le prix des places trop élevé, l’éloignement géographique et le manque de temps. Concernant les améliorations les plus importantes à effectuer selon eux, c’est un meilleur confort qui ressort le plus souvent, juste devant la possibilité de pouvoir accéder à un réseau haut débit. Comme nous l’avons déjà expliqué, les personnes interrogées sont pour une grande majorité sensible aux nouvelles technologies, en effet, 82% possèdent un smartphone et utilisent les réseaux sociaux dessus, ce chiffre ne représente pas la population globale d’un stade, car il y a en France 7,5 millions de personnes qui utilisent les réseaux sociaux sur leur mobile, soit 11% de la population française totale (65,8 millions selon l’INSEE). Malgré le fait que les personnes interrogées soient pour beaucoup sensibles au digital, l’amélioration du confort reste pour eux la priorité, la connectivité dans l’enceinte venant seulement après. De plus les résultats ont révélé qu’un stade connecté n’attirerait pas plus souvent les spectateurs. En revanche il convient de noter que si le stade disposait d’un réseau WiFi, les spectateurs répondraient présents et utiliseraient pour beaucoup les services proposés.
Pour résumé, nous conseillerions aux infrastructures qui souhaiteraient investir dans un réseau WiFi de commencer par mieux connaître leur spectateur. Il est en effet nécessaire d’interroger directement les futurs utilisateurs des services d’un stade connecté. L’enceinte pourra ainsi identifier plus clairement leurs attentes et besoins en termes de connectivité. Peut-être que l’enquête révélera qu’une certaine tribune est plus dans la demande qu’une autre, le stade pourrait ainsi commencer par connecter cette première tribune afin de tester le dispositif, avant de l’étendre à l’ensemble du stade.
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