L’évolution des teneurs en nitrate présente également une cyclicité marquée due à la variabilité saisonnière des conditions thermiques et pluviométriques. Sur chaque station, on retrouve un pic annuel de nitrate entre les mois de novembre et février dû au lessivage par les pluies automnales et hivernales des sols peu couverts ou surfertilisés. Ces conditions favorisent également le processus de nitrification dont les produits sont le nitrite, puis le nitrate. A l’inverse, les teneurs baissent entre juillet et septembre, période sèche peu favorable au transfert du nitrate vers le cours d’eau. Un deuxième grand pic apparait régulièrement sur la période mars-avril et pourrait être lié aux apports printaniers d’azote réalisés par les exploitants et non-entièrement valorisés par les cultures.
1. Evolution des teneurs en nitrate sur la Seille
Graphique
Figure N°29 : Evolution de la teneur en nitrate dans le bassin versant de la Seille
Interprétation
Les teneurs en nitrate dans la Seille sont élevées sans pour autant atteindre la norme de potabilité de 50 mg/L. Les fluctuations sont importantes. La valeur minimale constatée est de 9,6 mg/L à Mulcey en 2000 et la valeur maximale de 39,87 mg/L à Metz en 1992. On constate que les teneurs en nitrate augmentent de l’amont vers l’aval. Ce phénomène est notamment dû à la réduction du pouvoir épurateur au cours du tracé. Il convient également de prendre en compte le fort taux de drainage du bassin versant pour expliquer des valeurs si élevées. Sur l’ensemble des stations, quatre phases se distinguent : – De 1992 à 1999 : les teneurs en nitrate sont fortes et fluctuent de manière importante. Deux ensembles de courbes sont visibles : la station Mulcey, isolée par ses valeurs plus faibles, et les stations Metz et Nomeny dont les valeurs se recoupent. Cette période correspond à la mise en place des premières mesures ACNAT et MAE. Une première stabilisation des valeurs apparait dès 1996. – En 1999 et 2000, les courbes des différentes stations se rejoignent à la baisse. Cet épisode semble imputable à la sécheresse et au déficit pluviométrique de l’année 2000 qui ont réduit le lessivage des reliquats d’azote et donc la présence de nitrate dans les eaux de la Seille. – De 2001 à 2004, les tendances sont à la hausse sur toutes les stations malgré une baisse ponctuelle en 2003 imputable aux conditions de température extrêmes de cette année. L’impact des CTE et des CAD durant cette période ne semble pas source de résultats significatifs. – Depuis 2005 et la mise en oeuvre du dispositif Agri-mieux Aquae Seille, les teneurs en nitrate sont en baisse. Seule l’année 2008 montre un rebond lié à la pluviométrie élevée. Les dispositifs Aquae-Seille et MAEt semblent avoir influencé l’évolution de la teneur en nitrate sur cette période. De manière générale, les droites de tendance confirment que les dispositifs agri-environnementaux, notamment le programme Agri-Mieux Aquae Seille et les MAEt, ont une influence relativement significative et positive sur les teneurs en nitrate de certaines stations. Le nitrate étant un composé stable, il est probable que les actions menées pour la gestion de l’azote en amont se répercutent favorablement sur les secteurs aval. Comment réagissent les différents secteurs aux mesures mises en oeuvre ?
2. Evolution des teneurs en nitrate par zone
Les graphiques par secteur en plus grand format sont disponibles en annexe.
Le secteur amont : Mulcey et Haboudange
Figure N°30 : Evolution de la teneur en nitrate dans le secteur amont
La Station Mulcey est fortement soumise à la pression agricole mais présente des teneurs en nitrate jusqu’à deux fois plus faibles que dans les autres secteurs. La dégradation des grandes quantités d’ammonium mesurées dans ce secteur n’a probablement pas lieu ici mais plus en aval. Hadoudange possède des teneurs supérieures pour une pression agricole équivalente qui peuvent être dues à l’effet de concentration du nitrate dans la petite Seille dont le pouvoir épurateur est moindre. L’évolution des teneurs maximales met en évidence les quatre phases caractéristiques. Une première stabilisation des valeurs maximales de 1999 à 2001 peut être imputable au développement des mesures ACNAT, des MAE puis des CTE. Depuis 2008, les teneurs maximales diminuent de manière régulière sur les deux stations, en accord avec les objectifs du programme Aquae-Seille et des MAEt. Dans ce secteur à forte pression agricole, il semblerait que les dispositifs agri-environnementaux aient un impact relativement significatif sur les teneurs en nitrate. Il convient de vérifier que les efforts fournis en amont pour une meilleure gestion de la fertilisation azotée portent leurs fruits en aval, lieu de dégradation de l’ammonium en nitrate.
La petite Seille : Salonnes et Haboudange
Figure N°31 : Evolution de la teneur en nitrate sur la petite Seille
La petite Seille présente des teneurs deux fois supérieures à celles observées à Mulcey bien que la pression agricole soit équivalente. La station Salonnes, située en aval, ne possède étrangement pas des teneurs supérieures à la station Haboudange en amont. La fréquence des fluctuations discrétise les quatre phases caractéristiques, qui restent perceptibles par l’évolution des valeurs extrêmes. Les teneurs maximales sont en baisse depuis 2008. Dans ce secteur à forte pression agricole, il semblerait que les dispositifs agri-environnementaux aient un impact relativement significatif sur les teneurs en nitrate.
Le secteur médian : Nomeny et Chambrey
Figure N°32 : Evolution de la teneur en nitrate dans le secteur médian
Le secteur médian subit une pression agricole plus faible que le secteur amont. Les teneurs en nitrate y sont cependant plus élevées qu’à Mulcey, ce qui semble confirmer que c’est en aval que l’ammonium produit en secteur amont se dégrade. Les phases caractéristiques sont pratiquement absentes. Le secteur médian semble subir l’influence de la pression agricole du secteur amont et constitue étrangement le seul secteur sur lequel les dispositifs agrienvironnementaux n’ont pas d’impact significatif.
Le secteur aval : Metz et Cheminot
Figure N°33 : Evolution de la teneur en nitrate dans le secteur aval
Les deux stations du secteur aval appartiennent à des paysages différents mais présentent des tracés identiques depuis 2007. Le nitrate mesuré à Cheminot se retrouve à Metz, sans qu’il n’y ait eu ni dégradation ni production supplémentaire. Ce secteur possède donc un pouvoir auto épurateur plus faible qu’en amont. Les teneurs observées à Metz depuis 2007 proviennent de l’activité agricole puisque les nitrates proviennent de l’amont et ne sont pas produits sur place. Avant 2007 en revanche, il est possible qu’une part du nitrate ait une origine industrielle ou urbaine, plus particulièrement dans la période 1992 -1999. Les phases caractéristiques sont bien présentes, autant par la réduction des teneurs maximales que par la réduction des teneurs moyennes. Le nitrate moyen est en baisse depuis 2008 et les dispositifs agri-environnementaux semblent avoir une influence relativement significative sur les teneurs observées, notamment par la gestion améliorée de la pollution azotée en secteur amont.
La zone Natura 2000 : Mulcey et Salonnes
Figure N°34 : Evolution de la teneur en nitrate dans la zone Natura 2000
Comme pour l’ammonium, les deux tracés sont relativement indépendants, Salonnes étant dominée par le nitrate provenant du secteur amont de la petite Seille et non de la Seille. Les phases caractéristiques sont marquées sur le profil de Mulcey, notamment par la réduction des teneurs maximales. On y retrouve l’influence supposée des mesures ACNAT et MAE dans un premier temps, des contrats CTE dans un second temps et des dispositifs Aquae-Seille et MAEt depuis 2005 et 2007. L’influence des dispositifs agri-environnementaux dans le périmètre Natura 2000 semble relativement significative.
De manière générale, les courbes de l’évolution des teneurs en ammonium et en nitrate présentent des fluctuations inter et intra-annuelles importantes attribuables aux variations des conditions de température et de pluviométrie. La mise en relation des teneurs en nitrate et des relevés pluviométriques serait intéressante pour le confirmer. De même, les valeurs extrêmes sont liées à des évènements climatiques marquants, et non à des pollutions azotées ponctuelles. D’autre part, la majeure partie du bassin versant de la Seille connait une baisse légère mais confirmée de ses teneurs en nitrate qui avoisinent tout de même 22 mg/L en moyenne. En ce sens, cette étude tend à démontrer que les contrats agri-environnementaux et les nombreuses mesures territoriales de réduction de la pollution azotée – mises en oeuvre sur le bassin versant depuis plus de 20 ans par les politiques publiques – ont des effets relativement significatifs mais encore insuffisants.