Les caractéristiques générales des enquêtées concernent les aspects suivants : l’âge, le statut matrimonial, le niveau d’étude, l’activité principale, l’activité secondaire, la taille du ménage et le revenu des ménages.
4.1.1. Age
Les tranches d’âges des enquêtées sont consignées dans le tableau 7 ci-dessous.
Tableau 7 : Répartition des enquêtées selon l’âge
De ce tableau 7, il ressort que la population d’étude est à majorité adulte ; soit 66,20% de femmes sont âgées de plus de 35 ans. Seulement 16% des enquêtées sont dans la tranche d’âge de 15 à 25 ans très loin de la proportion nationale de cet intervalle d’âge qui est de 64,2% (République du Cameroun, 2010).Or, cette proportion peut être considérée comme très importante pour le milieu rural qui a besoin de main d’œuvre jeune et dynamique pour un développement agro-pastorale durable, mais vient aussi expliquer le phénomène d’exode rural des jeunes filles.
4.1.2. Statut matrimonial
En milieu rural le statut matrimonial est un aspect sociologique qui peut jouer un rôle important dans l’accès au financement, le tableau 8 présente les différents statuts des enquêtées.
Tableau 8 : Répartition des enquêtées selon le statut matrimonial
Il ressort du tableau 8 que les femmes sont en majorité mariées soit 68%, quel que soit le groupe considéré ; les chiffres seraient plus élevés si l’on considère le fait que les veuves et les divorcées sont des femmes qui ont eu des conjoints. Par ailleurs, Goetz et Gupta (1996) dans leurs travaux ont cherché le lien entre le statut matrimonial et le degré de contrôle des crédits, il ressort de cette étude que la plupart des femmes qui contrôlent pleinement leur crédit sont les femmes qui subissent une influence masculine moindre, à savoir les veuves, les femmes divorcées et celles séparées de leurs maris. Ce qui traduit que le pourcentage important (32%) de femmes « libres » de l’étude peut être considéré comme un atout pour l’ « enpowerment » de la femme à la lumière de ces derniers auteurs.
4.1.3. Niveaux d’étude des enquêtées
Comme on le dit souvent, « donner la connaissance au pauvre, c’est lui donner le pouvoir ». C’est ainsi que ces connaissances pourront renforcer le pouvoir de décision des femmes. Les différents niveaux d’étude des enquêtées sont consignés en proportion dans la figure 4.
Figure 4 : Répartition des enquêtées selon leur niveau d’étude
Il ressort de la figure 4 que 76,40% des enquêtées (membres et non membres) ont au moins fait des études primaires. Ce niveau élevé d’alphabétisme constitue un atout pour ces « femmes » qui peuvent jouer le rôle de leaders ou de responsables de groupes et même de constituer de véritables intermédiaires entre le monde rural et les partenaires extérieurs (Fongang, 2008). Par ailleurs, 18,40% de membres n’ont jamais été à l’école, ce qui les met en marge de tout processus de développement. Or, l’éducation générale et l’alphabétisation des femmes sont des éléments importants si celles-ci n’ont pas atteint leur plein potentiel et ne sont pas émancipées. L’analphabétisme crée une situation de dépendance auprès des autres qui peut limiter un individu dans son pouvoir d’action potentiel (Cheston et Kuhn, 2006).
Mais relevons également que sur les trois cent quatre-vingt-deux enquêtées alphabètes, seulement 3,20% ont eu à faire des études supérieures dont 12,50 % sont membres des CVECA et CECA, ceci traduit plus ou moins le mal qu’a les EMF en milieu rural à comprendre les exigences de la COBAC du 15 Avril 2002.
4.1.4. Activités principales
L’activité principale pratiquée est souvent une preuve de revenus ou non et peut déterminer la capacité d’un individu à épargner ou à contracter un crédit. Le tableau 9 présente la répartition des enquêtées selon l’activité principale.
Tableau 9 : Répartition des enquêtées par activité principale
Le tableau 9 place l’agriculture au premier rang des activités principales qui occupent les femmes en milieu rural soit 70,40% des enquêtées pratique de l’agriculture, ce qui rejoint les données de la FAO(2004) et d’Atieno(1994). Cette agriculture est dite familiale ou encore de subsistance et le reste des produits est destiné au petit commerce. Parlant de commerce, Daniels et al(1995) pensent que cette domination de l’activité agricole est le reflet du commerce en aval, commerce qui occupe 14,40% des enquêtées, ici elles (commerçantes) servent de grossistes aux revendeuses des marchés des grandes agglomérations. Les femmes qui ne font pratiquement rien représentent 3,60%, mais parmi celles-ci nombreuses sont les femmes du troisième âge qui, dépourvues de toute force de travail reste clouées à leur lit ou à décortiquer les arachides.
4.1.5. Activités secondaires
La majorité des femmes rurales mènent des activités secondaires pour parfois disentelles joindre les deux bouts ; ces activités sont présentées dans le tableau 10.
Tableau 10 : Répartition des enquêtées par activité secondaire
Il ressort du tableau 10 que 56,80% des femmes ont pour activité secondaire le commerce ce qui s’explique par le fait que l’agriculture pratiquée est de subsistance et le reste est destiné au commerce comme mentionné plus haut. L’agriculture est l’activité qui occupe 55% de la population active au Cameroun (FAO, 2004), ce qui justifie clairement l’adoption de cette activité par 28,60% des enquêtées comme occupation secondaire.
Approximativement 2,50% des enquêtées sont ménagères mais seulement 3 sur 12 femmes de cette catégorie sont membres d’une CVECA ce qui pourrait se comprendre par le fait que la caisse apporte certainement à ses membres des appuis pour diversifier leurs activités économiques autre que le ménage.
4.1.6. Taille du ménage
La taille des ménages peut aussi paraitre comme une caractéristique socio-économique importante dans cette étude, c’est ainsi que le tableau 11 présente la répartition des enquêtées selon la taille des ménages.
Tableau 11 : Répartition des enquêtées selon la taille des ménages
Comme le montre le tableau 11, la taille des ménages des enquêtées est grande quelque soit le groupe considéré ; c’est ainsi que 55,20% des ménages ont plus de 8 personnes. Locoh (1994) explique cette grandeur de la taille des ménages par deux phénomènes : l’âge d’entrée en union et la précocité des rapports sexuelles. L’auteur continue en disant que 36% de femmes au Cameroun entre en union entre 15 et 19 ans. Le tableau 11 ressort également que 39,80 % des femmes résident dans des ménages de 4 à 8 personnes ce qui est le résultat des programmes de planning familial en milieu rural soutenus par l’Etat selon Locoh et Makdessi (1996). Mais, cette tendance haussière des personnes vivant dans un ménage peut être attribuée au type de famille existant en Afrique qui ne se limite pas seulement aux parents et aux enfants mais donne aussi une place aux cousins, cousines, grands-parents…etc. Notons par ailleurs, que les femmes ayant plus de 8 personnes dans leur ménage sont beaucoup plus des membres des EMF soit 58,80% contre 51,60% pour les non membres, cette forte représentativité des membres peut être attribuée au fait que les ménages ayant plus de « bouches à nourrir » sont obligés à trouver des sources de prêts d’argent sûres, disponibles et continues pour l’alimentation des membres de la famille.
4.1.7. Revenus annuels
Le revenu d’un ménage peut être un déterminant important du niveau d’épargne et de la capacité à contracter et à rembourser les crédits. C’est ainsi que le tableau 12 présente les revenus annuels des ménages enquêtés afin de mieux cerner les écarts entre les membres et les non membres des CVECA. Il en découle donc que 3,20% de membres ont un revenu supérieur ou égal à 500 000 Fcfa contre 0,80% chez les non membres ; les femmes, membres trouvent généralement leurs fonds de commerce ou de relance de leurs Activités Génératrices de Revenus(AGR) auprès de leurs différentes institutions financières qui leurs procurent des montants plus ou moins conformes à leurs business plan, leur permettant ainsi d’engranger beaucoup de bénéfices conduisant à une augmentation de leurs revenus annuels. Gentil et Doligez (1997) vont jusqu’à dire que les IMF augmentent les fonds de roulement de leurs membres dans une fourchette de 50 à 150%. Or, les non membres contractent auprès des sources informelles des petits montants leur permettant seulement de faire le petit commerce (vente de vin de palme, de pétrole, de gibier…etc) ce qui, le plus souvent ne rapporte pas et ne permet pas d’augmenter leurs revenus.
Tableau 12 : Répartition des enquêtées selon les intervalles de revenus annuels
Les données recueillies permettent aussi de situer le revenu annuel moyen d’un membre à 210 608 Fcfa contre 70 840 Fcfa pour les non membres soit une différence de 139 768 Fcfa.
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