L’élaboration du Plan de développement du territoire (PTDRS) est prévue depuis plus d’un an, mais des difficultés concernant les modalités de son financement ont retardé l’engagement de ce travail. Ces problèmes semblent être aujourd’hui réglés et le projet devrait être lancé au début de l’année 2011. L’Ipam (Institut de Recherche Environnementale d’Amazonie) qui reste membre du noyau technique du Codeter (malgré l’interruption de son activité au sein de ce collège dans la dernière période) et qui bénéficie d’une bonne expertise en matière d’aménagement et de développement, est chargé de la rédaction de ce Plan.
Il doit être progressivement construit lors de réunions organisées dans les municipalités, en présence des conseils municipaux. Ces réunions regrouperont les représentants de la société civile et des institutions publiques, ainsi que les acteurs locaux du développement rural. Elles doivent permettre en outre de construire ou compléter les plans de chaque municipalité (PMDRS). Ces plans doivent être discutés au sein des plénières du Codeter. Ils seront regroupés et mis en cohérence au sein du PTDRS, dans une dimension plus territoriale.
Ce travail collectif devrait produire des éléments d’analyse du territoire à partir desquels serait construit le Plan de développement.
Avec la définition des APL arrêtée dans chaque municipalité, le processus est déjà lancé. L’occasion de l’élaboration du Plan devrait être saisie pour consolider le Codeter et lui donner toute sa dimension institutionnelle. Le moment sera propice pour que cristallisent dans un projet commun toutes les dynamiques locales relevée sur le terrain et dont le présent mémoire a rendu compte. Ce plan est destiné à constituer un instrument auxiliaire de gestion sociale qui permettra aux acteurs locaux et à l’État de préciser avec l’ensemble des instances concernées la faisabilité politique et technique des actions projetées (MDA/SDT 2005).
Le territoire Baixo Amazonas est un territoire immense. Il doit disposer de relais locaux aptes à lui transmettre les besoins du terrain, dans le respect du principe de subsidiarité. C’est dans ce but que les CMDRS ont été dernièrement réactivés avec le soutien de l’État du Pará qui voit également ces conseils comme les relais adéquats pour mettre en oeuvre ses programmes. Ainsi nous l’avons vu, les demandes élaborées au niveau de ces conseils municipaux auront plus de poids politique. Cela est désormais bien perçu par les responsables et les projets devront, dans le futur, obligatoirement transiter par les conseils municipaux pour bénéficier des financements de l’Union ou de l’État.
C’est ainsi et déjà au niveau des municipalités qu’ont été définies les priorités d’action destinées à conforter les dynamiques de développement local que constituent des APL. Ces arrangements peuvent naturellement servir de cadre à l’action des organisations professionnelles. Ils permettent de se projeter dans l’avenir en structurant l’action de la municipalité autour d’activités économiques phares (figure 25). Ces axes de développement doivent être réaffirmés à l’occasion de l’élaboration du Plan, notamment par un travail plus approfondi de caractérisation des APL. En effet il a été montré dans le présent rapport la représentation très imparfaite que se font les acteurs locaux des APL.
Ce rapport contribue à clarifier le concept d’APL, montre l’importance de leur identification précise et fournit une méthodologie pour leur caractérisation. L’étude réalisée à cette occasion de trois APL peut servir de base aux réflexions à venir des acteurs engagés dans le processus d’élaboration du Plan, et plus tard dans sa mise en oeuvre. Dans le cas souhaitable ou ce travail pourrait être poursuivi, il passerait par l’organisation de séminaires plus techniques que ce qui a été fait jusqu’à présent. C’est à cette occasion que seraient approfondies la méthodologie et la mise en oeuvre des APL.
Le Plan doit résolument adopter une vision plus large du territoire en intégrant toutes les actions nécessaires à un développement réellement durable. Ainsi les projets de développement locaux doivent intégrer aussi les besoins de l’éducation, de la santé, en infrastructures…, et les mettre en cohérence avec les APL.
Le Plan doit être innovant et proposer aussi des solutions alternatives, adaptées au territoire. Il doit être intégrateur et prendre en compte une diversité de préoccupation comme par exemple, l’importance des maisons familiales rurales, des radios communautaires, des projets alternatifs tels que l’appui à la production de miel, l’agroforesterie, l’agroécologie…,tout cela devant concourir à dessiner un territoire valorisant pleinement ses ressources locales. C’est l’esprit qui avait présidé à l’élaboration du projet Tucumà et qui avait fait qu’il avait été si bien accueilli. Il avait été initié par les organisations de la société civile, mais n’avait malheureusement pu aboutir à cause de dissensions entre quelques personnalités locales. Il faudra être attentif à éviter ce type de difficulté lors de la mise en oeuvre du nouveau projet.
D’une façon générale, les esprits sont plus mûrs aujourd’hui, les méthodes et outils plus affûtés, les besoins plus évidents et les bénéfices à attendre d’une pareille démarche, plus crédibles. Les chances de succès se présentent donc sous de meilleurs auspices si l’accompagnement méthodologique vient appuyer une volonté politique générale qui semble aujourd’hui acquise.
Figure 25: Une organisation du Codeter à partir des APL (source : auteur)
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