Le président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, semblait asseoir son pouvoir, même si la Commission électorale indépendante avait désigné son adversaire à la tête du pays. Devant l’impasse, Guillaume Soro, le premier ministre désigné par le président élu Alassane Ouattara, avait donc tenté de s’allier à l’armée (Forces de défense et de sécurité ou FDS). Les chefs militaires avaient pourtant affiché un soutien sans équivoque à Laurent Gbagbo. Rappelons que l’armée contrôlait la partie sud du pays depuis qu’une rébellion avait pris le nord, à l’issue du coup d’État manqué de 2002.
Dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion du Cabinet, le gouvernement Soro avait demandé « aux Forces de défense et de sécurité […] d’assurer leur mission républicaine auprès du président Alassane Ouattara, chef suprême des armées. Le gouvernement rappelle que leur responsabilité est grande dans la résolution pacifique de cette crise postélectorale et sait pouvoir compter sur leur sens du devoir républicain », avait-il ajoute. Dénonçant un « coup d’État institutionnel », le gouvernement Soro avait aussi exhorté « tous les fonctionnaires et agents de l’État » à cesser « immédiatement toute collaboration avec le gouvernement illégitime de Laurent Gbagbo et à attendre [ses] instructions ».
Soutenu par la communauté internationale, le président Ouattara était retranché dans un grand hôtel sous la protection des casques bleus de l‘ONU. Ses propres décrets dans l’administration, spécialement pour mettre la main sur les vitales finances publiques, étaient pour l’instant sans effet perceptible. Pendant ce temps, solidement installé au palais présidentiel, Laurent Gbagbo et son entourage gardaient le contrôle des bâtiments officiels avec le soutien de l’armée ivoirienne. Plus tôt, il avait même présidé le premier conseil des ministres de son nouveau gouvernement.
L‘avertissement des États-Unis : Les États-Unis avaient de leur côté brandi la menace de représailles, tout en offrant une porte de sortie à Laurent Gbagbo. Dans une lettre officielle qui lui avait été adressée, le président Barack Obama « dit clairement que s’il fait le mauvais choix, […] nous envisagerons d’éventuelles sanctions », avait déclaré le porte-parole du département d’État, Philip Crowley.
Le président Obama avait également averti qu’il soutiendrait les efforts visant à l’isoler. « En revanche, il sera le premier dirigeant mondial à le féliciter s’il s’efface du pouvoir et il l’invitera à la Maison-Blanche pour discuter des moyens de faire avancer la démocratie dans la région, en réfléchissant au rôle qu’il pourrait jouer », avait ajouté un porte-parole de la Maison-Blanche cité par Reuters.
Rappelons que la Commission électorale indépendante (CEI) avait déjà annoncé la victoire d’Alassane Ouattara à l’issue du deuxième tour de l’élection présidentielle. L’Union africaine, l’Organisation régionale ouest-africaine (CEDEA), les États-Unis, l’Union européenne et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avaient rapidement affiché leur soutien au vainqueur désigné.
193 Radio Canada – 10/12/10 : « L’Union africaine met au ban la Côte d’Ivoire, les États-Unis allient main tendue et menace de représailles, le camp d’Alassane Ouattara se tourne vers l’armée pour avoir son soutien, rien n’y fait ».
Page suivante : 4.2.9 La position des Ambassadeurs et les chefs religieux(194) :