Dans ce contexte intérieur très tendu, l’Afrique de l’Ouest avait cependant privilégié la négociation, même si elle se préparait à une éventuelle opération militaire pour chasser Gbagbo. « Nous discutons toujours », avait déclaré le chef de l’Etat nigérian Goodluck Jonathan, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO, 15 pays). Mandatés par l’organisation régionale, les présidents béninois Boni Yayi, sierra-léonais Ernest Koroma et capverdien Pedro Pires étaient venus voir Gbagbo à Abidjan pour lui adresser un ultimatum: céder le pouvoir ou prendre le risque d’une intervention armée ouest-africaine. Les émissaires « y retournent le 3 janvier 2011 », avait annoncé Jonathan devant la presse, après un entretien avec Koroma et Pires dans la capitale fédérale nigériane Abuja.
Les chefs d’Etat africains tentaient de calmer le jeu. Une intervention militaire « semble, heureusement, écartée pour le moment », avait ainsi déclaré Jorge Borges, secrétaire d’Etat capverdien aux Affaires étrangères. L’usage de la force restait toutefois possible puisque les chefs d’état-major des pays de la région s‘étaient réunis à Abuja pour évoquer le dossier ivoirien. Selon un haut responsable militaire, la réunion était notamment consacrée à « la question de la logistique ». « La CEDEAO souhaite envoyer une force de 2000 à 3000 hommes », avait indiqué une source diplomatique, tout en s’interrogeant sur sa capacité à y arriver.
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