Le chef d’état-major des armées ivoiriennes, le général quatre étoiles Philippe Mangou, était souvent comparé à une colombe. Mais il s’était mué en faucon en radicalisant son discours au cours des dernières semaines. Il n’hésitait plus à mettre en garde sévèrement les casques bleus des Nations unies et les forces
de Licorne, l’opération de l’armée française en Côte d’Ivoire. « Son activisme a des limites, même s’il doit son ascension fulgurante à Laurent Gbagbo », avait confié l’un de ses proches. « Il n’affrontera jamais les troupes occidentales ».
Mangou était surveillé de près par les sécurocrates de Gbagbo, ses nouvelles positions extrémistes correspondraient donc plutôt à une stratégie de survie qu’à des convictions personnelles.
Bon vivant, riche propriétaire foncier et immobilier, il n’entreprendrait rien qui compromettrait la pérennité de ses biens. De toute façon, Gbagbo n’avait jamais placé une confiance aveugle dans son chef d’état-major. S’il avait maintenu à la tête des troupes ce militaire doté d’un réel charisme, il avait créé plusieurs unités d’élites composées de ses partisans les plus fidèles.